Patron du Groupe ORECA, Hugues de Chaunac voue une passion indéfectible aux 24 Heures du Mans. Demander à Hugues de Chaunac de nous raconter cinq de ses souvenirs aux 24 Heures du Mans n’est pas un exercice tant ils sont nombreux. Pourtant, il n’a pas fallu se faire prier pour en sortir cinq.
A la découverte du Mans avec Renault…
“Le premier souvenir avec Le Mans est forcément très fort. Quatre semaines avant les 24 Heures du Mans 1977, Gérard Larrousse m’appelle pour me demander de faire rouler une Renault-Alpine aux couleurs Bendix pour Didier Pironi, Guy Fréquelin et René Arnoux. En quatre semaines, il a fallu monter une équipe avec mes mécaniciens de Formule 2. Je garde un souvenir très fort de cette année 1977 car lors de la première journée d’essais qualificatifs, les Renault-Alpine officielles s’étaient arrêtées avant la fin de séance et dans le dernier tour, nous avons fait le meilleur temps. Le chrono a été battu le lendemain, mais c’était fort de décrocher le meilleur temps alors que quatre semaines plus tôt, je ne savais pas que je serais au Mans.”
“Gagner Le Mans avec Mazda a été quelque chose d’intense. On a démarré le partenariat six mois plus tôt. Ils avaient installé leur camp de base au Paul Ricard. Ils ne s’attendaient pas à ce que l’on prépare l’épreuve de cette façon. C’était la première vraie collaboration d’ORECA avec un constructeur. Mazda essayait depuis un bon moment de l’emporter et cette collaboration a grandement aidé au développement d’ORECA. Remporter Le Mans est quelque chose d’incroyable.”
“Faire rouler la Chrysler Viper GTS-R a été un sacré challenge. En 1998, nous avions une grosse pression car tout l’état-major de Chrysler avait fait le déplacement dans la Sarthe. Faire gagner la Viper au Mans cette même année a poussé l’émotion à son paroxysme. L’histoire de la Viper a été écrite en partie grâce à ORECA.”
“En 2005, Audi n’a pas fait le déplacement officiellement dans la Sarthe. On monte un magnifique programme avec Playstation. On avait l’auto pour gagner avec une préparation en amont aux petits soins. Tous les ingrédients étaient réunis. C’est à cette époque où j’ai lié une relation forte avec le Dr Ullrich. Un triangle a cassé mais l’équipe a réussi à le changer dans un temps record. Malheureusement, le temps perdu au Mans ne se rattrape pas. On a perdu cette année-là une grosse chance de victoire au Mans. J’ai passé 17 heures la boule au ventre. On ne pouvait rien faire, juste subir. Je pense que c’étaient mes 24 Heures les plus pénibles sur la durée. J’étais impuissant et c’était injuste. Une fois la course terminée, je suis parti me mettre au vert pendant trois jours sans téléphone. Cette défaite était terrible à vivre.”
“2016 a aussi été terrible à vivre. C’est là où j’ai compris ce que veut dire ‘le ciel vous tombe sur la tête’. A 30 minutes du damier, on y croit. A 15 minutes, on se dit qu’on y est. A 5 minutes, c’est quasiment fait. A 4 minutes, on se dit que ce n’est pas possible. Quand j’ai entendu cela à la radio, je n’y croyais pas. J’ai compris en voyant la tête des autres membres de l’équipe. L’émotion liée à la fatigue a pris le dessus. C’était une grande détresse avec un pic violent qui dit ‘je n’en peux plus de ce métier’.”