Comme toutes les entreprises, ORECA fait face à une interruption sur ses différents sites à Signes et Magny-Cours. Le télétravail a été mis en place pour une partie de l’équipe, mais l’activité tourne forcément au ralenti. Du côté de ORECA Technology, on attend l’annonce IMSA/ACO pour voir ce qui peut être fait en LMDh. Même si la préoccupation du moment est en toute logique d’ordre sanitaire, les acteurs intéressés par le LMDh ont besoin de continuer à plancher le dossier. Hugues de Chaunac, président du Groupe ORECA, nous a accordé un entretien sur cette crise sanitaire, le LMDh et l’après coronavirus pour le sport automobile.
L’activité d’ORECA est arrêtée ?
“Un peu comme tout le monde… La période est compliquée, pas seulement pour ORECA. Dès la semaine passée, on a senti venir les choses, ce qui nous a permis d’anticiper. Le comité directeur se réunit quotidiennement pour gérer la crise avec, comme priorité, le sanitaire. La grosse partie du personnel est à Signes, le reste est à Magny-Cours (environ 50 personnes) et Paris (20 personnes). Les 250 personnes sont informées systématiquement des décisions qui sont prises. Comme je l’ai dit, la première priorité est le sanitaire avec toutes les mesures à prendre autour. Il faut recenser tout le monde, être réactif. On commence maintenant à travailler l’aspect économique.”
Une partie du personnel peut tout de même travailler ?
“Les choses sont un peu différentes en fonction des métiers avec des conséquences qui ne sont pas les mêmes pour Store, Technology et la partie moteur basée à Magny-Cours. On prend des décisions avec les directeurs concernés, voir pour mettre du personnel en chômage partiel ou en télétravail. Il a aussi fallu mettre en place les sécurités informatiques pour le travail à distance. On travaille le dossier économique depuis deux ou trois jours (interview réalisée vendredi, ndlr). En étant lucide, le confinement est au moins jusqu’au 15 avril, probablement le 30. Nous partons du principe que l’activité ne repartira au mieux en juin dans le meilleur des cas.”
Le sport automobile va souffrir ?
“Les choses vont changer, il y a un avant, il y aura un après. La crise de 2008 était d’ordre financière, mais les gouvernements avaient des leviers, ce qui était le cas de la France. Là, il n’y a pas de levier. La France est à l’arrêt, ce qui n’était pas le cas lors de la crisé précédente. En 2020, personne n’a le contrôle et la clé de sortie. Le sport auto n’a pas besoin de ça. On se posait déjà des questions sur l’avenir du sport auto. Il va souffrir, certainement plus que d’autres sports.”
Le report des 24 Heures du Mans est une bonne chose ?
“Le report des 24 Heures du Mans était inévitable. On ne pouvait pas concevoir une annulation. Ce n’est pas une surprise, mais une sage décision. Ce changement ne remet pas en cause le LMDh et l’Hypercar.”
Vous êtes dans l’attente du règlement LDh…
“Il faut d’urgence se mettre d’accord, sortir un règlement pour travailler. Cela doit avoir lieu au plus vite car cette annonce du règlement va permettre à des entreprises de continuer à travailler. Si cela doit durer trois ou quatre mois, c’est perdu. Même de notre côté, nous ne pourrions pas attendre. Je ne suis pas inquiet sur la sortie du règlement car je pense que ce sera assez rapidement. Il faut une convergence entre LMDh et Hypercar. S’il y avait 10% de doute auparavant, là, il faut un compromis, c’est obligatoire. L’IMSA et l’ACO doivent faire une annonce d’ici 8 à 10 jours. On attend une bonne nouvelle.”
Le timing sera compliqué à tenir ?
“Une fois que le règlement est sorti, les structures peuvent travailler. Je pense que l’on peut tabler sur 2022 pour avoir un bon produit. Pour cela, il faut que les constructeurs intéressés n’aient pas à faire face à d’autres problématiques. Actuellement, c’est le point d’interrogation pour tout le monde. Les constructeurs automobiles, comme les compagnies aériennes, vont chuter et la situation économique va fragiliser le sport auto. Il va y avoir une réflexion sur le sport auto et l’économie. La question est de savoir comment on traverse cette tempête. Tout le monde va regarder l’ensemble de ce qui va se passer. Chez ORECA, on regarde comment sortir de cette crise. On réfléchit pour voir quelles sont les activités qui ne se feront plus.”
Il faudra trancher ?
“On se doit d’anticiper. Qu’est ce qui va disparaître ? Qu’est ce qu’il faut inventer comme nouveau marché et nouvelle activité ? Il faut être agile et avoir une capacité d’adaptation. Celui qui voudra faire comme avant ne tiendra pas. Anticiper et être innovant. On travaille avec plusieurs constructeurs dans le domaine de l’événementiel. Quels seront leurs besoins ? Il faudra certainement aller vers d’autres activités que le sport auto. On réfléchit dans ce sens. Ils vont vouloir faire de la formation. Je pense que cela ne sert à rien d’aller voir un constructeur en octobre pour faire de la course. Il faut revenir aux bases et cela va nécessiter une grosse remise en cause. C’est cette remise en cause perpétuelle qui a permis à ORECA de grandir et se diversifier. Il faudra au moins trois mois pour repartir en marchant, pas en courant…”