C’est un micro équipage (5 hommes seulement) heureux qui est arrivé au petit matin heure française à New -York, terme des 3 152 milles de course depuis Saint Nazaire disputés dans le cadre de The Bridge 2017. Durant 8 jours, 11 heures et 9 minutes, à plus de 17 noeuds de moyenne sur la route, Francis Joyon, Alex Pella, Gwénolé Gahinet, Sébastien Picault et Quentin Ponroy se sont montrés en capacité de dominer des maxi trimarans beaucoup plus récents et beaucoup plus sophistiqués que leur plan VPLP lancé en 2006. En tête dès le départ, IDEC SPORT baissera finalement pavillon face aux assauts répétés du trimaran Macif, ses appendices porteurs et son mât basculant. Ravis de cette deuxième place, et surtout d’avoir découvert avec plaisir le bateau détenteur du Trophée Jules Verne sous le jour inhabituel d’une navigation quasiment exclusivement au près, Francis Joyon et ses hommes se déclarent enthousiasmés par cette transat rapide, au contact, avec cette arrivée toujours magique sous le pont du Verrazano à New-York.
« C’est une belle satisfaction que d’avoir pu rivaliser avec des bateaux aussi récents et aussi perfectionnés que Macif et Sodebo. » Alex Pella résumait dès l’arrivée aux pontons de Brooklyn au cœur de la nuit New Yorkaise, l’avis général du bord, et de ses 4 coéquipiers. On rappelle qu’IDEC SPORT avait dû, la veille du départ, se passer des immenses services de Sébastien Audigane, et que c’est avec cet équipage réduit qu’il a bataillé d’un bout à l’autre de l’Atlantique Nord. Un Atlantique Nord fidèle à ses schémas météo du début d’été. « On a navigué pratiquement exclusivement vent debout » s’amuse Francis. « Une allure très nouvelle pour nous, pour ceux qui ont participé à nos campagnes contre le record du Trophée Jules Verne. La très grande vitesse, 40 noeuds et plus, que nous avions découvert dans le Grand Sud nous a manqué, mais nous avons été agréablement surpris du bon comportement et des performances du bateau au plus près du vent. Notre route est stratégiquement très propre, preuve que nous n’avons pas fait beaucoup d’erreurs. Dès que le vent a forci, nous n’avons pas pu rivaliser avec Macif et ses foils. Il marchait alors près de 5 noeuds plus vite que nous. Mais notre plan de voilure nous a permis de tirer notre épingle du jeu et ce fut à la fois drôle et intéressant de jouer avec nos combinaisons de voilure. On est donc globalement très content. J’ai un équipage heureux, qui navigue en plaisantant, en racontant des blagues tout en faisant les choses bien. »
Francis Joyon, l’habitué des grandes cavalcades transatlantiques, renoue aujourd’hui avec cette ville de New-York qu’il connait bien, suite à ses fructueuses campagnes contre le record de l’Atlantique. « L’atterrissage a été compliqué ; On finit à 3 noeuds dans la rivière, à contre courant et vent debout. On s’en est bien sorti le long de Long Island, en jouant avec l’orage et en repartant avec la bonne bascule. » Le skipper d’IDEC SPORT a aussi beaucoup aimé retrouver les belles bagarres entre multicoques, telles qu’elles se pratiquaient lors de l’âge d’or des trimarans de 60 pieds ORMA. « Si d’autres bateaux venaient se joindre à nous, je replongerais volontiers » avoue-t’il. « Pour l’heure, on va se reposer un peu et préparer le bateau pour le convoyage retour ; il n’est pas exclu que je l’effectue en solitaire, afin de découvrir ce bateau en solo… »
« Super équipage ; On a bien rigolé. Heureux d’avoir pu rivaliser avec des bateaux plus récents que le nôtre, malgré le désavantage d’un équipage ultra réduit… un beau résultat au final! »
Francis Joyon :
« On a bien fait marcher le bateau. Stratégiquement, nos routes sont propres, on est donc très content. On a occupé la tête un bon moment au début. On est donc satisfait de nos performances. Dès que ses plans porteurs se sont mis en place, Macif s’est envolé à 5 noeuds plus vite que nous. Le jeu était très intéressant. La course était très amusante au contact et avec de la stratégie. Cela m’a rappelé avec plaisir l’époque de l’ORMA. On était léger mais dans le gros temps, on aurait apprécié un équipier de plus. On a moins eu la sensation de vitesse qu’on a connu dans le Trophée Jules Verne. On a découvert le bateau à des allures de près. Il est très complet et on continue d’en apprendre sur son compte. J’ai rempli tout un cahier de petites améliorations à effectuer… »