Jann Mardenborough s’est d’abord fait connaître grâce à sa victoire à la GT Academy en 2011 (il est en aussi le plus jeune vainqueur). Depuis il a couru dans divers championnats avant de poser ses valises au Japon où, toujours en tant que pilote officiel Nissan, le Britannique court en SUPER GT. Ce week-end, il est venu prêter main forte à l’équipe GT Sports Motul Team RJN pour la finale de la Blancpain GT Series Endurance. Il remplace Lucas Ordoñez, blessé.
Comment se passe votre saison de SUPER GT jusqu’à maintenant ?
« Les dernières courses ont été bonnes, spécialement Sugo où nous avons terminé 3e (avec son coéquipier Daiki Sasaki). Nous sommes bien plus compétitifs cette année que la saison dernière et nous avons un peu plus de chance aussi. Lors de la manche 5 à Fuji, nous aurions dû gagner, mais de petits soucis techniques nous en ont empêchés. Nous sommes 11e au championnat, à 31 points des leaders. C’est mathématiquement possible, mais je pense que ce sera difficile pour le titre alors qu’il reste deux manches à disputer. De plus, cela signifie que nous devons remporter les deux dernières épreuves. Cependant, je viens de décrocher mon premier podium, une première victoire avant la fin de saison serait super. »
Ce championnat est vraiment populaire. Qu’est ce qui le rend si particulier ?
« C’est un super championnat, en effet. Il y a pas mal de temps de roulage, les pneus sont incroyables, ce qui rend les courses vraiment intéressantes. Les manufacturiers de gommes veulent vraiment gagner et poussent les équipes à être encore meilleures. Pour finir, les voitures sont tout simplement incroyables à piloter. Par contre, intégrer ce championnat est vraiment difficile. Là, je parle pour Nissan, je ne sais pas comment ça se passe pour Lexus et Honda. Nous ne sommes que huit pilotes Nissan en SUPER GT. Vous pouvez être le roi du monde, cela ne vous donne pas le droit de monter dans la voiture. Vous devez faire vos preuves auparavant, c’est difficile. Il faut faire de la F3 ou du GT3 au préalable et leur prouver que vous avez la trempe pour rentrer en GT500. C’est seulement quand vous êtes rentrés dans ce cercle très fermé que vous obtenez le respect. Il est vrai que pour Jenson Button, c’est différent, mais il a été champion du monde de F1. Beaucoup de pilotes européens souhaitent courir en GT500 car ils voient la progression qui peut être réalisée. Au Japon, en SUPER GT, vous pouvez vivre de votre métier, cela paie assez bien. C’est pour cela que vous voulez être soutenu par un constructeur et avoir une carrière longue. Si vous êtes bon, que vous respectez l’équipe et le championnat, vous êtes récompensé dans votre carrière comme Richard Lyons ou Michael Krumm. Je suis heureux dans ce championnat et c’est bon de pouvoir se battre pour les premières places. C’est juste dommage que le SUPER GT ne soit pas reconnu à l’extérieur du Japon, mais c’est aussi leur façon de vivre, concentrés sur eux-mêmes. Cette année, toutes les courses sont retransmises en streaming sur YouTube, ce qui donne une meilleure couverture, ça avance ! »
Que pensez-vous de la future association DTM et Super GT ? Estimez-vous que ce sera le grand championnat du monde de demain ?
« Tout ce que je veux, c’est avoir des GT3 dans ce championnat également. Si il n’y a pas de GT3, ça n’aura pas cet aura, ce scintillement, cette excitation que procure le SUPER GT. J’espère que ça va se faire, ça serait bien ce mélange, mais, je le redis, seulement s’il y a des GT3 en plus. »
Pourquoi êtes vous ce week-end à la finale Blancpain GT Series Endurance à Barcelone ?
« Lucas Ordoñez, pilote officiel Nissan RJN, s’est blessé en vélo, il s’est fracturé l’épaule. Bob Neville (le patron de l’équipe, ndlr) a alors demandé à NISMO si je pouvais le remplacer. Mardi dernier, NISMO m’a appelé et j’ai bien entendu dit oui, mon but étant de faire le plus de course possibles. De plus, je retrouve mon ancien coéquipier Alex Buncombe que je connais bien. Par contre, je n’ai jamais roulé avec Matt Parry.”
Avez vous piloté la nouvelle version de la Nissan GT-R NISMO GT3 ?
” Je l’ai pilotée en test de développement au Japon, mais jamais en “version définitive”. De plus, c’était avec des pneus différents, des Yokohama. Tout ce que je sais, c’est que la voiture se comporte mieux dans les virages lents. Le set-up est différent, tout comme le centre de gravité de l’auto qui est plus bas et l’aérodynamique qui a été améliorée.”
Vous avez disputé les 24 Heures du Mans en 2013 (Zytek Z11SN-Nissan de Greaves Motorsport avec Lucas Ordoñez et Michael Krumm comme coéquipiers). Quels souvenirs en gardez-vous ?
” J’ai adoré et, en plus, nous sommes montés sur le podium LMP2 (3e). Ça m’a pris cinq ans pour récupérer le trophée, je viens tout juste de l’avoir de la part de Tim Greaves (rires). Les 24 Heures du Mans restent ma course préférée, c’est un endroit magique. Cette année-là, la course était incroyable et il s’agissait de la dernière année des LMP2 ouvertes. Arriver à Mulsanne à 320 km/h dans ce genre d’autos, c’était fabuleux.
Quand vous reverra-t-on au Mans ?
” J’y étais cette année pour chercher un baquet libre, mais ce ne fut pas possible. Ce fut un sentiment horrible de voir tout le monde partir en piste au moment des essais et vous, vous restez en piltane ! L’année prochaine, j’aimerais refaire les 24 Heures du Mans.”
Quel sera votre programme en 2019 ?
“Je voudrais continuer avec Nissan pour faire du SUPER GT en catégorie GT500, c’est mon principal objectif. A côté de ça, je souhaiterais rouler le plus possible et dans n’importe quel championnat : LMP2, LMP3, GT3. Ça m’est égal, je veux juste être occupé. J’aimerais aussi refaire les Total 24 Heures de Spa, le joyau des courses d’endurance GT3 dans le monde.”