Jean-Baptiste Lahaye est l’un des fers de lance (et créateurs) de l’équipe Ultimate. Avec son frère, Matthieu, et François Heriau, ils roulent en LMP3 en European Le Mans Series sur leur Norma M30 #17. La saison est bientôt terminée, les trois hommes sont pour le moment 3e au championnat, mais les espoirs de titre se sont envolés. Nous avons fait un point avec le jeune français sur l’année en cours et sur ses envies pour 2020 !
Quel bilan tirez-vous de votre saison ELMS ?
“C’est mitigé car nous étions tout à fait capables d’aller chercher le titre en LMP3 cette année, s’agissant de notre 4e année dans cette catégorie. Je pense qu’il nous a clairement manqué de réussite comme à Silverstone au niveau de la stratégie et des faits de course. François a fait une bêtise en Italie, mais on ne va pas lui jeter la pierre car nous avons aussi fait des erreurs les années précédentes et cela reste un sport d’équipe avant tout ! On sait que dans ce style de championnat, on peut griller un joker, mais là, nous en avons utilisé deux, c’est trop ! Donc, oui, un peu déçu car le but était d’être sacré champion et éventuellement d’obtenir une invitation pour les 24 Heures du Mans ! Après, notre 4e place à Spa nous replace sur le podium au championnat (3e), nous allons aller à Portimão pour défendre cette position !”
Avez vous le sentiment que le niveau en LMP3 en ELMS est plus élevé qu’auparavant ?
“Oui et non ! Je dirais qu’il a même tendance à un peu baisser par rapport aux autres années. Pourquoi les Norma ne finissent pas devant ? Parce que les équipages ne sont pas incroyables. On a souvent un pilote très fort comme David Droux ou Lucas Légeret, mais avec des gentlemen-drivers moins bons que le nôtre. Par contre, les Norma M30 ont fait un plus grand bon en avant que les Ligier JS P3. Mais ces dernières vont encore très bien en course comme on peut le voir au championnat où la lutte oppose Inter Europol Competition et EuroInternational ! De notre côté, nous avons le rythme, on gagne au Paul Ricard, on fait 2e à Barcelone en partant dernier. Nous sommes capables d’être parmi les tout meilleurs, mais il faut aligner les planètes !”
Vous avez disputé l’Asian Le Mans Series chez Panis-Barthez Compétition l’hiver dernier sur une Ligier JS P2. En quoi cette expérience a aidé le trio en LMP3 cette année ?
” Déjà, quand on pilote une voiture qui va plus vite, cela aide quand on retourne en arrière car on appréhende plus facilement les choses. Cela nous a servi au niveau des points de freinage car on a appris qu’une auto qui va plus vite est capable de freiner encore plus tard. Cela met plus en confiance quand on redescend dans une auto un peu plus lente. Ce fut globalement une belle expérience aussi car nous avons travaillé avec une autre structure que la nôtre, avec des ingénieurs différents, avec d’autres apprentissages.”
Et vous personnellement, que retenez-vous ?
” Le fait d’avoir piloté une auto plus puissante, avec plus d’aéro, avec des freins carbone a été positif. Ce qui est dommage, ce sont les gommes dures utilisées en Asie et non des gommes de LMP2. François et moi avons encore beaucoup de choses à apprendre sur le développement des pneus et comment ils réagissent en LMP2. C’est encore une étape que nous avons à franchir et à comprendre. En tout cas, sur les passages en courbe et sur les points de freinage, avoir roulé en LMP2 nous a vraiment aidés cette année en LMP3.”
Que pouvez vous nous dire sur le programme 2020 d’Ultimate ?
“Déjà, nous ne referons pas l’Asian Le Mans Series. C’était un rêve de pouvoir rouler sur des circuits assez extraordinaires à l’autre bout du monde ! Cependant, il ne faut pas oublier que nous avons une entreprise familiale à faire tourner derrière. Il faut être raisonnable, cela nous a donné pas mal d’absences au travail l’an dernier. Dorénavant, l’objectif est de faire monter l’équipe en LMP2. Nous sommes proches du but, il faut que tous les conditions soient réunies pour pouvoir appuyer sur le bouton. Mais, c’est en bonne voie…Ce sera en LMP2, en ELMS, c’est le souhait de l’équipe et de nos partenaires. Nous sommes en discussion bien avancée et il nous reste le choix du châssis à faire. Nous allons d’ailleurs essayer les deux autos…”
Le but ultime est bien entendu de disputer les 24 Heures du Mans…
“Oui, nous ne l’avons jamais caché. Ultimate a été fondé autour d’un projet de deux frangins passionnés par le sport automobile qui feront un jour les 24 Heures du Mans ensemble. François est ensuite venu se greffer au bout d’un an et il n’est jamais parti ! Il fait maintenant totalement parti de ce projet et, si cela aboutit, ce sera obligatoirement avec lui ! Si cela pouvait se faire de la façon suivante, une première année en ELMS en 2020 puis l’ELMS / 24 Heures du Mans en 2021, ce serait vraiment un rêve qui se réaliserait ! En tout cas, Ultimate est une jolie histoire et un beau projet sportif !”
L’ambiance chez Ultimate est très bonne. Quelle est la recette ? Qu’est ce qui fait que cela fonctionne aussi bien ?
” Nous sommes trois jeunes entrepreneurs qui aiment manager, mais nous tenions aussi à l’humain. Nous avons une entreprise familiale, c’est l’éducation que nous avons reçue que ce soit Matthieu, moi, mais aussi François ! Nous aimons les valeurs humaines et nous sommes proches de notre équipe. Nous mangeons ensemble, on démonte le stand ensemble, on raconte des bêtises ensemble, on ne leur cache pas grand chose. Il n’y a pas de séparation pilote d’un côté et équipe de l’autre. Même entre les trois pilotes, on se dit tout, on ne se cache rien. Je pense que c’est la clé, même si ce n’est pas évident. Quand on y arrive, cela permet à chacun de trouver sa place et de ne pas douter dans certaines situations. Par exemple, j’ai eu deux journées à Spa un peu compliquées, ils m’ont secoué ! Quand François ne va pas, on sait aussi lui dire. Bon, Matthieu, c’est malheureusement moins souvent (rire), mais il a une expérience différente de la nôtre ! On se dit les choses, c’est notre équipe, notre bijou et nous considérons le travail des gars de l’équipe, le travail de l’ingénieur, des pilotes ! Nous sommes respectueux de cela !”