Quelques semaines après avoir terminé 6e des 24 Heures du Mans 2002 dans la catégorie GTS sur une Chrysler Viper GTS-R, Jean-Luc Chereau s’est essayé aux 24 Heures de Spa sur la même GT américaine, mais cette fois pour la victoire au général en compagnie de Didier Defourny et Carl Rosenblad sur une des deux Viper alignées par Larbre Compétition. Jean-Luc Chereau a remonté le temps avec nous sur une course terminée à la 2e place de la classe GT.
Rouler à Spa était une deuxième chance de briller après Le Mans ?
“Il y a eu cette conjonction favorable d’aller disputer les 24 Heures de Spa pour aller chercher la victoire. On s’est dit avec Jack (Leconte) qu’on pouvait faire quelque chose de bien là-bas. Larbre Compétition a acheté des Viper car Porsche ne bougeait pas. En revenant d’Allemagne avec Jack, on a pris contact avec ORECA pour des Viper et l’aventure est partie comme cela avec le FIA GT, Le Mans et donc Spa.”
La Viper reste un grand moment ?
“La Viper amenait une grande facilité de pilotage pour nous les “petits” pilotes par rapport aux professionnels (rire). On approchait les grands, le tout en sécurité. Le bruit était énorme et ça allait vite. La Viper mettait vraiment en confiance même si son pilotage était plus technique qu’une Porsche. La Viper à Spa était incroyable avec son V10 très coupleux. C’est une auto qui fait ce qu’on lui dit de faire même s’il n’y avait que les Pros pour aller chercher les derniers dixièmes. C’était plaisant et passionnant à la fois.”
En 2002, les gentlemen étaient déjà présents…
“Il y avait déjà du Pro-Am. C’était le début de l’époque où il fallait trouver un investisseur. Soit l’investisseur était extérieur, ce qui était assez rare, soit l’investisseur pilotait, ce qui était mon cas.”
Vous n’étiez pas au départ en 2001…
“J’aurais dû être dans la Viper qui s’est imposée grâce à Christophe Bouchut, Marc Duez et Jean-Philippe Belloc. Mon père est décédé une semaine plus tôt et je n’avais pas le cœur à rouler. Marc Duez m’a remplacé au pied levé et j’étais aussi content qu’elle gagne que si j’avais été dans la voiture. J’ai terminé 2e en GT l’année suivante. A Spa, on tutoie plus la victoire qu’au Mans.”
C’était aussi l’endroit pour faire du marketing ?
“L’entreprise Chereau avait des distributeurs dans toute l’Europe, notamment en Belgique. Les 24 Heures de Spa étaient un bon point de rencontre pour une opération marketing. Spa était central pour la France, la Belgique, les Pays-Bas, l’Allemagne et même la Suisse.”
On peut comparer Spa et Le Mans ?
“Pour moi, les deux courses sont à égalité. Bien entendu, quand on roule au Mans pour la première fois, c’est plus qu’un rêve qui se réalise, c’était pour moi quelque chose d’inimaginable. J’y suis allé avec Jack qui savait mettre en confiance les débutants. Rouler à Spa me permettait d’approcher les grands. C’est certainement là que je me suis défoulé le plus. Voir le panneau qui indique P3 ou P4 est tout de même mieux que P25 ou P30.”
Et sur le plan physique ?
“Spa ne donnait aucun répit vu la spécificité du circuit. Il n’y avait pas la moindre zone de relâchement. Le plus gênant était d’avoir une locomotive derrière le tableau de bord, un échappement à côté de la jambe gauche et une boîte de vitesses tout près du bras droit. La Viper était un monstre de chaleur. En 2002, j’ai le souvenir que Jack avait eu l’idée de mettre des petites semelles en bois pour ne pas que le caoutchouc des bottines ne fonde sur les pédales.”
Selon vous, la direction prise par l’Endurance est bonne ?
“Déjà, il faut souligner que les courses d’endurance existent toujours. Il y a même un peu trop de courses et je dois bien avouer qu’on s’y perd un peu. Ce qui me gêne est le trop d’intervention politique avec la BOP. Si j’étais ingénieur, il y a un moment que j’aurais baissé les bras. On travaille une nuit pour gagner un dixième et, le lendemain matin, tout est remis en cause avec la BOP. C’est trop encadré. La créativité n’est plus au rendez-vous comme par le passé. On peut même changer une BOP quelques heures seulement avant le départ d’une course. En LMP2, tout le monde a le même châssis, le même moteur et troule à la même vitesse. On s’amuse moins et le public n’est plus surpris par les résultats.”