La fin de semaine dernière a été ébranlée par le départ de Rebellion Racing à l’issue des 24 Heures du Mans. Exit le partenariat avec Peugeot annoncé en novembre dernier. Du côté du constructeur français, on poursuit la feuille de route qui à ce jour reste la voie Le Mans Hypercar et non LMDh. PSA Motorsport reprend à son compte l’entièreté du programme WEC avec Olivier Jansonnie au poste de directeur technique. Jean-Marc Finot, président de PSA Motorsport, a répondu à nos questions sur l’avancée du programme Endurance.
Aviez-vous des signes avant-coureurs de ce départ précipité de Rebellion ?
“Le partenariat était très récent et nous étions partis plein de confiance. Ce partenariat était sur le côté opérationnel, à savoir sur l’exploitation de la voiture en 2022. Il n’y a donc pas le moindre impact sur les deux premières années. Le projet continue tel qu’il est sauf qu’il est dorénavant piloté par Peugeot, même sur le plan de l’exploitation. Il a fallu refaire un business plan en conséquence. La vie continue…”
Suite à l’annonce récente de la catégorie LMDh, Peugeot pourrait reconsidérer sa position et passer de Le Mans Hypercar à LMDh ?
“Aujourd’hui, la référence est Le Mans Hypercar mais je ne peux pas nier qu’on regarde le LMDh. Cependant, il y a quelques critères à satisfaire. Premièrement, la Balance de Performance doit être très rigoureuse entre les deux classes. Deuxièmement, que les chances de succès soient les mêmes pour les deux et troisièmement voir l’aspect management du projet. Le programme Le Mans Hypercar est entièrement géré par Peugeot. Avec le LMDh, il faut partir d’un autre châssis et on ne peut pas choisir tous les partenaires. L’exercice n’est pas le même.”
Quelle est l’échéance pour la prise de décision ?
“Au plus tard fin mars… Nous n’avons pas à ce jour tous les éléments pour trancher. On reste donc sur notre programme initial.”
La transition énergétique est importante à vos yeux ?
“L’essentiel est d’avoir une carrosserie Peugeot et avoir un management de la partie hybride. Nous avons lancé plusieurs modèles électrifiés et nous lançons une gamme Peugeot Sport Engineered. On a pu voir la 508 l’année passée au Salon de Genève. Notre proposition est de démontrer que les véhicules à faibles émissions peuvent toujours offrir le plaisir de conduire et c’est ce que nous allons faire avec Peugeot Sport Engineered. Nous avons donc décidé de faire un système hybride pour le WEC mais il n’est pas obligatoire pour nous de développer tous les composants.”
Mais les prototypes de la classe LMDh auront un système hybride commun…
“Ce n’est pas un problème pour nous car ce que nous souhaitons, c’est avoir la gestion du groupe motopropulseur. Un constructeur automobile n’a pas pour objectif de développer une électronique plus pointue mais bien d’assurer la gestion du groupe motopropulseur et d’en optimiser son efficacité.”
Vous pouvez profiter du développement de la Peugeot 908 HYbrid4 présentée en 2011 ?
“Cette voiture a été conçue il y a près de 10 ans. La technologie des groupes motopropulseurs électrifiés a beaucoup changé mais nous avons donc toujours les compétences qui ont développé cette voiture. Nous partirons de ce que nous savons et de notre expérience de cette voiture, mais tous les composants seront bien sûr nouveaux. Peugeot Sport fait partie de PSA Motorsport, donc nous aurons toutes les marques PSA dans nos installations et notre organisation. Toutes les compétences et l’expérience que nous avons acquises en Formule E seront injectées dans le programme WEC.“
A terme, est-il prévu de voir une Hypercar de route ?
“C’est une éventualité…”
Pouvoir rouler aux Etats-Unis fait partie des critères ?
“C’est un élément intéressant mais pas primordial.”
Est-ce un handicap que la saison WEC se dispute sur deux années calendaires ?
“On a décidé ce programme en fonction du championnat et tout a été planifié en conséquence. On reste sur la saison 2022/2023 au plus tard. On regarde si on peut entrer en compétition plus tôt mais pour le moment aucune décision n’a été prise. L’homologation de l’auto est prévue pour 5 ans, donc il faut qu’elle soit suffisamment robuste. Le programme est prévu au moins jusqu’aux 24 Heures du Mans 2025.”
Total va vous accompagner dans ce programme ?
“Total est un partenaire historique de Peugeot et comme nous, ils sont impliqués sur la transition énergétique. Historiquement, Total est un pétrolier mais qui devient de plus en plus un énergéticien. C’est aussi une période charnière pour eux. Total est déjà notre partenaire technique dans le domaine des lubrifiants.”