Pour Michelin comme pour une partie de la concurrence, ces 24 Heures du Nürburgring 2017 restent une inconnue. La firme clermontoise a dû se résoudre à mettre de côté ses traditionnelles gommes confidentielles pour des pneus plus standards. Michelin équipe tout de même la majorité des équipes de pointe (SP9) avec six constructeurs représentés et 23 autos. En parallèle, le revendeur allemand supporte 45 autos en pure compétition-client.
“Les 24 Heures du Nürburgring restent l’évènement principal en termes de pneumatiques” nous a déclaré Jérôme Mondain, manager pour les programmes Endurance chez Michelin. “Au Mans, nous amenons plus de 5000 pneus et ici nous dépassons les 6000 pour la partie ‘corporate’, sans oublier les 4000 de la compétition-client. Compte tenu de la durée réglementaire pour ravitailler, les équipes changent les gommes à chaque arrêt. En LM P1, les équipes utilisent généralement 10 trains au Mans, contre 18 à 20 au Nürburgring.” Michelin amène 2/3 de pneus pour temps sec et 1/3 pour la pluie. Un ingénieur est en place dans chaque équipe roulant en SP9, contre 3 pour toute la compétition-client.
Le gros travail pour Michelin a été de proposer un pneu non confidentiel le plus performant possible. La nouvelle règle impose aux manufacturiers de donner la liste au DMSB, d’en mettre un dans le stand que la concurrence peut acheter. Michelin peut donc acheter par exemple un pneu Dunlop et inversement. “On a commencé à développer quelque chose en novembre mais avec les autos 2016” explique Jérôme Mondain. “Les nouvelles règles techniques sont arrivées plus tard, ce qui a obligé de tout revoir. Il a fallu travailler entre les premiers essais et les deux manches VLN. Nous avons amené les pneus des 24H lors de la manche qualificative. Il y a avait des inquiétudes bien légitimes chez les constructeurs car ici plus qu’ailleurs, on se doit d’assurer la sécurité. Nous avons dû nous adapter compte tenu de l’arrivée très tardive de la réglementation.”
Même si cinq virages du tracé de la Nordschleife ont été retravaillés et que les GT3 de pointe devraient aller moins vite, la réalité est bien différente. “Il n’y a pas que les pneus” souligne Jérôme Mondain. “La période où on gagne deux secondes sur un tracé traditionnel est révolue. Les pneus confidentiels restent autorisés mais personne n’a intérêt à montrer sa technologie. On accepte le challenge même si cette année il est plus compliqué que par le passé. Nous serons moins dominateurs que nous l’avons été auparavant. Il a fallu refaire des gammes complètes. A nous de travailler.”
Malgré ce changement qui pénalise plus Michelin que la concurrence, le manufacturier a gardé ses fidèles partenaires, exception faite de Bentley qui a rejoint Yokohama. “Nos partenaires sont reconnaissants du travail fourni” se réjouit le manager des programmes Endurance. “Surtout que nous avons eu peu de temps pour travailler. On doit connaître les nouvelles règles dans la semaine qui suit les 24 Heures.”
Pour Michelin, le cahier des charges est clair : se rapprocher le plus possible des pneus confidentiels en utilisant une technologie non confidentielle. Les futures règles pourraient bien demander aux manufacturiers de proposer des gommes qui bouclent des doubles relais. Un autre gros challenge en perspective…