Fort de deux podiums aux Total 24 Heures de Spa en 2016 et 2017, seule la plus haute marche du podium manquait à AKKA-ASP Team. Jérôme Policand va devoir attendre 2019 pour espérer fêter un succès dans les Ardennes belges. Le meilleur résultat cette année, une 6e place, est à mettre à l’actif de Raffaele Marciello, Daniel Juncadella et Tristan Vautier. La sortie de piste du pilote italien lors du warm up a donné du travail à l’équipe la veille de la course. Meadows/Bulatov/Petrov ont pris la 16e place finale. Les deux autres Mercedes-AMG GT3 du team français n’ont pas vu l’arrivée suite à des accidents. En terminant 6e, AKKA-ASP n’a pas fait une si mauvaise affaire que cela dans l’optique du championnat. Depuis ses débuts en GT3, l’écurie française a sorti plusieurs talents. Cette année, Raffaele Marciello s’affirme de plus en plus et Nico Jamin fait partie des belles révélations de l’année. Jérôme Policand est revenu avec nous sur les Total 24 Heures de Spa de son équipe, mais aussi sur deux de ses pilotes de pointe.
Quel bilan tirez-vous de Spa ?
“Sur un plan comptable au championnat, nous avons fait la meilleure opération des équipes Blancpain GT Series avec Black Falcon. Le panache n’y était pas, mais c’est peut-être là qu’on voit les bonnes équipes.”
Votre voiture de pointe n’a pas été épargnée avec la sortie et les problèmes de boîte de vitesses…
“Le souci de boîte rencontré très tôt en course n’est pas consécutif de la sortie lors du warm-up. Seuls les deux premiers relais ont été normaux. Notre niveau de performance reflète ce problème. Les pilotes ont été handicapés par un refus de rétrogradage important et ils ont dû s’adapter. On pensait que la course allait s’arrêter bien plus tôt. La performance globale des Mercedes n’était pas suffisante pour gagner la course. Nous manquons toujours de vitesse maxi. La #88 valait une place entre la 10e et la 12e, la #35 entre la 15e et la 20e.”
La stratégie mise en place a été bonne ?
“L’équipe a fait ce qu’il fallait en stratégie. La #35 a écopé d’un drive through et la #88 a toujours été dans le tour du leader même si, à plusieurs reprises, on a failli perdre un tour, mais on a recollé sous safety-car. La dernière neutralisation aurait pu nous donner un podium car, à trois heures de la fin, nous avions un arrêt de moins que nos adversaires directs. A Spa, c’est l’auto la plus rapide qui gagne même si les écarts sont restés très serrés. En 2016, on a tenté des choses qu’on ne peut plus faire. Les règles deviennent trop figées. Selon moi, il faudrait tout ouvrir à Spa, mais j’ai conscience que c’est plus facile à dire qu’à faire. Les équipes habituées au VLN ont fait le job, bravo au Walkenhorst Motorsport.”
Toutes les équipes Mercedes sont logées à la même enseigne ?
“Il n’y a pas de favoritisme chez Mercedes. Quelques équipes ont le statut de ‘Performance Team’, ce qui permet de placer des pilotes. Le support que l’on a n’est pas déraisonnable. C’est ce qui m’a permis de mettre ensemble Vautier/Marciello/Juncadella.”
Raffaele Marciello apporte un plus ?
“Lello m’amène ce que m’a amené Felix Rosenqvist il y a deux ans. Il est au sommet de la vague actuellement. Il a un petit truc en plus comme d’autres pilotes en Blancpain GT Series. La sortie lors du warm up est un excès de confiance, la faute est minime. A Zolder, au Paul Ricard et à Brands Hatch, Lello a mis un rythme dans l’équipe en tirant tout le monde vers le haut. Il prouve que ça peut aller 0.3s plus vite. Aussi bien Marciello que Rosenqvist avaient le niveau pour la Formule 1. Certains pilotes présents dans le championnat ont leur place en F1. J’aimerais bien voir les Vanthoor, Juncadella ou Frijns. En 2017, Lello était un peu en dents de scie. Cette année, il est toujours là. Il faut un pilote de cette trempe pour espérer gagner en Blancpain GT Series. Lello est une vraie locomotive pour l’équipe.”
Le team a souvent sorti de purs talents. On peut citer Rosenqvist, Gounon, Marciello, Vautier. Nico Jamin est aussi de ceux-là ?
“Nico est un peu le Tristan (Vautier) d’il y a deux ans. Le but est maintenant de le mettre dans une voiture en Pro. J’ai une culture monoplace, donc je me suis vite intéressé à lui. Si on prend Rosenqvist et Marciello, ils n’ont pas le moindre état d’âme. Les deux n’ont jamais parlé d’une victoire en monoplace. Ils ne sont pas aigris et sont de vrais compétiteurs. Pour en revenir à Nico, il a encore une marge de progression. Selon moi, son apprentissage du GT est terminé, il est prêt pour le Pro. Si on l’avait mis cette année en Pro, il aurait fait office de doublure. Nous avons agi de la même façon avec Jules (Gounon) en 2017. Jules a roulé une année en Pro-Am et on voit où ça l’a emmené.”
Selon vous, la catégorie GT3 a encore de beaux jours devant elle ?
“Le prix d’une GT3 n’est pas lunaire. Au fil du temps, la fiabilité des autos s’est nettement accrue car on peut voir que peu d’autos cassent après une heure. Le problème est l’environnement de l’auto. Une coque vaut 35 000 euros alors qu’un accident en coûte 200 000. Il faut déjà compter 70 000 euros de carrosserie. Le souci est clairement la gestion des accidents. En 2011, si on disposait de 400 000 euros avec Spa, on était plutôt pas mal. Maintenant, il faut minimum 650 000 euros.”