Le Team AKKA-ASP aura ses deux Mercedes-AMG GT3 de pointe en Superpole. Raffaele Marciello et Daniel Juncadelle ont placé le deux autos de l’écurie de Jérôme Policand dans le haut de tableau avec les 1er et 4e temps. Le patron du Team AKKA-ASP est revenu avec nous sur les essais qualificatifs mais aussi sur ses attentes à la veille du départ des Total 24 Heures de Spa, course terminé à la 2e place en 2016.
Surpris d’un tel résultat ?
“Oui quand on regarde le plateau général. Le but était de mettre les deux autos Pro dans le top 20, ce qui est réussi. Il n’y a rien à redire sur la prestation d’ensemble. Nous avons profité d’une piste rapide au début des deux séances. Les autos sont parties au bon moment sachant que nous sommes placés dans les stands Endurance. Cependant, le plus dur reste à faire. Jusqu’à maintenant, on confirme notre niveau de performance.”
Êtes-vous favorable à cette Superpole ?
“En tant que pilote, c’est positif. Toutefois, il y a beaucoup à perdre et cette année, la présence du warm up avant la Superpole dénature quelque peu l’exercice. On sait aussi que partir au-delà de la 3e ligne est risqué. Finalement, cela fait partie d’un show. En tant qu’équipe, on préfèrerait ne pas avoir de Superpole car cela rajoute de l’incertitude.”
Les chronos n’ont jamais été aussi proches…
“36 GT3 dans la même seconde ! C’est génial pour la discipline et le sport. On ne soupçonne pas le niveau de pilotage du championnat. Pour être devant, il faut être comme un “animal” et tenir une cadence infernale. Il suffit de regarder les caméras embarquées pour s’en convaincre. On assiste à des gros tours. Ces dernières années, les championnats de monoplace se sont éclatés si bien que les meilleurs ne se mesuraient pas forcément entre eux. Là, pas un seul équipage est faible. Tout est monté d’un cran mais la prise de risque également. Hier, c’est une pole de pilote plus qu’une pole de voiture. Est-ce que si je termine 36e je suis un mauvais pilote ? Je ne pense pas… Je me répète, mais 36 GT3 dans la même seconde sur un circuit comme Spa. Il y a encore quelques années, une petite faute ou du trafic permettait encore d’être dans le top 10. Maintenant, on peut oublier le top 10 et même le top 30. Il faut prendre des risques et avoir un tour clair pour terminer dans un top 5 qui n’est même pas assuré.”
Le team a mis en place la même préparation que l’année passée ?
“Sur le plan technique, la préparation est plus sereine car la voiture est en année 2. De plus, on dispute cette course depuis 2011. Seul le paramètre pilote a changé. Depuis 5 ans, nous n’avons pas changé grand-chose. Cette course est tellement différente des autres.”
Choisir les stands Endurance plutôt que F1 est un avantage ?
“Nous sommes à cet emplacement depuis trois ans et c’est plus pour un choix de vie d’équipe que de stratégie. Nous avons un staff d’environ 50 personnes, ce qui n’est pas rien.”
Les règles mises en place par SRO laissent toujours place à la stratégie ?
“La fenêtre de ravitaillement ôte une partie de la stratégie. La fenêtre basse permettait de faire le plein, la haute de changer les pneus et de mettre du carburant. Maintenant, la fenêtre basse permet de faire un splash, d’effectuer un contrôle visuel ou de pallier à une crevaison. Doubler les relais avec les pneus permettait de tenter un pari qui pouvait être gagnant ou perdant mais au moins on pouvait tenter quelque chose. Il n’y a plus aucun intérêt à laisser les vieux pneus, ce qui rajoute donc un coût supplémentaire. Des marques peuvent tenter de doubler les relais, d’autres pas. C’est une sorte de BOP si une équipe n’a pas la possibilité de le faire. En 2016, nous n’aurions pas pu terminer 2e sans cela. Le facteur chance avait son importance. Maintenant, nous sommes sur huit fois la course de Monza.”
Une marque se dégage pour la course à la victoire ?
“Bentley me semble bien armé, Audi également. Je pense que Mercedes fait partie des outsiders.”
Avec ce qui se passe en LM P1, on sent que la compétition-client est plus que jamais promise à un bel avenir. C’est aussi votre avis ?
“On connaît l’influence des constructeurs. Quand un constructeur est présent, il veut battre les autres mais il a surtout besoin de concurrence pour cela. C’est une optimisation vers le haut et l’écart avec les privés s’agrandit. Le niveau est tellement élevé qu’on ne sait pas le faire. C’est un éternel recommencement. On va trop loin, c’est trop cher et tout le monde est dépendant des autres. Ensuite, il faut reconstruire.”
Le GT3 est bien contrôlé ?
“Le GT3 n’est pas allé trop loin mais il est à la limite. Nous avons fait la pole hier sans avoir le standing d’un constructeur. C’est une chance d’avoir l’appui d’AMG sur certaines courses. L’équipe est d’abord cliente et elle reçoit ensuite un soutien. Notre Mercedes rouge n’a aucune différence avec la bleue et c’est celle qui roule sous la bannière AKKA-ASP qui a décroché la pole et pas celle du Mercedes-AMG Team AKKA-ASP.”
Sauf que les gentlemen se raréfient…
“L’essence même du GT est le Pro-Am et c’est vrai depuis le BPR. Le problème n’est pas le niveau des gentlemen. Si je prends le cas d’un Jean-Luc Beaubelique qui roule avec nous, il avait 15 pilotes de son niveau en piste face à lui il y a quelques années. Maintenant, il en a 4. On pourrait garder le même spectacle avec un budget inférieur de 25%. Une tour de ravitaillement pour deux autos serait suffisante. Mon équipe est maintenant construite autour de circonstances exceptionnelles telles que les FCY ou les conditions de piste.”
D’où l’absence de la 4e auto à Spa ?
“Je ne peux pas avoir quatre équipes indépendantes. Nous sommes à bout de souffle car tout est revu à la hausse. Il y a aussi l’éternelle question des ravitaillements. Il faut des entraînements spécifiques à l’atelier. A titre d’exemple, le budget depuis le début de l’année pour les écrous et les pistolets pneumatiques dépasse les 50 000 euros. Je fais rouler quatre autos le reste de l’année pour équilibrer les coûts. Je ne sais pas faire deux Pro si je n’ai pas les deux Pro-Am.”
Le Team AKKA-ASP est intéressé par le GT4 ?
“Oui et dès 2018. Cela permet de faire rouler des gentlemen mais aussi de former de jeunes pilotes. Les règles sont simples.”
Cela se fera au détriment du GT3 ?
“L’idée est de repartir avec un programme similaire en Blancpain GT Series. La question qui se pose est de savoir avec combien d’autos. Je pense que ce sera compliqué d’en aligner quatre.”
Des courses de fin de saison sont prévues ?
“La finale de l’International GT Open à Barcelone est à l’étude tout comme les 12 Heures d’Abu Dhabi avec une ou deux autos pour des gentlemen.”