En sport automobile, rien n’est jamais gagné d’avance et Jérôme Policand le sait très bien. Après les titres décrochés en 2018, dont celui de la Blancpain GT Series, on attend beaucoup de AKKA-ASP Team. La préparation aux petits soins des Mercedes-AMG GT3 est toujours là, mais l’écurie de Rabastens alterne le chaud et le froid depuis l’ouverture de la saison. Si les résultats sont au rendez-vous sur la partie Sprint, les choses sont nettement plus compliquées en Endurance avec un retard de 39 points sur les leaders.
AKKA-ASP Team aligne pas moins de six Mercedes en Belgique, mais seulement deux aux Total 24 Heures de Spa, les quatre autres roulant en FFSA GT. Avec d’un côté Marciello/Abril/Schiller, de l’autre Bastian/Boguslavskiy/Fraga, l’écurie française a de quoi jouer le haut de tableau. Deuxième en 2016, troisième en 2017, sixième en 2018, AKKA-ASP Team tient à inverser la tendance d’un début de saison Endurance à oublier. Jérôme Policand dresse un premier bilan d’une saison 2019 où les Total 24 Heures de Spa vont jouer un rôle crucial au moment de faire les comptes en fin d’année.
Difficile de connaître plus de malchance après trois courses en Endurance…
“Trois courses, aucun point pour la #88 de pointe. C’est difficile à accepter pour une auto soutenue par le constructeur qui a joué le titre en 2018. Ce qui est rageant, c’est qu’on ne peut pas dire que la compétitivité n’est pas au rendez-vous. Trois courses, trois contacts, trois abandons. Le bilan est sans appel. Il y a eu aussi l’erreur stratégique en qualification à Silverstone (la séance a été interrompue par un drapeau rouge, ce qui a fait partir des leaders en fond de grille, ndlr). En huit ans de Blancpain GT Series, c’est quelque chose qui n’est pas arrivé souvent. C’est le sport auto.“
Le gros morceau de l’année arrive…
“Un championnat à 25 autos donne de la limpidité. Avec plus du double, c’est plus compliqué. Il faudra trouver le bon dosage avec des qualifications qu’il faudra gérer au mieux. Pourquoi on part tard en qualif ? Juste pour espérer avoir un tour clair. Il faut aussi assurer la séance pré-qualificative au cas où il y aurait un souci en qualification. A chaque fois qu’on a pris des risques, on l’a pris dans la tête. La performance est là, nos autos sont devant. On retrouve la même performance qu’en 2017. Cependant, on est dans une logique où il y a moins de logique. Forcément, on se pose des questions.”
Il faut toujours prendre plus de risques en piste ?
“Soit on revient quatre ans en arrière en la jouant ‘safe’, mais ça ne gagne pas, soit on prend des risques, mais il faut que tout soit aligné. C’est devenu un championnat de pénalité.”
Le remplacement de Michael Meadows en cours de saison reste une surprise…
“Michael fait toujours partie de l’équipe et il sera de retour avec nous pour la finale. Est-ce qu’il fait partie des dix meilleurs pilotes Blancpain GT Series ? La réponse est non. Est-ce qu’il est dans les 25 ? La réponse est oui. Michael fait toujours partie de l’équipe. Il sera d’ailleurs avec nous à Barcelone.”
Vous êtes confiant avant d’aborder les Total 24 Heures de Spa ?
“Spa n’est plus du sport, mais de la survie. Le calendrier n’est pas simple à gérer. Il y a eu Misano, les essais de Spa, le FFSA GT à Lédenon, Zandvoort. On a trois jours pour préparer Spa. Avant, on avait dix jours ouvrables. Spa est notre course de l’année. Les équipes qui font les deux programmes sont pénalisées vu le calendrier 2019. Il y aura 72 GT3 à Spa. L’objectif sera donc de trouver le bon timing entre patience et attaque.”
La stratégie à mettre en place aura autant d’importance que par le passé ?
“Avec les safety-cars, il faudra rester dans le tour du leader, être là dans les six dernières heures. Il faudra voir où on met le curseur. S’il fait frais, la Mercedes sera bien. S’il fait chaud, la performance risque de ne pas être là pour le jouer le général. Le facteur température va déterminer la stratégie. Si c’est pour passer de P17 à P13, cela ne sert à rien d’attaquer comme un fou. A Spa, on a une fenêtre stratégique très étroite. Jusqu’à maintenant, on pouvait faire la différence dans le secteur 2. En 2018, il faisait chaud et c’était nettement plus compliqué. La compression dans le Raidillon fait qu’on roule plus haut. Si la chaleur est au rendez-vous, le grip mécanique est moins important.”
Vous voyez une marque favorite ?
“(Il réfléchit). J’en vois au moins trois : Bentley, Porsche, BMW. Pour nous, l’enjeu est la préparation en trois jours. On passe déjà de quatre à deux autos. Il y a un bon coup à jouer en Silver Cup avec la #90, mais attention à ne pas se tromper d’objectif…”