Team AKKA-ASP passe à la vitesse supérieure cette saison en Blancpain GT Series avec cinq Mercedes-AMG GT3 en Blancpain GT Series Endurance et quatre en Sprint. La difficulté ne fait pas peur à Jérôme Policand qui fait partie des patrons d’équipe les plus respectés de tout le paddock GT international. Après Misano en Sprint, Team AKKA-ASP prépare activement les Total 24 Heures de Spa où quatre Mercedes-AMG GT3 seront au départ. Deuxième en 2016, troisième en 2017, Team AKKA-ASP compte bien monter sur la plus haute marche du podium dimanche 29 juillet à 16 h 30. Avant d’aborder le rendez-vous majeur de l’année, Jérôme Policand a fait le point avec nous sur la première partie de saison de Team AKKA-ASP.
Quel est le bilan à mi-saison ?
“Avant Misano, nous étions à la deuxième place du championnat, ce qui est encourageant. Le premier bilan est plutôt positif. On a tout de même raté un podium à Monza suite à une pénalité. Silverstone s’est bien déroulé avec une 2e place et la 4e place du Paul Ricard est positive car le tracé n’était pas le plus favorable à la Mercedes. En revanche, il nous manque encore un peu de performance en Sprint. On est là, mais un peu en retrait face à WRT.”
La logistique n’est pas trop compliquée à mettre en place ?
“En Endurance, nous avons deux équipes bien séparées pour une question de logistique et de langue. Les deux Mercedes-AMG GT3 qui roulent en Pro-Am et Am sont suivies séparément des trois autres. Depuis le début de saison, nous avons fait rouler 15 pilotes en Endurance en seulement trois meetings et 24 depuis le début de saison sur les trois championnats que nous couvrons. On reste malgré tout une petite équipe. A Spa, le staff sera de 41 personnes sans compter les pilotes. Nous sommes 33 en Endurance et 18 en Sprint.”
Vous aurez un soutien supplémentaire à Spa de la part de AMG ?
“Le soutien sera identique aux autres manches si ce n’est la présence en plus d’un ingénieur et d’un technicien. Il ne faut pas croire que AMG favorise Team AKKA-ASP. On reste bien dans le compétition-client.”
Cette année, c’est la victoire ou rien ?
“(rires). Les Total 24 Heures de Spa restent une des rares courses d’endurance où le facteur réussite est déterminant. Une course comme Le Mans peut être limpide car la compétition est bien établie en fonction des catégories. A Spa, il y a 60 autos avec deux facteurs importants : les pénalités et le trafic. Ces deux facteurs influent beaucoup sur la course. Le problème est que si on ne prend pas de risque, ça ne passe pas. Si on repense à nos deux dernières participations, on termine 2e après une pénalité avant le départ en 2016, et 3e l’an dernier avec une auto qui se bat pour la gagne, mais qui a connu deux accrochages. A chaque fois, on se bat pour la victoire alors qu’en moyenne, nous sommes entre la 5e et la 8e auto la plus vite. Spa reste une course à part où il faut beaucoup de réussite. Un drive through à Spa ne fait pas perdre 20s, mais bien plus d’1 minute. Il faut rattraper 1s pendant 3 heures pour combler le retard.”
La préparation se doit donc d’être encore plus poussée que par le passé ?
“On va se préparer au mieux comme on le fait à chaque fois. Le détail est plus dans la stratégie. Il y a deux ans, la stratégie était très ouverte, elle l’était un peu moins l’an dernier en fin de course et elle sera plus fermée cette année suite à la présence des quatre jokers (les équipes pourront s’arrêter à quatre reprises sans respecter le temps imparti, ndlr). On peut gagner de 10 à 20 secondes, mais il n’y a plus aucun intérêt à faire des doubles relais avec les pneus. Il faudra optimiser la consommation.”
L’arrivée du joker va dans le bon sens ?
“Oui, si on passe 50 minutes sous safety car et que l’arrêt ravitaillement arrive. A Spa, je serais partisan pour tout ouvrir même si j’ai bien conscience que ce n’est pas facile. Cette course est tellement différente.”
Les changements de pneus sont prépondérants ?
“Il y a trois ans, on changeait les pneus en 26 secondes. Nous sommes maintenant à 18 secondes et on trouve cela très moyen. Quand on est arrivé en Blancpain GT Series, nos mécaniciens, qui s’occupaient des pneus, travaillaient aussi sur les autos. On a ensuite recruté des jeunes qui étaient aussi sportifs. On a un châssis dédié au changement des pneus, on a fait venir un coach sportif, le matériel a bien évolué. On consomme beaucoup de jantes. Nous sommes à 26 jantes depuis le début de saison. La prochaine étape est certainement d’avoir un personnel dédié uniquement aux pneumatiques.”
Le Sprint est aussi intéressant que l’Endurance ?
“Tout le monde est ravi d’être en Sprint car c’est de la compétition pure. WRT et Grasser Racing Team ont mis la barre très haut. Il est possible de s’en rapprocher mais cela prend du temps.”
La Blancpain GT Series va dans la bonne direction ?
“Le tout est de savoir comment mixer Pro, Pro-Am, Am et Silver. La vraie question est là. SRO est très à l’écoute, le championnat est très ouvert d’esprit et pas figé. Pour ma part, je suis limité par le budget et je connais la limite. On fait face à un numéro d’équilibriste, mais c’est une façon de tirer l’équipe vers le haut. Je suis ravi d’avoir la confiance de AMG, AKKA, Minerva et Sofina. La volonté de mettre tout cela en place vient de moi. Je suis fier de porter les couleurs d’AMG, mais il ne faut pas oublier que cela reste de la compétition-client. Nous ne sommes pas le bras armé d’AMG et ce n’est pas non plus un programme officiel déguisé.”