Jim McWhirter est le patron de l’équipe JMW (ses initiales) Motorsport qui évolue depuis des années en GTE, en particulier en Europe. Adepte des courses d’endurance, il a été de toutes les campagnes Le Mans Series puis l’European Le Mans Series depuis la création de son écurie.
Il était d’abord, au départ, impliqué dans l’écurie Virgo Motosport (co-directeur) qui remporta la catégorie GT2 des Le Mans Series en 2007 et 2008, et décide ensuite, l’année suivante, de monter sa propre écurie. « Nous avons commencé en 2006 après avoir roulé en Ferrari Challenge. J’ai alors rencontré le responsable de Virgo Motorsport, nous voulions monter d’un cran, il avait une voiture disponible et c’est comme cela que tout a débuté. Nous avons fait nos premiers pas en GTE-Pro avec des hommes tels que Rob Bell, Gianmaria Bruni, Allan Simonsen, Jaime Melo qui sont tous devenus pilotes usine par la suite. C’était compliqué de courir à ce niveau et ce fut une chance pour nous que ça devienne le GTE-Am. Cependant, il faut trouver l’équilibre entre un Bronze, un bon Silver et un excellent pilote professionnel. Ce fut le cas l’an dernier avec le titre ELMS et notre victoire aux 24 Heures du Mans en GTE-Am. »
JMW Motorsport a toujours évolué en GTE dans les championnats badgés ACO. Même si la structure est concentrée sur sa Ferrari 488 GTE, le patron n’en garde pas moins un œil sur ce qui se passe à coté. « Nous avions pensé un moment à venir en LMP, mais je viens d’Irlande du Nord. Il est plus simple d’expliquer et de « vendre » le fait que l’on roule avec une Ferrari, une Porsche ou une Aston Martin qu’avec un prototype. Dans mon pays, on est plus « branché » moto ou rallye. C’est plus facile pour les gens de comprendre ce que vous faites avec une GT, donc monter en LMP a vite été abandonné. Par contre, notre voiture est une évolution du modèle GT3. Nous avons eu l’intention de faire Bathurst, mais au niveau timing, c’était trop juste. Cependant, j’aimerais disputer les 12 Heures de Bathurst et les Total 24 Heures de Spa. De plus, notre team manager, Tim Sugden, est très impliqué en Blancpain GT Series (chez Strakka Racing, ndlr). Même s’il y a cette histoire de BOP qui est différente de celle que nous connaissons, je trouve ce championnat très excitant, avec beaucoup de constructeurs et de très bons pilotes, c’est bien organisé et avec une belle exposition. »
Les 24 Heures du Mans 2017 reste à l’heure actuelle le meilleur résultat, avec le titre ELMS, de JMW Motorsport. Pourtant, la structure ne s’est pas facilitée la tâche avec une toute nouvelle voiture engagée pour Le Mans (ils ont réceptionné la 488 GTE quelques semaines seulement avant la course) et des pilotes qui n’avaient jamais roulé ensemble : « Ce fut l’un des meilleurs moments depuis la création de l’équipe. Cela nous a pris près de 10 ans pour réaliser ça alors que plusieurs fois nous étions bien placés pour gagner au Mans ! Ce fut une combinaison de plusieurs éléments dont les pilotes qui ont fait du super travail même si ils n’avaient pas été associés auparavant. L’équipage avait été choisi délibérément. Nous avons rencontré Dries Vanthoor seulement deux semaines avant la Journée Test, il n’avait jamais piloté de Ferrari par le passé. Rob (Smith) a été un Bronze très solide et Will (Stevens) a fait du super travail. A la maison, ma famille était ravie pour moi et ce fut aussi spécial pour les gens dans mon pays qui savent ce que je fais. Je m’en rappellerai toute ma vie, ce fut un sentiment formidable. »
L’équipe britannique est désormais concentrée sur la fin de saison 2018 avec une finale ELMS qui arrive à grands pas. Pour le moment, tout reste possible, l’équipe occupant la 2e place au championnat. « Cette année, nous avons un équipage tout à fait nouveau avec Alex MacDowall, Liam Griffin et, notre Platinum, Miguel Molina. Ça a bien commencé avec une victoire au Paul Ricard. Malheureusement, il y a eu le Red Bull Ring où nous n’avons marqué aucun point (souci de boîte de vitesses, ndlr). Puis nous avons remporté une autre course autre, à Silverstone. L’équipage s’entend vraiment bien. Nous voulons gagner ce championnat, nous savons que ce ne sera pas facile, nous verrons ce qui se passera à Portimão (JMW Motorsport est à 11.5 points du leader GTE, Proton Competition avec la Porsche 911 RSR #88 avant la finale, ndlr). »
Miguel Molina est le véritable pilier de l’équipe. L’actuel pilote usine Ferrari a beaucoup apporté à l’écurie. « Miguel nous amène tout son professionnalisme. Il intéresse nos partenaires, il travaille avec eux. De plus, il aide vraiment bien nos deux pilotes. Il les conseille, leur parle et les encourage beaucoup ! Du coup, ils progressent petit à petit, secteur par secteur tout au long du week-end. Et ça paie car, à Silverstone, ils ont beaucoup travaillé et ont gagné. Une dernière chose sur lui : il ne baisse jamais les bras comme il l’a prouvé au Paul Ricard et à Silverstone (il a dépassé dans le dernier tour pour offrir la victoire à l’écurie, ndlr). Même si sur le papier ça parait « foutu », il ne parle pas à la radio, il pilote, c’est tout, et il va vite ! »
Dès que la page ELMS 2018 sera tournée, Jim McWhirter va pouvoir se concentrer sur 2019 où, comme il l’avoue, rien n’est encore décidé. « Nous n’avons rien défini pour le moment. Nous attendions le calendrier 2019 pour voir s’il y avait des circuits qui changeaient ou si une manche allait être ajoutée. Nous sommes dans une catégorie Am, ça fonctionne avec pas mal de budgets et cela va donc dépendre de ce que veulent faire les pilotes l’année prochaine.» Cependant, pour la pérennité du championnat, il dresse un constat. « Je pense que l’ELMS a besoin de plus de voitures en GTE. Il faudra peut être doubler le nombre ou au moins atteindre 10 autos sur la grille. Il y a Porsche et Ferrari, il manque un constructeur qui pourrait revenir. J’espère que ça se fera, je sais que c’est compliqué, mais il en va de la crédibilité de ce championnat. »