Lorsque John Doonan, le président de l’IMSA, a été nommé en octobre 2019, il ne savait pas encore l’année particulière qui l’attendait. L’ancien Directeur de la Compétition pour Mazda North America Operations a été confronté à des circonstances sans précédent avec la pandémie COVID-19 qui a bien entendu frappé de plein fouet le championnat IMSA WeatherTech SportsCar. Alors que la 68e édition des 12 Heures de Sebring, qui devait avoir lieu le 21 mars dernier, se déroulera ce week-end, John Doonan a dressé un bilan de la saison 2020 du point de vue organisationnel mais aussi sportif et parle de l’avenir de la série…
Le baptême du feu pour John Doonan a été des plus compliqués. A peine installé, il a dû faire face à la pire crise que l’IMSA n’ait jamais connue. « Il y a eu de nombreux obstacles imprévus à surmonter dès 2020. Peu après l’ouverture de la saison des 24 Heures de Daytona, on devait enchaîner avec Sebring puis Long Beach, mais tout a changé avec la pandémie ! Nous avons dû remanier notre calendrier en nous basant sur les exigences des Etats, les confinements, les protocoles sanitaires et d’autres choses de ce genre. Nous avons repoussé beaucoup de nos événements du 4 juillet à mi-novembre. Imaginez, il y a une semaine environ, à Petit Le Mans, nous aurions dû terminer la saison. Nous avons vraiment persévéré, avons dû réajuster des choses, repenser notre emploi du temps, la façon dont nous agissons et c’est ce qui a permis à tout le monde de garder son énergie. Nous avons beaucoup appris au cours de ces douze derniers mois. Je dirais que le fait de pouvoir reprendre les courses, pour nous tous, début juillet, était probablement la plus grande priorité et le plus bel accomplissement. Je me présente à la course de ce week-end, à Sebring, avec un sentiment très positif. Nous arrivons avec un formidable élan malgré tout ce que nous avons affronté et je me sens donc vraiment très positif. »
La pandémie de Covid-19 ne doit pas occulter le côté sportif car les différentes manches de la saison ont été superbes, indécises et haletantes. La preuve en est les différents titres qui restent encore à attribuer : Pilotes, Equipes et Constructeurs en DPi, Constructeurs en GTLM et toutes les couronnes en GTD… « La catégorie GTD a été superbe cette année avec la diversité des constructeurs, le fait que Lamborghini ait débuté la saison par une victoire aux 24 Heures de Daytona. En juillet, Lexus a commencé une série de quatre victoires dont trois d’affilée. Ferrari est revenu à Petit Le Mans, fait une course exceptionnelle et l’emporte. Quand on voit à quel point le peloton est serré, qu’il s’agisse des qualifications ou de la course, et une fois celle-ci terminée, tout le monde a été en tête à un moment donnée et même si Lexus est en train de signer une série de victoires, Acura mais aussi John Wright et son équipe (Porsche) sont toujours dans la course au titre en ce moment. Il y a donc eu une grande variété.
Il est clair que Corvette a connu une année historique GTLM en mettant la C8.R sur la voie de la victoire à Daytona mais aussi en inscrivant 100 victoires au tableau alors que la voiture est toute nouvelle. Porsche a remporté une victoire à Petit Le Mans, la variété est donc l’une des particularités de notre travail en IMSA. BMW a mis quelques victoires à son palmarès dont les 24 Heures de Daytona et lutte encore pour le titre.
En DPi, vous regardez la course de Petit Le Mans pendant 10 heures et cela se joue à 10 minutes du dénouement lorsque Ricky Taylor et Pipo Derani s’affrontent. Acura, bien sûr, a fait une belle saison et a aussi annoncé de bonnes nouvelles avec de nouvelles équipes en DPi l’an prochain, Mike Shank en GTD a été victorieux, ils ont été forts. Il y a donc eu une grande variété et les courses ont été absolument spectaculaires. Il y a eu tellement d’épreuves serrées qui ne rien n’est encore décidé. Sebring peut encore introduire toutes sortes de rebondissements ! »
L’épreuve de Sebring passée, il sera alors temps de basculer sur la prochaine saison où les quatre catégories ont été maintenues en particulier celle du GTLM où seules Corvette et BMW sont pour le moment confirmées (mais Ferrari pourrait débarquer lire ICI). Mais la grande nouveauté de 2021 sera l’introduction des LMP3. « Dans le cadre de notre saison 2021, nous ajoutons une nouvelle catégorie, le LMP3 (Le Mans Prototype 3) à grand spectacle. Il s’agit d’une excellente plateforme pour les jeunes pilotes ainsi que pour les pilotes qui ne sont pas de nature professionnelle. Un pilote qui participe à une catégorie de prototype comme le LMP3 comme passe-temps et qui s’associe à une jeune étoile montante va nous offrir des opportunités vraiment uniques dans le championnat IMSA WeatherTech, qui commencera à Daytona. »
John Doonan est aussi impliqué dans le processus LMDh avec l’ACO de Pierre Fillon et le WEC. « En septembre dernier, au Mans, nous avons annoncé le règlement final du LMDh qui sera la catégorie reine du championnat IMSA WeatherTech. En termes de contenu de course, nous nous positionnons vraiment bien en faisant participer les gens à ce sport et en permettant aux constructeurs de présenter leurs marques afin de remporter des victoires dans la catégorie Prototype. Les deux ou trois prochaines années vont continuer à voir l’IMSA se développer et donner à nos équipes la possibilité de participer à des plateformes qui sont de nature mondiale. Nous sommes vraiment en bonne position. Nous ne nous reposons pas sur nos lauriers à l’IMSA. Nous allons continuer à travailler dur et je pense que dans trois ou quatre ans, nous allons regarder en arrière et réaliser que nous avons traversé la tempête peut-être la plus difficile qu’on puisse imaginer dans une carrière. Ce sera alors un moment de fierté ! »