Johnny Dumfries, de son vrai nom John Colum Crishton-Stuart, a participé aux 24 Heures du Mans à cinq reprises dont une victoire en 1988 au volant d’une Jaguar XJR-9 LM de Tom Walkinshaw Racing (TWR). Il était alors associé à Jan Lammers et Andy Wallace. Avant cela, Johnny Dumfries a roulé en Formule 1 (1986) sur une Lotus-Renault du JPS Team Lotus. Il y a quelques années, Johnny Dumfries s’était confié, en français, à Claude Foubert.
Comment avez-vous intégré l’équipe TWR (Tom Walkinshaw Racing) ?
“C’était au cours de la saison 1987. Lors des 1000 Km de Brands Hatch, en Championnat du Monde, je conduisais la Porsche 962 de Richard Lloyd Racing avec Mauro Baldi et nous avions terminé deuxième derrière la Jaguar XJR-8 TWR de Raul Boesel et John Nielsen. C’était une course très dure, sous une chaleur très forte, nous avions poussé très fort pour ce résultat. Quand je me suis rendu auprès de la direction de course pour la conférence de presse, Tom Walkinshaw est arrivé à côté de moi et m’a dit : « Si tu veux parler avec moi de la saison prochaine, appelle-moi ! » Je l’ai donc appelé et j’ai signé un contrat pour 1988. »
Etiez-vous confiant pour décrocher un bon résultat au Mans ?
« Non, quand on ne termine pas des courses avant Le Mans, c’est mauvais pour la confiance. Tous les pilotes veulent gagner chaque course. Mais pendant les essais libres et les qualifications, Jan (Lammers) est allé très vite et a fait un bon set-up pour la voiture. »
Comment Tom Walkinshaw a-t-il choisi les équipages pour Le Mans ?
« Aucune idée. Pourtant tous les pilotes du Championnat du Monde étaient là, et la même chose pour ceux qui couraient dans le championnat IMSA aux USA. »
Aviez-vous roulé tous les trois ensemble avant Le Mans ?
« Oui, nous avions fait des essais en configuration « low drag » sur le circuit Paul Ricard en raison de la longueur de sa ligne droite. »
En 1988, les Porsche usine avaient été beaucoup plus rapides que les XJR-9 en qualifications. Pensiez-vous quand même que les Jaguar pouvaient battre les 962C ?
« Les Porsche étaient toujours une menace au Mans. Les équipes Porsche y avaient gagné plusieurs fois et ils faisaient toujours des moteurs très forts pour Le Mans, mais l’équipe TWR était très professionnelle et les moteurs très solides. Nous étions préparés pour la bagarre ! »
Quelle était la stratégie de TWR pour les 24 Heures du Mans 1988 ?
« C’était “Ne mets pas la voiture en panne ! Ne la crashe pas ! Pilote de façon régulière”. On avait un maximum de vitesse pour les lignes droites, on avait donc un set-up « low drag » ce qui faisait que la voiture était très sensible dans les virages. »
Vous avez piloté quelques-uns des prototypes les plus célèbres : Sauber-Mercedes C9, Porsche 956 et 962, Jaguar, Toyota 89C-V, Cougar C26S-Porsche. Y en a-t-il en a une qui sort du lot ?
« Ma favorite, c’est la Sauber C9. Je l’ai pilotée en 1987 (Kouros Racing avec Chip Ganassi et Mike Thackwell, abandon boîte de vitesses, ndlr) et c’était une voiture incroyable, avec un moteur très puissant, formidable. C’étaient mes premières 24 Heures, j’avais perdu ma place en Formule 1 et donc ma mentalité était très agressive. La C9 était une voiture avec un bon équilibre, alors je pouvais la conduire vite avec confiance. J’ai réalisé le meilleur tour en course dans les premiers tours avant que la voiture ne tombe en panne. »
Y-a-t-il une course du Mans pour laquelle vous avez des regrets ?
« Oui, la dernière fois que j’ai fait les 24 Heures, j’ai piloté une Cougar C26S (Courage Compétition avec Anders Olofsson et Thomas Danielsson, ndlr), mais cette année-là, en 1991, la voiture n’était pas compétitive. »
Suivez-vous encore le sport automobile, et en particulier l’endurance ?
« Non, la Formule 1 m’ennuie et le problème vient de la réglementation et de l’argent. Il faut faire des règlements pour créer un mode de course passionnant. Il faut limiter les budgets parce que des équipes comme Ferrari, Mercedes ou Red Bull ont des budgets illimités et c’est impossible pour les petites équipes d’être compétitif. Le WEC manque de grands constructeurs automobiles et de couverture TV. J’aime mieux regarder le rugby ! Mais, en règle générale, j’aime mieux faire du sport que de le regarder à la TV. C’est rare que je sois assis devant la TV. »