Jonathan Hirschi est pensionnaire à plein temps chez Graff depuis le début de l’année (ORECA 07 #39). Il fait équipe avec Tristan Gommendy et Alex Cougnaud en ELMS, ce dernier ayant été remplacé par Vincent Capillaire aux 24 Heures du Mans. Nous avons fait le point avec lui sur sa saison, mais aussi sur le VLN, championnat qu’il dispute cette année…
Nous sommes à mi-saison en ELMS. Comment s’est-elle passée jusqu’à maintenant ?
« Ce fut difficile. Déjà, nous avons fait moins d’essais que la concurrence. Ensuite, au prologue ELMS au Paul Ricard, nous étions plutôt dans le coup. Entre le Prologue et la course, une différence de température entre les deux événements était sensible, ce qui a changé la donne. De plus, un contact, alors que j’étais au volant, a hypothéqué nos chances de bons résultats. A Monza, nous avons eu les soucis mécaniques que l’on connaît (provoquant une sortie de piste, ndlr). Après les 24 Heures du Mans, beaucoup de changements ont été effectués, notamment au niveau des ingénieurs. Il s’agissait de nous caler entre pilotes, l’équipe, les ingénieurs et le team manager. Nous avons globalement fait du bon boulot mais ça n’a pas payé car nous n’avions pas la bonne stratégie. Nous nous sommes arrêtés un peu trop tôt et le safety car nous a fait perdre un tour ! Le niveau en ELMS cette année est très très élevé, c’est une bonne chose pour tout le monde ! Pour nous aussi car c’est gratifiant lorsque l’on fait un bon résultat. Cependant, de notre côté, le bilan ELMS à mi-saison est quand même moyen surtout lorsque l’on sait que Graff en 2017 a signé une pole position et gagné à deux reprises. Nous aimerions rentrer dans le top 5 voir un podium. Il nous reste deux courses ! »
Au milieu de tout cela, il y a eu une sorte de bulle, les 24 Heures du Mans, où tout a bon marché avec pour le moment une 2e place en LMP2 (en attendant la décision de l’appel de G-Drive Racing)…
« Pour cette course, nous avons eu un nouvel ingénieur, Renaud Dufour (qui évolue aussi en Blancpain GT Series pour le compte de Black Falcon, ndlr). Tout s’est alors bien goupillé ! La Journée Test s’est bien passée puis nous avons eu quelques petits soucis techniques en essais libres. Je n’ai même pas pu rouler et j’ai juste fait quelques tours lors des qualifications. En course, tout s’est bien déroulé. Nous avons eu un peu de chance, il en faut aussi en sport automobile. Nous n’avons eu aucun souci mécanique et les pilotes n’ont presque fait aucune bêtise : juste un contact pour moi avec une GT, mais sans perte de temps lors du changement du capot avant, et deux “stop and go” pour Tristan. Au niveau stratégie, notre ingénieur a été super bon. La course s’est décantée au petit matin et nous nous sommes retrouvés en position de pouvoir monter sur le podium. Je suis vraiment ravi car après six participations, je décroche mon premier podium. »
Depuis le début de l’année, vous êtes associé à un autre pilote qui a de l’expérience : Tristan Gommendy. Comment se passe votre relation ?
« Je l’avais déjà croisé auparavant en ELMS et en WEC mais je ne le connaissais pas personnellement. On s’entend vraiment bien et ce fut immédiat dès nos tests à Motorland. On parle librement et il a aussi pas mal de ressentis techniques car il a beaucoup d’expérience. On partage plein de trucs et je dois dire que c’est très constructif d’être avec Tristan ! »
Vous êtes un habitué des 24 Heures de Spa également, mais on ne vous a pas vu cette année. Pourquoi ?
« Cette année, je suis impliqué en VLN au sein de l’équipe Walkenhorst Motorsport (BMW M6 GT3, ndlr). Ça se passe très bien. J’ai dépassé les 100 tours sur la Nordschleife ! Pour ce qui est des 24 Heures de Spa, il est vrai que je les ai faites sept fois dont quatre sur la Jaguar d’Emil Frey Jaguar Racing. Le contrat n’a pas été renouvelé car l’équipe passait sur Lexus et avait d’autres critères de sélection. Nous avons fait de belles choses avec la Jaguar, j’en garde de bons souvenirs. C’est une page qui se tourne, mais j’ai cherché pour les 24 Heures, j’ai eu plusieurs contacts. Cependant, trouver un baquet en Pro est vraiment difficile, les places sont chères. »
Vous qui roulez pour le compte de Walkenhorst Motorsport tout au long de l’année, avez-vous été surpris par leur victoire aux 24 Heures de Spa ?
« Pas du tout ! C’est juste une superbe équipe. Toutes ces structures évoluant en VLN ont du très bon personnel, notamment au niveau ingénieurs. Par contre, ce ne sont pas des écuries qui se montrent, car en VLN, il est interdit d’avoir des immenses structures comme on peut trouver en WEC ou en Blancpain GT Series. Cela veut dire que s’ils ne font qu’une ou deux piges dans un autre championnat, ces équipes n’investissent pas leur budget là dedans. Cela veut aussi dire que lorsqu’on les voit dans le paddock, ce n’est pas impressionnant comme dans certaines équipes mais le travail, la partie humaine, la voiture et le savoir faire sont très bons. Cela faisait longtemps que je n’avais plus roulé dans une écurie allemande et il faut bien dire aussi que leur rigueur, comme chez Manthey Racing ou les équipes roulant pour Mercedes, est excellente. En tout cas, les teams de VLN sont vraiment très compétitifs, en particulier en termes de stratégie car la Nordschleife est un circuit tellement compliqué. Donc pas surpris que les gens en VLN fassent du bon boulot en Blancpain…»
Qu’allez-vous faire en 2019 ? Déjà des idées ?
« Ça fait au moins deux ans que je fais du LMP2 en WEC d’abord l’an dernier puis une pige chez Graff en ELMS puis une saison complète de nouveau chez eux. En GT, il faudrait que je trouve un volant, mais je sais que ce n’est pas facile. Donc si je peux continuer dans la lignée en LMP2 plus faire les 24 Heures du Mans, pourquoi ne pas continuer…S’il est possible de faire les 24 Heures de Spa ou un peu de Blancpain GT Series Endurance, pourquoi pas non plus, mais je veux le faire dans des bonnes conditions car si c’est pour faire du Pro-Am, je préfère rester à la maison. »
