Dire que Jules Gounon fait partie des pilotes de l’année n’est pas usurpé. Vainqueur des Total 24 Heures de Spa chez Audi Sport Team Saintéloc dès ses débuts en tant que pilote officiel Audi, l’Ardéchois s’est aussi offert le titre du très réputé ADAC GT Masters sur une Corvette C7 du Callaway Competition. Ses performances en Blancpain GT Series au volant d’une Mercedes-AMG GT3 du Team AKKA-ASP, sa prestation sur l’Acura NSX GT3 aux 8 heures de Californie et sa pointe de vitesse aux 24 Heures de Daytona et 12 Heures de Sebring sur l’Audi du Land Motorsport ne resteront pas sans lendemain.
En attendant d’en savoir plus sur sa saison 2018, Jules Gounon est de retour à Daytona Classic sur une Greenwood Corvette inscrite dans le plateau A. C’est d’ailleurs lui qui a décroché la pole de son groupe. Si la manifestation historique est le terrain de jeu des anciens pilotes, Jules Gounon ne boude pas son plaisir de rouler sur une auto plus âgée que lui : « Je suis venu ici pour la première fois en 2014 et nous avons gagné l’année suivante. Cette Greenwood a 22 ans de plus que moi. Elle m’a appris quelque chose de nouveau et je n’ai pas hésité une seule seconde à venir rouler ici. Dès que j’ai la possibilité de prendre le volant de quelque chose qui a quatre roues, je suis partant. »
Jules Gounon a découvert l’endroit avec son père Jean-Marc, qui a depuis laissé sa s’exprimer sa progéniture : « J’ai sauté sur l’occasion de rouler avec mon père les deux premières années. Les sensations au volant sont étranges car rouler à 300 km/h sur une auto de plus de 40 ans n’est pas courant, qui plus est sur le banking de Daytona. »
Comparer une Audi R8 LMS et une Greenwood Corvette n’a pas grand intérêt, même si Jules Gounon se sert de l’ancienne pour développer sa connaissance de l’endurance : « La philosophie de l’historique m’est très utile pour l’endurance. Cela m’apprend à écouter l’auto et à en prendre soin. Quand on est en tête de la course, cela ne sert à rien de prendre les vibreurs et de la pousser dans ses derniers retranchements. Il faut faire le talon pointe sur une auto puissante équipée d’un moteur V8 de 8.3 litres. On est aussi loin de la sécurité des autos actuelles. J’ai beaucoup de respect envers les pilotes qui ont roulé sur ces autos. En 2015, je me battais contre des Porsche 935, dont celle de Nico Verdonck durant la nuit. Je suivais cette Porsche et ses turbos incandescents. Un moment inoubliable. Sur les GT actuelles, il faut enchaîner les tours qualifs durant 24 heures comme on l’a fait à Spa.
« Ici, il faut faire différemment. On travaille sans les données, ce qui m’aide aussi à mieux comprendre l’auto. Lorsque j’ai débuté en historique, je venais de la monoplace où on parlait de modifier la hauteur de caisse d’1mm. Là, on me parlait de 2cm. Une voiture historique a une âme. »
La Greenwood Corvette sur laquelle roule Jules Gounon appartient à Eric Roturier et elle est supervisée par Patrick Caldentey. Le modèle utilisé a été utilisé par une équipe canadienne aux 24 Heures du Mans, mais sa prestation a été écourtée puisqu’elle n’a pas été autorisée à prendre le départ suite à une histoire pour le moins rocambolesque sur laquelle nous reviendrons ultérieurement.
Le programme 2018 de Jules Gounon n’est pas encore défini, mais le jeune pilote aspire à un volant officiel en GT, une juste récompense pour ses performances. « Je viens de disputer ma plus belle année, » souligne le vainqueur des Total 24 Heures de Spa. « Il y a encore deux ans, je n’avais rien et je lavais des voitures chez mon père pour gagner de l’argent. Je n’ai rien lâché et je suis enfin récompensé. Cependant, rien n’est acquis car il faut maintenant concrétiser avec un volant officiel. »