Julien Canal (Vaillante Rebellion) : “La performance se jouera aussi au stand”

#31 VAILLANTE REBELLION (CHE) ORECA 07 GIBSON LMP2 JULIEN CANAL (FRA)

Né au Mans, Julien Canal a suivi les traces de son père qui a figuré une fois sur la liste des engagés (non partant) en 1974. Le Sarthois va prendre son 8e départ aux 24 Heures du Mans, le 4e en LM P2. Cumuler un emploi du temps professionnel chargé et un rôle de pilote en Championnat du Monde d’Endurance de la FIA n’est pas chose facile mais Julien Canal sait comment concilier les deux. Son association avec Nico Prost et Bruno Senna sur une ORECA 07 alignée sous la bannière Vaillante Rebellion a de quoi le rendre heureux.

Quel est votre regard sur ces nouvelles LM P2 ?

“Avec 100 chevaux de plus, la voiture est plus sympa à piloter. Tourner en 3.30 mn au Mans me semblait impossible, surtout quand je repense à mes tours 4.00 mn en GTE-Am. C’est assez fou car les chronos se font en toute sécurité. Les points de freinage sont forcément plus tôt. Maintenant, on arrive à passer le Tertre Rouge en 4e. Le dépassement des GT se fait en sécurité. Les nouvelles LM P2 sont plus excitantes à piloter.”

#31 VAILLANTE REBELLION (CHE) ORECA 07 GIBSON LMP2 JULIEN CANAL (FRA) BRUNO SENNA (BRA) NICOLAS PROST (FRA)

Le physique est mis à rude épreuve ?

“Le paysage défile très vite mais l’adaptation est assez facile. L’auto est plus physique, notamment au niveau du cou. Après une vingtaine de tours bouclés lors de la Journée Test, je ressentais quelques douleurs. J’ai accentué ma préparation physique. Depuis près de deux mois, je suis passé à trois séances de sport par semaine au lieu de une à deux. Le rythme est plus élevé et il faut être plus tendu sur le volant.”

La confiance est de mise ?

“J’espère que ça ne se jouera pas à celui qui aura le moins de souci. Il faut s’attendre à rouler à fond tout le temps. A Silverstone, nous avons connu quelques pépins en essais et à Spa durant la qualification. La performance sera jouera aussi au stand.”

Comment s’est passée l’intégration chez Vaillante Rebellion ?

“L’équipe était cataloguée comme écurie LM P1 non hybride et c’est rassurant de voir une équipe qui se donne les moyens de ses ambitions. Il y a forcément eu une remise en question. Maintenant, tout est axé sur la performance. Tout le team a un esprit ouvert. Fabrice Roussel et Nicolas Brisseau apportent leur vision du LM P2. Je ne pensais pas que nous serions à ce niveau-là en aussi peu de temps.”

Partager son baquet avec un Prost et un Senna est forcément particulier…

“Je connaissais Nico de l’époque du Graff en Formule Renault. Il était déjà très bon technicien. Bruno a un caractère différent. Les deux donnent beaucoup malgré la pression du nom. Ils sont positifs et vont toujours de l’avant. A l’origine, je devais rouler avec Bruno et Nelson Piquet Jr.”

#31 VAILLANTE REBELLION (CHE) ORECA 07 GIBSON LMP2 JULIEN CANAL (FRA) BRUNO SENNA (BRA) NICOLAS PROST (FRA) 2ND PLCE LMP2

La porte GT est refermée ?

“Tout ce que je veux, c’est avoir une bonne auto et de bons coéquipiers. Dans le cas contraire, je préfère m’abstenir. Le LM P2 passe avant le GT. Ici, je retrouve le karting à très haut niveau.”

Etant né au Mans, qui plus est avec un père pilote, vous avez baigné très jeune dans l’environnement des 24 Heures ?

“J’ai connu l’ancien paddock car je venais avec mon père qui avait la culture du sport automobile en général. En karting, je voulais être pilote professionnel et aller en Formule 1. J’ai passé trois saisons à rouler contre les Hamilton, Rosberg et Kubica. J’étais dans une bonne spirale face à Duval, Pilet et Perera.”

Il a vite fallu concilier la compétition avec un travail à plein temps ?

“Après le karting, je suis passé en Formule Renault chez CD Sport. La transition a été compliquée. L’année suivante, j’ai rejoint les rangs du Graff. Jean-Philippe Grand m’a fait de suite comprendre qu’il fallait travailler en plus de la course. A 17 ans, j’ai commencé en bas de l’échelle dans un McDonald’s. Jean-Philippe et mon père m’ont mis au travail et je me suis pris de passion par le métier en gravissant les échelons un à un. Cela m’a permis de me connecter à la vie réelle. Mon premier salaire a été un choc. Je me suis pleinement épanoui chez McDonald’s. J’ai donc cumulé sport auto et travail quotidien, ce qui fait qu’à un moment j’ai perdu un peu de tonus dans le sport auto. C’est là où il y a eu une petite scission.”

Vous n’avez aucun regret ?

“Pas le moindre ! J’ai connu des moments difficiles car je n’ai jamais coupé depuis l’âge de 12 ans. Le FIA WEC est la seule catégorie où je peux être proche des pros. J’ai eu la chance de rouler à Sebring et Road Atlanta. Le championnat américain reste un rêve pour moi. Pourquoi pas à l’avenir si mon emploi du temps me le permet. Disputer les quatre courses longues serait déjà bien.”