Kei Cozzolino commence à vraiment se faire un nom en endurance. Auréolé d’un titre GT en Asian Le Mans Series 2018/2019 avec Car Guy Racing, il dispute actuellement le WEC. Le Japonais, passé récemment de Silver à Gold, prendra également part à ses deuxièmes 24 Heures du Mans en juin prochain, de nouveau en GTE-Am.
La particularité de Kei Cozzolino est qu’il est passé par la Formule 3 Asie et la Super Formula avant de « bifurquer » vers le Lamborghini Super Trofeo. Un parcours de pilote un peu particulier. « J’ai quitté le sport automobile après la Formula Nippon et ce pendant environ quatre ans lorsque j’ai perdu mon baquet avec Toyota. J’ai alors travaillé dans un restaurant. J’ai eu une opportunité avec Lamborghini qui s’est créée et on m’a alors dit : « il y a cette nouvelle auto, la Huracan Super Trofeo qui va très vite. Si tu vas bien avec cette auto, tu auras la possibilité de devenir pilote Lamborghini usine.» J’ai alors saisi l’occasion et je suis devenu pilote officiel. Voilà comment je suis passé de la monoplace à pilote professionnel de GT. »
Ensuite, de Lamborghini avec lequel il a participé à une première saison en Asian Le Mans Series sans succès, le Japonais passe chez Ferrari et tout se déroule pour le mieux avec ce titre avec Car Guy Racing. « Nous avons gagné quatre courses de suite (toutes les manches, ndlr), ce qui est juste incroyable aussi bien pour moi que pour l’équipe. Depuis que je suis jeune pilote, j’ai toujours eu le même rêve. Si je fais de l’endurance, alors je veux aller aux 24 Heures du Mans et le chemin le plus court pour y accéder était l’Asian Le Mans Series. Nous nous sommes engagés et tout s’est bien passé. Nous avons eu de la chance : il y avait peu de voitures engagées à ce moment là, surtout lorsqu’on compare avec cette année où la compétition est bien plus relevée. »
Avec ce titre en poche, Car Guy Racing a donc eu accès aux 24 Heures du Mans 2019 tout comme Kei Cozzolino qui faisait partie du trio avec Takeshi Kimura et Côme Ledogar sur la Ferrari 488 GTE. « Les 24 Heures du Mans, ce sont des sentiments tellement différents. Cela allait au delà de ma propre personne. Le propriétaire de l’écurie (Takeshi Kimura) a commencé à piloter il y a seulement quelques années. C’était un véritable accomplissement pour lui, bien plus que pour moi qui ait disputé tant de courses. Un jour, il m’avait demandé l’accès le plus direct pour faire le Mans. Je lui avais alors dit : beaucoup d’entrainement, l’Asian Le Mans Series et, si on gagne, nous aurons un billet pour les 24 Heures du Mans. Nous avons été la première écurie asiatique à gagner autant de courses de suite. Du coup, nous sommes devenus très célèbres au Japon. C’est d’ailleurs comme cela que nous avons réalisé le pouvoir qu’exerce Le Mans en particulier dans ce pays. Cela a donné tellement de visibilité à l’équipe ! Nous avons alors compris que nous devions nous concentrer sur cette course et refaire l’Asian Le Mans Series l’année suivante. Grâce à notre parcours en Asian Le Mans Series, l’équipe est reconnue de tous. »
En fin d’année 2019, Car Guy s’est de nouveau aligné en Asian Le Mans Series. « Cette année, la saison a été bien plus relevée qu’en 2018/2019. La première course, nous n’avons fini que 5e à Shanghai. Ensuite, déçu par ce résultat, nous avons travaillé dur. Nous avons gagné en Australie et avons eu la version aéro 2020 pour la Malaisie où nous sommes arrivés en leader du championnat. Nous y avons signé la pole, mais en course, nous n’avons pas pu faire mieux que 5e puis 2e à Buriram. Dans ce championnat, vous avez besoin d’un gentleman-driver. La clé n’est pas le professionnel qui, lui de toute façon, va rouler vite. C’est le Bronze le plus important, c’est pourquoi pendant les essais libres, je ne roule quasiment pas, juste un ou deux tours, pas plus. Je fais surtout rouler tout le temps le gentleman-driver. Nous visions le titre et l’invitation aux 24 Heures du Mans de nouveau cette année, mais ce ne fut pas le cas ! »
Mikkel Jensen est venu remplacer Kei Cozzolino lors des 4 Heures de Buriram car ce dernier était retenu par la manche WEC à Austin. « Ce fut un sentiment étrange car je suis aussi le team-manager de Car Guy Racing. L’équipe disputait la finale à Buriram pendant que j’étais à COTA. Si l’écurie avait gagné le titre et l’invitation aux 24 Heures du Mans, nous aurions alors été rivaux sur la piste en Sarthe en juin ! Il aurait fallu que je roule contre ma propre équipe, un sentiment étrange (rire). » Finalement, il n’en sera rien, Car Guy Racing terminant 2e au championnat à seulement sept points de HubAuto Corsa.
En dehors de l’Asian Le Mans Series, Kei Cozzolino dispute l’intégralité du WEC en GTE-Am avec l’équipe MR Racing qui engage une Ferrari 488 GTE pour lui, Motoaki Ishikawa et Olivier Beretta (qui sera remplacé par Côme Ledogar lors des 1000 Miles de Sebring). « Il nous reste encore trois courses à disputer et nous sommes actuellement 7e au championnat (après un mauvais résultat au Texas, 10e, ndlr). Nous étions même 3e jusqu’à Shanghai. Cette équipe, l’an dernier, était un peu en difficulté. J’ai essayé d’amener de nouvelles choses pour que nous puissions progresser. Mon but maintenant est de revenir dans ce top 3 et de finir la saison sur le podium final du GTE-Am. Cependant, le plus important pour moi et pour toute l’équipe est de gagner les 24 Heures du Mans. C’est notre objectif et nous travaillons dur pour cela. De nouveau, comme en Asian, nous avons besoin que notre gentleman driver soit rapide. J’essaie de le coacher au maximum. Le WEC est un championnat bien plus long que l’Asian. La compétition est très relevée, la 488 GTE est plus délicate à piloter, il y a plus de voitures dans la catégorie, mais aussi en piste avec les GTE Pro et les prototypes. »
Quand on questionne le Japonais sur l’avenir de Car Guy Racing et sur une éventuelle présence dans le futur en WEC, il répond : « Il y a des grandes chances en effet de nous voir en WEC à l’avenir. Le plus important est que le propriétaire de l’écurie gagne des courses. J’ai traité et roulé avec pas mal de gentlemen drivers, mais, comme vous le savez, cela coûte très cher et il est difficile de continuer généralement. Cependant, quand vous commencez à gagner, vous appréciez vraiment ce sport, ils en veulent alors plus et comprennent le vrai sens du mot “compétition”. Mon rôle est vraiment de les amener à ce point là et si j’y arrive, alors il y aura de grandes chances que nous fassions le WEC. »