Comme aux 24 Heures du Nürburgring, Kévin Estre a fait le show en piste aux Total 24 Heures de Spa. Trois jours avant le début de la grande semaine spadoise, le pilote GPX Racing confiait à Endurance-Info “Il va falloir tout donner”. Tout donner, il l’a fait. En début de course quand il a fallu remonter dans les positions de tête avec des dépassements osés mais propres. Rebelote en fin de course où la victoire de la plus grande course GT au monde était entre ses mains.
Champion du Monde d’Endurance de la FIA (GTE), vainqueur des 24 Heures du Mans (GTE), Kévin Estre inscrit ENFIN son nom au scratch d’une grande course d’endurance. Pour cette édition 2019, Kévin Estre, Richard Lietz et Michael Christensen ont rendu une copie parfaite, tout comme GPX Racing.
“C’est une délivrance !”, soupire Kévin Estre à l’arrivée. “Cette course compte beaucoup pour moi, c’est une fierté de monter sur la plus haute marche du podium. GPX Racing débutait à Spa, ils disputaient seulement leur quatrième course avec la nouvelle 911 GT3-R. L’équipe était excitée en début de course, il a donc fallu les calmer un petit peu.” La seule petite bourde de GPX Racing a été d’avoir une personne en trop sur la voiture lors d’un ravitaillement le samedi soir, ce qui a occasionné une drive through.
Il y encore quelques semaines, Kévin Estre pensait bien ronger son frein en suivant la course devant le streaming, lui qui restait sur une 4e place en 2017. “Le deal avec GPX Racing s’est finalisé très tard”, précise le champion Porsche Carrera Cup France 2010.
La marque allemande a tardé (trop) à lui faire confiance en tant que pilote officiel. C’était en 2016. “J’ai débuté en Endurance en 2012 et ma première course longue qui s’est passée sans problème a été Le Mans en 2018”, se souvient le résident autrichien. “La victoire a mis du temps à venir. Avec Richie et Michael, nous avons apporté notre expérience mais il y a aussi une part de chance. Il fallait à tout prix rester devant.”
L’équipage de la #20 a dû se résoudre à suivre l’avis de la direction de course au petit matin avec la sortie du drapeau rouge. “C’est la même montagne que la Nordschleife”, sourit le Français. “Durant la nuit, c’était inconduisible. J’étais content de sortir de l’auto car la visibilité était nulle. Les roues patinaient en 3e et 4e aux Combes.”
Dimanche, en début d’après-midi, Kévin Estre est reparti au charbon avec un Nick Tandy (Porsche/ROWE) à ses trousses prêt à le bouffer tout cru : “Le dernier relais était difficile. Nick revenait mais j’étais en confiance, prêt à me battre.”
On a cru un moment que les carottes étaient cuite quand la Porsche #20 a connu un léger contact avec une Audi/WRT. “Le contact n’était pas du tout intentionnel”, confiera après coup le pilote officiel Porsche. “Je pensais qu’il m’avait vu. J’ai eu peur d’une pénalité, j’ai alors demandé à mon stand si le contact était sous investigation. Cette course est si dure sur le plan du mental avec un trafic compliqué à gérer. Certains pilotes ont manqué de respect sur les drapeaux bleus. Il faut prendre des risques tout en limitant cette prise de risque. Ici, il y a pas mal de pilotes qui ne sont là que sur cette course. Le niveau des Am est tout de même bien plus haut qu’il y a deux ans.”
Après le restart dimanche en fin de matinée, GPX Racing a poussé les relais le plus loin possible, comme le confirme Kévin Estre : “Depuis le premier relais de Michael, on savait que le droit à l’erreur n’était pas permis. Il fallait pousser les relais le plus près des 65 minutes (durée maximale autorisée, ndlr). Les autres se sont calés sur nous.“
Kévin Estre, Michael Christensen et Richard Lietz ont permis à la petite équipe GPX Racing de se faire rapidement un nom au nez et à la barbe des équipes plus affutées à l’endurance…