Vous avez certainement pris l’habitude de lire les chroniques de François Perrodo sur le site ORECA et c’est maintenant Endurance-Info qui reprend le flambeau. Fidèle lecteur d’Endurance-Info et animateur du forum, François vous fait part de sa dernière chronique avant d’attaquer les 1000 Miles de Sebring et comme à son habitude le pilote de l’ORECA 07/TDS Racing sait faire dans l’humour. Vous allez aimer, cela ne fait aucun doute…
Bonjour à tous,
Après une longue pause hivernale, nous voici maintenant à l’approche des 1000 Miles de Sebring où le spectacle promet d’être superbe, deux magnifiques têtes d’affiche sur le même week-end, fans et pilotes ravis (sauf ceux qui vont faire les deux courses en proto… Courage Matthieu !!), les messages WhatsApp ont repris de plus belle : T’es prêt ? T’es ‘fit’ ? T’as perdu du poids. Euh… Non, non… et non.
Déjà côté boulot, le rythme est toujours aussi soutenu (c’est une des spécificités du pétrole, ça pompe H24), j’ai fait un peu du ski de rando cet hiver mais je souffre du manque de rigueur chronique du faux sportif de haut niveau : Apres un ‘jog’, deux bières, après une sortie en peaux de phoques, une raclette. L’exercice de regarder les copains se faire plaisir quand je dois composer avec une salade et un verre d’eau est tout simplement insupportable, et donc impossible. Ca me rappelle Toni Vilander à qui Ferrari avait demandé de perdre du poids, ce à quoi il avait répondu : “quand je perds du poids, je suis malheureux et du coup, je suis moins vite.” Je pense qu’il a raison ou tout du moins, je fais tout pour m’en convaincre.
Mais je diverge (déjà !)! Retour à la course et un petit résumé du chapitre asiatique de fin 2018. L’objectif était de ramener de bons résultats après un début de saison décevant en termes de points (dernier au championnat après Silverstone).
Hélas ce ne fut pas le cas. Fuji a été compliqué, et ce 100% de ma faute. Je suis complètement passe à côté de ma course, posé complet, surtout dans le secteur 3. Les magnifiques performances de JEV et Matt n’y feront rien. Nous terminons grâce a eux au pied du podium.
Ce n’est un secret pour personne (notamment pour les forumeurs d’EI), je souffre dans le proto, les progrès attendus de la saison 2 ne sont pas au rendez-vous, je sais ou ça pêche, je sais lire des datas comme tout le monde, et je reste à l’écoute des pros et des ingés, mais sur la piste je n’y arrive pas, ça va très, peut-être trop, vite.
Sportivement, le meeting de Shanghai s’est mieux passé malgré une course aux conditions dantesques voire dangereuses, Matt a fait du super boulot en tirant son épingle du jeu pour me rendre la voiture P3. Je me débrouille pas trop mal sur la piste et garde ma position au moment de passer le volant a Loic avec un podium en vue ! Malheureusement, il manquait une minute sur mon temps de conduite, et le team, en voulant jouer la montre au maximum, me ressort trop tard en piste. Je termine la course devant le feu rouge de bout de pit lane, de nuit, sous la pluie, comme un énorme “Remi sans famille”. Quand ça ne veut pas….
D’un point de vue comptable, nous avions perdu le podium à cause de ce dernier changement de pilote, donc à la limite, compte tenu de notre situation au championnat, ne pas marquer de point ne m’a pas embêté plus que ça. Il aurait fallu que j’effectue le dernier tour de mon relais une minute plus lentement que la normale pour effectuer mon temps de conduite, mais dans le feu de l’action, l’exercice est très compliqué, surtout sur une course comme celle de Shanghai, sans cesse perturbée par des drapeaux rouges, des FCY, etc.
Le succes n’aura donc pas été au rendez vous en Asie, donc nous verrons bien aux US, même si, vu le circuit et la concurrence, nous savons que la tâche sera difficile. Nous avons effectué des tests mi-décembre à Sebring, et avec le recul, c’était nécessaire ! Un circuit très atypique, hyper technique, hyper physique, a mi-chemin entre une piste géante de kart et un vieux circuit des années 50, c’est étroit, bosselé, les limites de piste c’est les murs, et la nuit on ne voit rien. Je ne saurai même pas vous dire si le circuit m’a plu, tellement il est original. En tout cas il est unique et ça fait du bien au WEC de changer des circuits modernes types F1. Une chose est certaine, il va falloir prévoir un bon ostéo ! En tout cas j’ai hâte de découvrir cette fameuse ambiance dont tout le monde parle, c’est ce qui rend Sebring unique au monde.
Ca sera un gros week-end aussi pour mon pote Matthieu qui va rouler avec nous en WEC et le lendemain avec Wayne Taylor Racing en IMSA (sur 12 heures!). En effet, Matt a signé un contrat pour les grandes courses d’endurance avec WTR sur la Cadillac. Ce deal, plus la saison Blancpain GT Series sur une Aston Martin avec R-Motorsport, fait que notre mascotte limougeaude préférée va avoir une très belle année.
C’est surtout une immense fierté pour Manu et moi, ses parents sportifs en quelque sorte (Manu dans le rôle de la mère bien sûr). Je me rappelle encore en 2014 quand nous l’avions pris sous notre aile, il savait à peine lire et écrire ! Par contre il était vite. Notez ici le jargon du pilote, un pilote ne va pas vite, il EST vite, ou alors il envoie du gaz, et quand il est très vite, il envoie du gros gaz, au même titre que quand il freine tard et fort, on dit qu’il pose du frein. Dans le cas contraire on ne dira pas qu’il est lent mais qu’il est posé, ou garé.
En tout cas, nous sommes ravis pour notre Petitou. Ses patrons ne seront pas déçus, ça va ‘gazzer’ sévère ! J’espere juste que quand il sera pilote usine il nous dira encore bonjour quand on le croisera dans le paddock… Remarque, vu la collection de photos que j’ai en stock au cours des cinq dernières années, il a intérêt a se tenir à carreau…
Attention l’Amérique, TDS Racing débarque ! A défaut d’etre prêt, on est chaud bouillant ! C’est peut-être ça le secret, se prendre moins la tête et faire plus le bourrin, american style quoi. Et puis ça tombe bien, dans le genre boucher on a Loic, d’ailleurs Loic, je ne sais pas si on t’a dit mais comme Matt roule en IMSA, tu vas faire plus de la moitié de la course (dans « le bout de bois de Jacko »). Merci d’avance, ah oui, et tu rouleras la nuit aussi. Je t’offre la boite d’aspirine et la séance de massage.
Les essais ont déjà débuté avec une première séance hier samedi où j’ai bouclé 38 tours. Deux nouvelles sessions sont programmées aujourd’hui avant le début des festivités. La semaine s’annonce longue et intense. Je vous expliquerai tout ça dans une prochaine chronique et j’espère tout de même avoir le temps de vous raconter le déroulé de ma semaine dans un carnet de voyage illustré.