Si on vous dit qu’une LM P1 peut décoller en cas de sortie de piste, on ne vous apprendra rien. La hantise des différents acteurs de l’Endurance reste le décollage d’une auto. Les ailerons de requin sont apparus il y a quelques années afin d’éviter l’envol des prototypes en perdition. La FIA ne cesse de travailler pour parer à tout souci à haute vitesse. A ce titre, elle collabore avec des spécialistes de la simulation informatique qui planchent sur des solutions qui permettront de prévenir davantage les décollages des LM P1 et autres catégories prototypes.
Des progrès considérables ont été apportés ces dernières années avec des modifications aérodynamiques sur les autos. La FIA a récemment rejoint l’Institut Global de la Sécurité du Sport Automobile pour mener à bien une nouvelle étude visant à minimiser le risque dans le cas d’une LM P1 en perdition. « Nous avons besoin de comprendre avec précision les conditions qui conduisent à soulever une auto, et plus particulièrement les LMP » a expliqué Bernard Niclot, directeur technique à la FIA au magazine de la Fédération Internationale de l’Automobile. « Ces voitures peuvent devenir instables principalement en cas de tête à queue à haute vitesse. Nous voulons modifier la vitesse critique à laquelle ces instabilités aérodynamiques se produisent, de sorte à minimiser la probabilité ce genre de situation. »
La FIA s’est assurée les services du fournisseur de logiciels de simulation Exa qui travaille avec les principaux constructeurs, y compris Tesla, Jaguar Land Rover, BMW, Ford et Volkswagen. Le logiciel Exa est utilisé pour prédire rapidement et recréer des conditions réelles en utilisant des simulations de gestion aérodynamique et thermique. Exa a collaboré avec Onroak Automotive sur la Ligier JS P3.
Afin de compléter le logiciel Exa, un châssis LM P1 neutre a été utilisé sur une nouvelle étude qui permet de représenter d’une façon équitable les constructeurs présents dans la catégorie. Les simulations qui ont été menées ont recréé les cas les plus durs de voitures en perdition en ligne droite et qui ensuite décollent. Tout est basé sur des incidents de la vie réelle.
« Ces conditions extraordinaires combinées à la forme inhabituelle et audacieuse de la voiture de course ont rendu la simulation très complexe et difficile » a indiqué Stéphane Létot, directeur général d’Exa pour l’Europe Occidentale. « Afin de fournir les résultats avec une grande précision, nous avons dû utiliser les paramètres les plus larges de notre code de simulation ainsi que la vaste expérience de nos ingénieurs et de la FIA. Nous pouvons dire que cette étude a mis à profit toutes les capacités de notre logiciel. »
Le règlement technique LM P1 2017 du FIA WEC tient compte de cette étude poussée avec des LM P1 qui ont évolué durant l’hiver. Une autre solution qui reste à l’étude chez les constructeurs, est la mise en place d’une série de panneaux qui bloqueraient l’air passant sur le plancher de la voiture jusqu’au diffuseur arrière. « Ce serait une amélioration énorme » a précisé Bernard Niclot. « Maintenant, nous devons trouver exactement comment le mettre en œuvre dans la réalité. Nous sommes très satisfaits de notre collaboration avec Exa. En raison de l’exactitude des résultats, le projet mené avec les constructeurs a une totale confiance dans la méthodologie utilisée par la FIA dans l’expertise d’Exa. Chacun a reconnu le succès de l’initiative dans cet effort commun et cela témoigne d’une nouvelle collaboration dans d’autres projets à l’avenir. » Les constructeurs ont accepté les résultats obtenus. La FIA envisage maintenant de mener d’autres recherches avec Exa pour modifier le look des LM P1.