Cela faisait dix ans que nous n’avions pas eu de victoire 100% française aux 12 Heures de Sebring, pas depuis la Peugeot 908 engagée par ORECA (lire ICI). En ce samedi 20 mars, c’est désormais chose faite !
Cette fois ci, Loïc Duval, vainqueur en 2011, était associé à Sébastien Bourdais et Tristan Vautier sur la Cadillac DPi-V.R #5 de JDC-Miller Motorsports. Les trois hommes l’ont emporté mais ce ne fut pas du tout une promenade de santé ! On a même appris à l’issue de la course que la voiture avait subi une défaillance au niveau de l’aileron arrière alors qu’elle était en tête, à tel point que Sébastien Bourdais pensait se crasher à n’importe quel moment.
Le Français, qui a procédé à des ajustements dans la voiture, a permis à la Cadillac de rester en tête dans les 20 dernières minutes de la course et de remporter la classique floridienne. “La voiture était vraiment bien et je pensais vraiment que les choses étaient sous contrôle”, a déclaré Sébastien Bourdais à sa descente de l’auto. “Puis juste après le dernier restart, avec environ 20 minutes à faire, l’aileron arrière s’est détaché au niveau de sa partie supérieure. Je ne savais pas que c’était cet élément là jusqu’à ce que je sorte de la voiture, mais je savais que quelque chose s’était produit sur le plan aérodynamique. Je perdais environ deux secondes sur le rythme normal et je dirigeais essentiellement la voiture avec mes yeux. Je regardais le volant et je tournais. Quand cette défaillance est arrivée, j’ai cru que j’allais m’écraser, puis je l’ai sauvée. Après ça, à chaque virage qui se présentait, je me disais : “Comment je vais faire dans celui-là ?” Je me suis retrouvé tout petit dans la voiture, c’était très, très, très difficile.
Au début, j’ai honnêtement pensé que c’était de l’huile ou quelque chose comme ça. Quand j’ai réalisé que ce n’était pas cela – parce que mes adversaires commençaient à me rattraper – j’ai commencé à jouer avec les boutons, avant et arrière, l’équilibre des freins et j’ai essayé de contenir la concurrence. Le revers de la médaille, c’est que la voiture était extrêmement rapide sur la ligne droite et j’étais donc très difficile à dépasser.
Honnêtement, je n’avais aucune idée de la façon dont cela a fonctionné, mais parfois, ce sont les Dieux de la course, vous ne savez pas ce qui se passe mais vous le faites, vous l’acceptez et vous passez à autre chose. C’est l’un des scénarios les plus improbables auxquels j’ai participé et qui s’est avéré gagnant. Je suis si fier et si heureux pour toute l’organisation, mes coéquipiers, toute l’équipe, les sponsors, Cadillac et tous ceux qui sont impliqués.”
Ce ne fut pas la seule frayeur de la course. Déjà, la voiture n’était “pas assez dans le rythme” comme l’a précisé Tristan Vautier lors du direct d’Auto Moto la chaîne. Pire, la Cadillac #5 a connu une touchette avec Jimmie Johnson, parti à la faute dans le Turn 17, en tout début de course. Puis à la 8e heure, Tristan Vautier a été percuté en sortant des stands par la Cadillac #31 d’Action Express Racing de Felipe Nasr (victime d’un coup de raquette) alors qu’il n’avait rien demandé. La Cadillac a terminé dans la pile des pneus, le Français a pu repartir 6e, mais à un tour des leaders.
“J’étais dans la voiture, je n’ai pas vraiment compris ce qui s’est passé au début”, explique Tristan Vautier. “Puis je me suis en quelque sorte réveillé dans le mur. Même quand j’ai été tapé à l’arrière assez durement à Daytona, j’avais remis la première vitesse et étais reparti. Mais ce contact là a été si dur avec la #31 puis ce contact avec le mur que ça m’a pris 4-5 secondes pour réaliser que peut-être je devais démarrer et voir si la voiture fonctionnait encore. J’ai alors compris que ça allait. C’était une sortie des stands délicate. J’étais sur ma ligne pour prendre de la vitesse, il n’y a rien que j’aurais pu faire différemment.”
Après, l’équipage a ensuite comblé son retard grâce à une belle stratégie, de l’opportunisme et en profitant des neutralisations. L’auto a mené 28 des 31 derniers tours, après avoir pris la tête lorsque la Cadillac #01 de Chip Ganassi Racing (Scott Dixon) est entrée en collision avec une BMW M8 GTE en tentant de rentrer dans les stands. Malgré ce souci de dernière minute avec l’aileron, le trio 100% français l’emporte. C’est la 2e fois pour Loïc Duval après 2011 ainsi que pour Sébastien Bourdais après celle décrochée en 2015 avec Action Express Racing (Chevrolet Corvette DP avec João Barbosa et Christian Fittipaldi) sans oublier sa victoire en GT2 en 2006 (Panoz Esperante GT-LM Multimatic Motorsports Team Panoz avec David Brabham et Scott Maxwell).
Par contre, il s’agit de la première victoire à Sebring pour Tristan Vautier, la plus importante de toute sa carrière en IMSA. Après pas mal de malchance dans ce championnat, il est enfin récompensé avec une belle victoire ! “Nous avons eu quelques courses où tout était aligné jusqu’au moment où nous avons été un peu malchanceux. Je pense qu’aujourd’hui, les étoiles se sont alignées. En dépit de toute l’opposition, du fait que Loïc a vu la #48 partir en tête-à-queue devant lui et le percuter, que Seb a perdu une partie de l’aileron arrière, nous avons réussi à rester ensemble. C’était notre jour”. En espérant que cela va lui ouvrir les portes des 24 Heures du Mans, le nouveau vainqueur de Sebring étant toujours à la recherche de sa première participation en Sarthe !