Tout oppose les courses européennes et américaines comme tout oppose les circuits européens et américains. Une visite au Petit Le Mans nous a permis une fois de plus de constater les différences fondamentales de culture du sport automobile. Nous les européens, on a souvent tendance à vouloir faire la messe aux autres.
C’est bien La Marseillaise qui est chantée en premier sur la grille de départ du Petit Le Mans, et ce avant The Star-Spangled Banner. Les Américains sont fiers d’avoir le Petit Le Mans et les quelques français présents sur place le leur rendent bien. Ceux qui n’ont jamais fait le déplacement sur une course américaine vont penser que c’est exagéré et que le trait est grossi.
Quand chez nous on ferme les paddocks, eux les ouvrent. Quand nos circuits sont aseptisés avec des pénalités à gogo pour non respect des limites de la piste, les pistes américaines ne pardonnent rien puisque toute sortie des limites de la piste équivaut à un mur. Quand les teams européens vivent en autarcie dans un paddock, les Américains jouent la proximité. L’Amérique a offert ses lettres de noblesse à une ORECA-FLM09 durant près de dix ans, chose qu’on lui a refusé en Europe. Allez demander à un pilote US qu’il vous compare Austin, typé F1, et Road America. Deux mondes différents. Vous allez me sortir le discours des courses tronquées par des drapeaux jaunes. Et alors ? Cela fait partie du postulat de départ car en allant rouler de l’autre côté de l’Atlantique, vous savez qu’il faut rester dans le tour du leader le plus longtemps possible. Il faut appliquer la bonne stratégie, rentrer quand il faut et surtout ne rien laisser au hasard. Ce qu’on appelle du Racing !
Si vous regardez une course américaine depuis votre canapé une bière à la main, pas sûr que vous compreniez ce message. En 2018, la série IMSA aura Mazda, Acura, Nissan, Ligier, ORECA, Cadillac, Ferrari, Porsche, BMW, Ford, Lexus, Audi, Corvette, Mercedes, Lamborghini. Alors oui les Américains n’ont pas la technologie hybride, l’électrique ou je ne sais quoi. Chez eux, le sport fait la part belle au show. Pour avoir longuement discuté avec Hugues de Chaunac, Jacques Nicolet et Philippe Dumas durant le week-end, les trois nous ont tenu le même discours positif sur ces courses à l’américaine. Allez demander à un Patrick Pilet son avis sur le sujet. Penske et Joest ne s’y sont pas trompés.
On dit que les Américains sont protectionnistes. Peut-être mais Michelin est accueilli à bras ouverts, Motul et Stand 21 également. Beaucoup de choses sont plus faciles au pays de l’Oncle Sam. A un moment où des équipes doivent composer avec des équipages changeants, on ne vous met pas une amende si vous communiquez votre équipage tardivement. Tout est fait pour le confort des équipes. En revanche, tout le monde est sous contrôle en piste où la moindre incartade est synonyme de pénalité.
Le spectateur y trouve lui aussi son compte. Le fan peut accéder à la grille de départ sans aucun pass, des crayons sont disponibles pour signer le damier sur la grille et il était même possible de signer l’Acura du Michael Shank Racing. Les photographes amateurs se régalent avec la possibilité de pouvoir prendre des photos sans le moindre grillage, les médias sont chouchoutés et on vous fait clairement comprendre que votre présence est appréciée.
Les Etats-Unis et le Japon ont encore cette culture du sport automobile, culture que nous perdons petit à petit en Europe. Don Panoz a su transmettre sa passion du Mans aux américains. L’ALMS et le GRAND-AM ont ont fait cause commune pour le plus grand bien des courses de voitures de sport alors que personne ne croyait à cette unification. Happy Birthday Petit Le Mans, vous nous avez offert une très belle 20e édition !