Le sport automobile permet de découvrir de nouveaux pays, de nouvelles cultures et de nouveaux horizons. Nous sommes aux 24 Heures de Spa 2012 et une conférence de presse a lieu dans une villa à La Source. L’objet de la soirée est la présentation du City Challenge qui doit se dérouler en novembre de la même année dans les rues de Baku en Azerbaidjan. Une course de GT3 hors de tout championnat.
A ce moment-là, il s’agit juste d’assister à la conférence de presse en présence des équipes européennes, elles aussi invitées. Il n’est pas question de faire le déplacement, juste de manger un petit four. Je ne sais même pas vraiment où se trouve le pays. Je me dis que ça doit être vers tous les pays qui finissent en “an” : Pakistan, Iran, Turkménistan, Afghanistan, Kazakhstan.
Finalement, Endurance-Info fait partie du peu de médias invités à se rendre à Baku via un vol Paris/Istanbul/Baku. C’est parti pour un nouveau périple. Les organisateurs ont fait les choses bien avec la possibilité de remplir le visa directement à l’aéroport. Tout est bien cadré et filtré. On comprend vite qu’on ne rigole pas dans le pays même si l’accueil est très chaleureux. Il a fallu quelques secondes pour obtenir le tampon sur le passeport et un bus aux couleurs de Baku City Challenge attend à l’extérieur. Nous sommes deux pour un bus, le responsable des pneumatiques Hankook et moi.
Nous voilà partis pour un trajet allant de l’aéroport international Heydar Aliyev à l’hôtel JW Marriott Absheron Baku. Il est déjà près de minuit et le trafic est très calme sur l’autoroute. Notre chauffeur de bus cherche à coup sûr à faire un chrono. Le code de la route ? Quel code de la route ? Un vrai Fast and Furious azéri. On s’arrête devant un hôtel pour laisser la personne de chez Hankook et on repart.
Le chauffeur s’arrête environ 3 minutes plus loin sur le bord d’une route en me faisant comprendre que l’hôtel est dans cette direction (à droite). La rue est très peu éclairée, le Samy ‘Daniel’ Naceri local ne parle pas un mot d’anglais. Bref, me voilà obligé de descendre et de prendre la rue indiquée. Sympa le mec !
Je m’engage dans la rue et 200 mètres plus loin, je comprends mieux pourquoi il m’a laissé en plan. Mon hôtel est sur le bord du circuit, donc impossible pour lui d’y accéder vu qu’il y a les grillages de protection. Je touche au but malgré l’heure tardive (environ 0h30). Il me reste à traverser la route via un petit passage entre deux grillages. Au moment où je mets un pied sur la route, un garde arrive de je ne sais où pour me brailler dans les oreilles. Le gars me parle un langage que je ne capte pas. Il appelle quelqu’un d’autre avec son talkie. En attendant, j’ai bien compris que je ne devais pas bouger sous peine de me faire sécher sur place.
Cinq minutes plus tard, un autre garde arrive. Avec son anglais approximatif, je comprends que je n’ai pas le droit de traverser car il y a une course automobile. ?!?!?!? Mais il est quasiment 1h du matin et je dois avoir au moins 8 heures devant moi avant que la prochaine voiture de course ne passe à cet endroit. J’ai beau lui expliquer que mon hôtel est en face, que j’ai juste à traverser, qu’il est tard. Dans un pays connu, tu hausses le ton et tu prends l’initiative de traverser. Mais là ? On est en Azerbaidjan. J’explique à nouveau la chose, je me montre plus insistant. Après plusieurs minutes de discussion acharnée sur la route, car oui nous discutons bien sur la route, il doit me rester à peine 10 mètres pour atteindre le trottoir d’en face, le vigile me fait comprendre que je dois faire attention car nous sommes sur un circuit. Bordel, mais il est 1h du mat’ et il n’y a pas une voiture à 1 km à la ronde. Le gars m’escorte jusqu’au trottoir histoire de s’assurer que je ne me fasse pas écraser par je ne sais qui ou je ne sais quoi. La nuit a été bonne.
Ce paddock éphémère installé devant le palais présidentiel avait quelque chose de spécial. Le lendemain soir, j’ai le souvenir d’avoir refait le monde assis sur une chaise de camping sur les marches de ce même palais présidentiel, un Pepsi à la main, avec Philippe Dumas, team principal d’Hexis Racing. Tout de même improbable ! Un an plus tôt, quasiment jour pour jour, nous étions à l’autre bout du monde à San Luis en Argentine.
Ce City Challenge était aussi l’occasion de faire une interview de Jos Verstappen qui m’expliquait vouloir arrêter sa carrière de pilote pour s’occuper de son fils qui selon lui allait arriver en Formule 1 dans les années futures. Je le prenais pour un fou en me disant : ‘encore un qui croit que son fils va être Champion du Monde’. Il ne l’est pas encore mais il est bien en F1. Jacques Villeneuve est là lui aussi mais il a crashé sa BMW Z4 GT3 qui ne finira pas le meeting.
Mes deux déplacements suivants à Baku mériteraient eux aussi quelques anecdotes. En 2016, je me suis retrouvé dans les allées de la salle qui a servi à l’Eurovision, un pot d’échappement à la main. Tout ça pour un concert de Nicole Scherzinger. Mais ça c’est une autre histoire…