Les anecdotes à vous raconter tirent à leur fin et cette antépénultième anecdote fait dans l’humain comme vous allez vite le comprendre. N’oublions jamais qu’on fait du sport auto en grande partie pour des histoires humaines.
Cela fait près de deux ans que je souhaite rencontrer André de Cortanze, chose qui n’est pas forcément facile. Sa courte visite au Mans Classic l’année passée n’a pas permis cette rencontre. Pour cela, je suis passé par Farida Zadi, bien connue dans le paddock, et qui voit régulièrement le père de la Toyota GT-One puisque les deux font très souvent du karting ensemble au Paul Ricard. Pour la petite histoire, André de Cortanze roule avec sa combinaison de l’époque Toyota.
Bref, j’ai dû demander à Farida une bonne dizaine de fois quand ce serait possible de rencontrer André de Cortanze. Je ne vais pas vous refaire son CV mais pour moi c’est une sommité dans son milieu. L’homme se fait rare sur les circuits et encore plus dans la presse. D’ailleurs, pourquoi accepterait-il de me rencontrer ?
Pourtant, il a accepté au printemps dernier lors des essais GT Open d’avant saison sur le Paul Ricard. Direction Bandol en compagnie de Farida et sans la moindre question préparée. Je viens pour une interview mais au final je viens surtout pour écouter quelqu’un qui a fait énormément pour la discipline Endurance et qui a dédié sa vie au sport automobile. Je pense qu’on va faire l’entretien tranquillement dans un bar devant un café mais à mi-chemin j’apprends que finalement on se rend chez lui sur les hauteurs de Bandol. Quand vous savez comment André de Cortanze était méfiant vis-à-vis de la presse quand il était en fonction, je me dis que très peu de journalistes ont dû aller chez lui. C’est l’une des premières fois où je suis un brin intimidé.
On arrive à son domicile, l’accueil est chaleureux. On prend place dans le salon et j’ai le droit en question : ‘qu’est ce qui peut bien faire que vous ayez envie de me voir ?’ Heu… un tas de choses. Je sais qu’il ne sera pas possible de revenir sur son immense carrière durant le temps imparti. En toute logique, la discussion tourne vite autour de la Toyota GT-One et je lui demande s’il a conscience que sa voiture a fait rêver des milliers et des milliers de fans et beaucoup de gamins. Combien de pilotes actuels vous disent que la première voiture de course de leur enfance qui leur vient en tête est la GT-One ? Je n’enregistre pas, je me contente de prendre des notes sauf qu’en écoutant je ne prends pas toutes les notes, d’autant plus qu’il y a pas mal de ‘off’. Même si l’époque GT-One est ancienne de plus de 20 ans, je sens que la plaie n’est pas refermée et qu’il y a encore beaucoup de tristesse à ne pas avoir réussi à transformer l’essai aux 24 Heures du Mans. Pourtant, tous les ingrédients étaient réunis pour briller mais Le Mans reste Le Mans. Cet homme a vécu une partie de sa vie pour Le Mans.
La discussion se poursuit, on prend un verre, on évoque la GT-Two qui ne verra pas le jour, on parle de la Peugeot 905, de son passage en moto avec Elf, de son travail chez Pescarolo Sport. Quand André de Cortanze parle, il y a toujours la passion qui en ressort. Il nous emmène dans son bureau pour nous montrer un dessin de sa conception.
Croyez-moi, on pourrait l’écouter parler une journée entière. Au moment de prendre congé, il nous demande si on souhaite passer par le garage. Comment dire non ? C’est là qu’on apprend une GT-One a passé plusieurs années ici. Maintenant, il y a notamment une ancienne Peugeot 402 Darl’mat bichonnée par ses soins. Un tableau de bord de Peugeot 905 est accroché au mur. On remarque une plaque d’immatriculation ‘K-LM1998’ que tous les passionnés de la GT-One reconnaîtront. Vous ne voulez pas perdre une miette de la discussion car ce que vous vivez est rare. Par respect, je n’ai pas demandé à prendre la moindre photo ni même enregistré la conversation. Je n’ai même pas demandé le selfie, chose que je fais généralement avec les amis pour déconner et pour avoir des souvenirs. Là, on est sérieux…
Je remercie une fois de plus Farida pour avoir provoqué cette rencontre et André de Cortanze pour son accueil. J’espère même qu’il y aura une suite…