L’anecdote du jour met en avant la montagne, le sport, François Perrodo, Manu Collard et Alex Albon, la nouvelle recrue de Red Bull Racing en F1. Vous allez me demander le lien entre ces trois pilotes.
Cela fait un moment que Xavier Feuillée, le boss de 321 Perform, m’avait invité à Font Romeu pour découvrir son centre sportif. Plutôt que de se rendre sur place en touriste, je me suis dit que ce serait plus sympa de suivre le programme sportif d’un pilote. Esteban Ocon, Sébastien Ogier et Matthieu Vaxiviere sont des habitués du centre.
Pour ma part, je vais suivre François Perrodo et Manu Collard. Je me dis qu’avec eux il y a moyen de se marrer et de passer plus de temps à raconter des conneries que faire du sport. Erreur, grave erreur…
Nous sommes en août 2015 et me voilà à Font Romeu, très belle station située à la frontière espagnole. En arrivant chez 321 Perform, avant mes deux compères sportifs, je remarque le sérieux de l’endroit. Cyril Despres s’entraîne. Quand je vois ce qu’il fait assis sur un gros ballon et comment il en chie, je me dis que finalement faire le touriste aurait été nettement mieux.
On se retrouve donc le lendemain matin avec François et Manu pour découvrir le programme. A cette époque, le sport était encore peu présent pour moi, à part des sorties en VTT (vous verrez que ça m’a servi).
La vache, v’là le programme ! entraînement en centre, kayak, footing, trekking, VTT. Je commence à vouloir faire le tire-au-flanc en disant que je n’étais pas sportif, que je n’avais pas besoin de tout cela, que j’allais les retarder, que j’avais du travail, que je n’étais pas pilote et que je ne voulais pas le devenir, que j’avais piscine (moi qui n’aime pas l’eau). Rien n’y fait.
Je vous passe sur le test du Batak où l’objectif est d’appuyer le plus vite possible sur des lumières afin de tester le temps de réaction. Il paraît que le king sur le sujet s’appelle Matthieu Vaxiviere. Les absents ont toujours tort, donc on va lui mettre la misère. On va lui faire voir qui sont les patrons. Quand on a vu son résultat, on a bien ri car on l’a ridiculisé le Matthieu. Vu que nous sommes entre nous, en réalité il a fallu additionner nos trois résultats pour arriver au sien. Ouais bon, le stage ne faisait que commencer.
Et je ne vous parle pas de ce p***** de gros ballon à essayer de rester en équilibre. Fini les conneries, il fait beau, donc on va à l’extérieur. Après la sortie en kayak, place au footing avec la montre équipée d’un capteur de fréquence cardiaque. J’étais tellement une quiche en sport que je connaissais à peine le truc. Là, on s’est pris une taule par Manu, bien plus affuté que François et moi. En même temps, c’est lui a été pilote officiel durant des années.
Le lendemain matin, nouvelle sortie avec le VTT. Là, je vais tous les piler (souvenez-vous Christian Clavier dans Les Bronzés font du Ski). Le hasard fait que j’ai le VTT de Sébastien Ogier. Manquerait plus que je lui destroy son vélo. On part, on fait 10 mètres et Manu crève. Par chance, on avait un coach sportif avec nous car dans le cas contraire je pense qu’on aurait brûlé le vélo pour aller en acheter un autre. Jean-Fernand s’est chargé de réparer la roue. On repart et je fais vite la course (assez facilement) en tête (hé hé). A un moment, alors en pleine ascension en pleine montagne, je me fais littéralement déposé par un autre vététéiste. Je pédale, je change de braquet, de plateau, mais pas moyen. Le mec était sur une autre planète. J’essaie d’aller encore plus vite mais je le vois s’éloigner. Il est en LMP1, je suis en caisse à savon. Je suis cramé et j’attends mes trois compères. Je raconte au coach comment je me suis fait déposer. Il se marre… J’ai le droit à “T’as rien remarqué ?” Ben à part qu’il m’a laminé, non… “C’est un pro qui teste un VTT électrique”. Ce moment de solitude où t’as envie de te jeter de la montagne mais que de toute façon tu ne peux pas vu que t’es en forêt.
L’heure du déjeuner a sonné et on rejoint la station. On se retrouve au restaurant avec deux nouvelles recrues : Alex Albon et Dorian Boccolacci. Le serveur amène la carte et nos yeux (Manu, François et moi) se dirigent vers un mot : burger ! En plein stage de sport, ça fait désordre. J’entends encore Manu lâcher “c’est dommage qu’on soit en mode sportif car un burger me tente bien”. Là, on est trois à avoir les dents qui rayent la table. Et là, comme par miracle, Xavier sort “tant que vous ne rajoutez pas des sauces et que vous limitez les frites”. On rappelle le serveur illico presto avant que Xavier ne change d’avis. Sur ce coup, on eu honte quand on a vu les trois feuilles de salade et le bout de tomate de nos deux jeunes pilotes qui lorgnaient d’un oeil sur notre burger. Vous savez, comme dans le film La 7e Compagnie quand le chef donne une patate au militaire de base. Mais on est sport, on a aussi mangé de la salade.
Il faut prendre des forces car le lendemain matin est consacré à un trekking en montagne parsemé d’exercices de gainage. Moi qui pensait prendre un peu de repos à la montagne, raté. On monte, on descend, on remonte, on redescend. C’est qu’il commence à faire faim et soif. On trouve une brasserie en altitude. C’est la fin du stage, donc on se lâche avec une bière en regardant Dikkenek.
Quand je dis que c’est la fin du stage, c’est pour mes deux compères que je soupçonne d’avoir écourté les débats avec une excuse à deux balles. Ils sont encore là le lendemain matin pour une ultime séance de batak. Alex Albon arrive mais le Thailandais est fiévreux. Il tente tout de même le batak et nous ridiculise malgré la fièvre. Quand je dis qu’il nous a ridiculisé, je pèse mes mots. On avait qu’une seule envie, le renvoyer dans son pays. On s’est fait torcher. Une fois que mes deux compagnons m’ont lâché, j’ai continué avec les deux jeunes qui m’ont mis la misère le reste de la journée. Il est temps de rentrer…
Ne vous trompez pas, ce stage en altitude a fait un bien fou même si on a bien rigolé. Depuis, ma montre cardio ne me quitte plus…