En ce lundi 12 août, je vais revenir sur une anecdote qui date du lundi 12 septembre 2011, du temps de l’Intercontinental Le Mans Cup à Silverstone. Même huit ans après, on me parle fréquemment de cette anecdote, déjà racontée sur les réseaux sociaux.
En 2011, on ne parlait pas encore de WEC mais on s’en approchait. Direction les 6 Heures de Silverstone depuis l’aéroport de Bordeaux vers Londres Luton. Je fais le déplacement en compagnie de Guillaume Moreau, qui roule sur une Pescarolo 01/OAK Racing avec Pierre Ragues et Matthieu Lahaye. Quand on fait un voyage de la France vers l’Angleterre, on s’attend à quelque chose de calme. La routine quoi…
Le meeting se passe bien avec une belle 3e place de la Pescarolo 01 d’Olivier Pla, Alexandre Prémat et Jacques Nicolet, deux places devant la voiture soeur de Guillaume Moreau & Co. Cette 3e place, signée derrière une Peugeot 908 et une Audi R18 TDi, est à signaler et mérite d’arroser cela par un petit verre après la course.
L’aéroport de Luton était à environ une heure (selon le trafic) de Silverstone, on décide de prendre un hôtel tout près de l’aéroport surtout que le vol est à 6h45. Il ne restera plus qu’à rendre la voiture de location et monter dans la navette vers le terminal. ‘Fingers in the nose’ comme diraient nos voisins anglais.
On prend large le lundi matin pour aller déposer la voiture de location à 1 km de l’hôtel. Départ à 5h du mat’. La navette est là pour rejoindre l’aéroport. Il doit rester 1 km grand max. Tout va donc pour le mieux mais les choses ne tardent pas à se gâter. Le bus n’avance plus. Embouteillage. Le temps passe, la montre tourne et l’avance fond comme neige au soleil. Rien ne bouge. On se dit que finalement ce n’est pas trop grave et qu’on va terminer à pied. Le chauffeur de bus ne l’entend pas de cette oreille, il ne veut pas nous laisser sortir. Guillaume, en bon roublard, tente de l’amadouer mais rien n’y fait. Les portes restent fermées car le chauffeur nous explique qu’il n’a pas le droit d’ouvrir les portes ailleurs que devant un arrêt bien délimité. Le temps presse, le bus a dû avancer de 10 mètres.
Plus de dix minutes plus tard (on a l’impression que ça dure 1h), le bus arrive enfin à un arrêt. Le chauffeur ouvre la porte et là c’est le drame. J’ai à peine le temps de descendre que mon Guillaume est déjà parti à grandes enjambées sur le trottoir valise à la main. On dirait clairement qu’il est parti pour faire la pole, il trouve l’ouverture dans le trafic des gens qui vont à l’aéroport en marchant. La vache, je sais que je vais être dans le dur. Je fais mon possible pour suivre mais j’ai un niveau qui n’est même pas parmi ceux de la FIA. A cette époque, j’étais un sportif de canapé car je trouvais ça chiant et inutile de faire du sport autre que lever le verre à l’apéro.
Plus les mètres avancent, moins je vois le poleman et j’ai même fini par le perdre. Je sens mon rythme cardiaque haut comme jamais, si bien que j’ai cru que j’allais exploser sur le bord du trottoir. J’arrive à l’entrée de l’aéroport, agonisant, en sueur comme si je venais de boucler un marathon. Ouais mais là courir près d’1 km, valise à la main, était un vrai marathon pour moi. J’ai l’impression d’être seul au monde, je ne sais même pas où est mon compère de voyage.
Finalement, il arrive face à moi, frais comme un gardon, un peu comme s’il débutait sa matinée après son petit dej’. J’ai le droit à un ‘p**** mais t’étais où ?’ Là, mon chrono était en dehors des 110% réglementaires, c’est certain. Le comptoir d’enregistrement était fermé depuis 6 minutes mais Guillaume, jamais à court d’idées, avait un plan B : ‘On laisse nos bagages ici, on passe les contrôles sans rien et ils nous les renverront plus tard’. J’avais commencé à reprendre mes esprits et je me dis que ce mec est fou. Laisser en plan deux valises à l’entrée d’un aéroport en espérant les retrouver plus tard !?!?!?! Et la carte d’embarquement, chef ? On fait comment ? Le plan B, par chance, tombe à l’eau. Comment faire pour rentrer à Bordeaux ? Ah au fait, j’ai oublié de préciser que c’était moi qui avait fait le forcing pour partir de Bordeaux. Belle affaire du coup !
Avec un seul vol par jour, on peut oublier Luton/Bordeaux. On se pose devant un café (retour aux vraies valeurs). On réfléchit et on se souvient qu’Olivier Pla devait rentrer à Toulouse via Gatwick. On l’appelle à la rescousse et son timing lui permet de passer nous récupérer car il y a bien un vol Gatwick/Bordeaux. Il est 6h45 et le vol est à 13h10. Easy ! Olivier passe nous prendre avec une magnifique Opel Corsa de loc’. Direction Gatwick dans une Corsa bardée de valises. On fait quelques kilomètres et embouteillage ! Tanké de chez tanké sur la M1.
Il faut regarder sur le téléphone la circulation en temps réel (oui on pouvait déjà en 2011). On passe par la campagne britannique mais nous ne sommes pas les seuls dans ce cas-là. On perd du temps dans un nouvel embouteillage, on repart et pour finir on se retrouve planté à 100 mètres de l’entrée du parking de la location à Gatwick. On parvient à laisser la Corsa en plan (sans avoir fait le plein de carburant), Olivier jette les clés sur le comptoir du loueur et on court. Mais c’est une nouvelle mode de courir à l’aéroport, valise à la main ?
Là aussi, on arrive à l’arrache, on tente de passer au comptoir Priority avant de se faire refouler. On se met dans la file, le temps passe. On parvient à avoir la carte d’embarquement, on file vers le contrôle. Guillaume passe sans encombre mais pour ma part, le portique sonne. Allez c’est parti pour une fouille approfondie du sac à dos. Une nouvelle fois, je suis le dernier à arriver et c’est in extremis que je parviens à embarquer : ‘PNC aux portes, armement des toboggans…’
Une fois arrivé chez moi, j’ai ôté la poussière de mon VTT, regonflé les pneus, acheté un casque et c’est parti pour un peu de sport. Puis, j’ai changé de VTT, j’ai investi dans un bon vélo de route puis un deuxième. Depuis cette date, le sport partie de mon quotidien et j’ai un rêve secret : mettre minable un pilote en footing valise à la main…