La pénultième anecdote de l’été est dans le même moule que celle d’hier avec André de Cortanze. Elle met en avant l’humain.
Endurance-Info étant partenaire du Club des Pilotes des 24 Heures du Mans, il est tout à fait normal d’avoir un lien avec Gérard Larrousse, son président. Nous sommes au printemps 2016 et nous nous tournons vers Thierry Perrier, secrétaire général du Club des Pilotes des 24 Heures du Mans pour avoir une interview de Gérard Larrousse à propos du Club. Plutôt que de faire ça par téléphone, je me dis que faire cela en direct serait plus simple. Par chance, les essais officiels Blancpain GT Series se déroulent au Paul Ricard, non loin du domicile de l’ancien double vainqueur des 24 Heures du Mans. Nous avions déjà échangé par mail dans le passé. Thierry propose donc un rendez-vous avec Gérard directement au Paul Ricard.
Un matin, je reçois un appel qui me dit ‘salut Laurent, c’est Gérard !’ Et moi comme un con qui répond : ‘Gérard ?’ J’ai le droit en retour à ‘Gérard Larrousse. On peut se retrouver au Paul Ricard pour déjeuner’. Même avec le recul, j’ai honte de ne pas l’avoir reconnu. Ce couac ne risque plus d’arriver car son numéro est désormais enregistré dans mon répertoire.
Rendez-vous est donc pris à la mi-journée au Paul Ricard pour déjeuner ensemble durant la pause des essais Blancpain. Gérard connaît bien Stéphane Ratel pour avoir roulé dans ses championnats à la fin des années 90. Il manquait juste Didier Calmels et là on aurait pu faire un déjeuner Larrousse-Calmels F1 qui aurait été profitable pour moi vu mon manque de connaissance de la F1. Si en plus Yannick Dalmas, ancien pilote Larrousse-Calmels, était monté au circuit, on aurait fait encore mieux. J’espère d’ailleurs que ce déjeuner pourra se faire un jour.
Sans paraître ni trop jeune ni trop vieux, je n’ai pas connu Gérard Larrousse en tant que pilote ou patron d’équipe. Mon père ayant fait une grande partie de sa carrière professionnelle chez Renault, j’ai le souvenir, alors que j’étais tout gamin, qu’on parlait souvent de lui dans les années 80.
On se donne rendez-vous dans le paddock, on discute des essais Blancpain et on monte à l’étage pour déjeuner. Comme avec André de Cortanze, il y a de la fierté et beaucoup de respect. On prend une table et ne me demandez pas pourquoi mais j’enregistre la conversation car il y a bien une interview à faire. J’aurais pu prendre tout simplement des notes mais là on parle de Gérard Larrousse. La discussion tourne autour du Club des pilotes, comment il souhaite le développer, quels axes il veut lui donner. Jusque-là, on est dans le professionnel. La discussion tourne ensuite autour des 24 Heures du Mans, l’épopée Matra, Porsche, Renault. J’avais l’impression de revenir en enfance quand on me parlait de Gérard Larrousse. Le déjeuner est light pour lui comme pour moi. Terminé l’époque de la Tarte Tropézienne à chaque déjeuner au Paul Ricard. J’en profite pour faire une nouvelle fois une petite dédicace à mon ami Guillaume Moreau. Souvenez-vous, c’est lui qui m’a mis au sport un jour à l’aéroport.
Une fois arrivé à la salade de fruits (oui oui Hélène), la discussion tourne autour du vélo. En plus d’être pilote, Gérard est un cycliste émérite. Il parcourt de longues distances sur les routes du sud de la France et ailleurs. Là, on sort de Porsche et du Mans pour parler Specialized, Cannondale, braquet de 53-12 ou Garmin. Je viens justement d’acheter un nouveau GPS Garmin pour le vélo et on échange justement sur le sujet. C’est aussi intéressant de parler vélo que sport auto. On évoque également le sport auto moderne et le futur. Je lui ai parlé de notre volonté de lancer Endurance-Classic et il s’est proposé de nous envoyer quelques vieux numéros de Sport Auto du temps du temps où il était pilote.
A un moment, la discussion doit prendre fin. Je remercie Gérard d’avoir fait le déplacement jusqu’au Paul Ricard pour le déjeuner. Une fois qu’on s’est serré la main, la première chose que je fais est de téléphoner à mon père pour lui dire ‘papa, j’ai payé à déjeuner à Gérard Larrousse’. C’est la classe, non ? Depuis le temps que j’arpente les paddocks, il se doutait bien que ce n’était pas du flanc. En rangeant des affaires personnelles suite au décès de mon père il y a quelques semaines, j’ai retrouvé pas mal d’articles qu’il avait imprimé, sans rien dire à personne, dont une de mes interviews de Gérard Larrousse. La boucle est bouclée…
En juin dernier, j’étais avec Bruno (Vandevelde) aux 24 Heures du Mans et la veille de la course, nous sommes allés au Club des Pilotes pour discuter quelques minutes avec Gérard de la course qui arrivait, tous les trois assis tranquillement. En sortant, Bruno et moi avons eu la même remarque : ‘t’imagines tout ce qu’il a vécu durant sa carrière…’ Et on ne lui a pas parlé de BOP, d’EoT, d’arrêt technique, de tolérance d’une seconde, de Bronze, Silver, Platinum et tout le toutim…