Place à la dernière anecdote de l’été qui remonte à septembre 2014. Déjà cinq ans ! J’ai répondu avec plaisir à l’invitation de OAK Racing de participer à une journée de roulage au volant d’une Formule Renault et d’une Ligier JS 51B sur le magnifique circuit de Mornay situé au beau milieu de la Creuse tout près de Bonnat.
Pierre Petit, le maître des lieux, dispose d’un environnement incroyable avec son tracé en pleine nature. Le Creusois n’est pas n’importe qui en sport automobile. On l’a vu avec succès en Formule 3 (Champion de France 1982) puis aux 24 Heures du Mans chez WR. Il a ensuite transmis sa passion du sport auto à son fils Paul.
Pour ce roulage, je me dis que je dois m’équiper pour aller plus vite : combinaison d’Olivier Pla, casque de Fred Mako, bottines et gants de Guillaume Moreau et le talent d’aucun des trois. Vu que tout est dans le talent, ce n’est pas gagné. J’arrive la veille du roulage car un diner est organisé entre les différents pilotes d’un jour. Attention car une course d’endurance est tout de même organisée. Sitôt le verre d’accueil terminé, on a tous droit à une feuille qui détaille le tracé de Mornay. Le message de Pierre est clair : ‘apprenez le nom des virages et les rapports de boîte dans chacun d’eux. Interrogation demain matin’. Bien entendu, tout le monde se marre, moi y compris. En regardant la feuille, les virages portent les noms de Spa, Mornay, Brands Hatch, Monaco, Monza, Estoril, Indianapolis, Senna. Facile à se rappeler. Pour ce qui est des rapports, je me dis que c’est à la louche.
Le lendemain matin, tout ce beau petit monde se retrouve sur le circuit pour un café. L’ambiance est sympa et la météo magnifique. De quoi passer une belle journée d’apprenti pilote. Les choses se corsent quand l’interrogation sur les virages et les rapports arrive. C’est qu’il ne rigolait pas le bougre. Si vous lui sortez Mornay à la place de Monaco, ça ch** pour votre matricule. Pour couronner le tout, je suis chargé d’aller au tableau pour expliquer les trajectoires : point de freinage, point de braquage, point de sortie. Je n’ai pas intérêt de me louper vu que je me suis planté dans les rapports sur deux virages. Faudrait pas que je prenne une mauvaise BOP alors que je ne suis déjà pas pilote.
Il est ensuite temps de rouler sur une Formule Renault et de découvrir le tracé de 3 km. Tout le monde était prévenu au briefing, il n’est pas question de déconner avec le gazon de Pierre, donc toute sortie de piste est à proscrire. C’est souhaitable car à Mornay, pas de bac ni d’échappatoire. J’ai donc décidé d’y aller cool pour ne pas me retrouver à jouer la tondeuse en bord de piste. Pierre surveille ses élèves en bord de piste. Le circuit est vraiment intéressant mais j’avoue que le freinage n’est pas vraiment dégressif. Logique, nous sommes en pleine campagne, donc c’est plus de la découverte que du pilotage pur. Sauf que Pierre ne l’entend pas de cette oreille. A mon retour, j’ai le droit à une liste de choses à améliorer avec un ‘tu ne m’as pas écouté, je t’avais dit de freiner plus tard’. Bah ouais mais moi je ne ne veux pas finir dans l’herbe. Bon, je m’estime chanceux car j’ai aussi le droit à ‘on voit que tu as des aptitudes pour le pilotage’. Alleluia, à moi les 24 Heures du Mans 2016 !!!
Avant de penser au Mans, on repart pour un 2e run. Je roule, j’enchaîne les tours et tout va pour le mieux. En même temps, c’est logique car Pierre n’est plus là pour me gronder si je freine trop tôt. On passe ensuite à la Ligier JS 51B qui développe tout de même 250 chevaux. Là, on est dans la cour des grands. Il faut aussi un roulage d’apprentissage et Pierre revient pour les conseils. Comme avec la FR, j’enchaîne les tours et à un moment je vois un gars au milieu de la piste qui me fait des grands signes. Je me demande si le type n’est pas fou ou inconscient. Je commence à me dire ‘lui, si Pierre le chope, il va finir en tondeuse à gazon’. Plus je me rapproche, plus je me dis que je connais cette tête. C’est justement Pierre au beau milieu de la piste qui me demande de m’arrêter. Je réfléchis à ce que j’ai pu faire de mal tout en arrivant au ralenti un peu penaud.
Je m’arrête à sa hauteur, je lève la visière et là j’ai le droit à ‘c’est pas parce que t’es pote avec Olivier Pla que t’es capable d’aller aussi vite que lui dans une Ligier’. Souvenez-vous, je roule avec la combi d’Olivier. La phrase qui tue. Bon, ben ça c’est fait ! On me demande de freiner plus tard, donc moi je freine plus tard. Sauf que je commençais à freiner un peu trop tard. Promis, je n’avais pas senti le gazon se rapprocher. Sa réflexion m’a un peu coupé dans mon élan mais je repars en me disant : ‘mais il est fou lui !’ Les tours qui ont suivi, je l’apercevais à différents endroits pour me surveiller, un peu comme la police de la route aux Etats-Unis. Vous roulez tranquillement sur une autoroute, vous êtes seul et à un moment une voiture de police arrive derrière vous que vous ne savez même pas d’où elle vient. Là, même chose.
La journée s’est poursuivie avec un petit challenge d’endurance bien sympa. Sous ses airs bougon, je peux vous dire que Pierre a fait progresser tout le monde dans la bonne humeur. Apprendre le nom des virages et les rapports était une très bonne idée.
Quand j’y repense, même cinq ans plus tard, je revois encore Pierre me brailler dessus en me disant que je n’étais pas Olivier Pla. Pourtant, j’avais mis tous les atouts de mon côté mais certainement pas assez. Rassurez-vous, Pierre Petit est quelqu’un de très attachant et de très sympa.
Plus d’infos sur le Circuit de Mornay ici
C’est la fin des anecdotes de l’été. Il pourrait y en avoir d’autres mais toutes ne sont pas racontables car le délai de prescription n’est pas passé et surtout certaines sont peu glorieuses. Un jour, on vous racontera la genèse de la création d’Endurance-Info. Encore une sacrée histoire…