Cela fait maintenant (déjà) plus de 15 ans que j’ai reçu ma première accréditation média. C’était en FIA GT grâce à Virages.net avec le soutien de SRO qui n’a jamais posé le moindre problème à accueillir les médias 2.0 dès le début des années 2000.
C’est dire que depuis 2004 j’ai eu l’occasion d’interviewer Stéphane Ratel, patron de SRO Motorsports Group, maintes et maintes fois. Au fil du temps, plus besoin de passer par la voie officielle pour un entretien. Il suffit d’aller toquer à la porte de son bureau, peu importe l’endroit dans le monde. S’il peut vous recevoir, vous vous asseyez. S’il n’est pas là, vous repassez ou vous envoyez un SMS. Même durant la période de turbulence de la fin du World GT1, Stéphane Ratel a laissé sa porte ouverte pour la discussion.
Pour cette anecdote du dimanche, nous sommes à Silverstone en 2015 durant le meeting Blancpain GT Series Endurance. Je souhaite interroger Stéphane Ratel sur ses débuts, son commerce de voiture en Californie, le Venturi Trophy, le Lamborghini Super Trophy, sa passion du sport auto, le World GT1, le GT3, Le Mans, etc… Bref, de quoi discuter plusieurs heures.
Je tente ma chance au 1er étage de l’administration du circuit. ‘Toc toc”. Par chance, Stéphane Ratel est là. Je lui explique ma demande, il regarde sa montre et lâche ‘j’ai 30 minutes devant moi car j’ai une réunion avec les équipes dans la foulée’. 30 minutes ? Je propose de le faire en plusieurs chapitres mais on y va comme ça et on verra bien si j’ai toutes les réponses à mes questions.
On commence donc par revenir sur ses études en Californie, sa Volkswagen Golf GTI, sa découverte du sport automobile qui s’est faite directement en organisateur et non en spectateur. Les questions s’enchaînent, les réponses également. On évoque sa douleur du décès de Martin Bartek (fondateur de Matech), la fin du World GT1, son amour des 24 Heures du Mans, etc…
Je regarde discrètement de temps en temps ma montre pour ne pas déborder des 30 minutes. On s’en rapproche vite. Alors que nous sommes en pleine discussion, ça frappe. C’était un team manager. Stéphane répond qu’il a quasiment fini avec moi. La porte du bureau reste ouverte. La personne, qui se reconnaîtra certainement en lisant cette anecdote, attend. On continue notre entretien, Stéphane parle, parle et parle. J’écris, j’écris et j’écris. Ce qu’il faut savoir, c’est que de une, on est passé à quatre personnes derrière moi qui attendent mais qui surtout qui écoutent et qui sont assises. Je pense que tout le monde apprend des choses dans l’entretien. Il y a bien longtemps que les 30 minutes sont dépassées mais l’entretien se poursuit devant une audience qui ne cesse de grandir, qui écoute et qui attend.
Des 30 minutes initiales, on est passé à 1h15. A la fin de l’entretien, j’ai le droit à un ‘voilà’ suivi d’un ‘je crois que je suis en retard’. Une bonne partie des équipes a suivi notre entretien sans rien dire. En quittant la pièce, un team manager me lance avec le sourire : ‘pas besoin de lire Endurance-Info, on sait ce qui va être écrit’. Le point négatif de la journée a été qu’on a perdu au moins un clic…