Auto et vélo font souvent bon ménage. Nombreux sont les pilotes à enfourcher le vélo à l’entraînement et nombreux sont les cyclistes professionnels à aimer le sport automobile. Tom Boonen rêve de participer aux 24 Heures du Mans, Marc Madiot est un déglingos de sport auto et Jan Ullrich a pris part aux 24 Heures du Nürburgring.
L’anecdote du jour est récente puisqu’elle nous ramène à juillet 2018, plus exactement le 9 juillet, soit le jour suivant Le Mans Classic. Cela fait quelques années que j’aspire à suivre une étape du Tour de France cycliste de l’intérieur. Pas forcément quelque chose de facile pour un média qui traite de sport auto. je me tourne vers Laurent Gaudin, manager général de la Blancpain GT Series, qui connaît bien Arnaud Peyroles, ancien Champion d’Europe FIA GT3, qui gère Ideactif, entreprise qui gère une partie des partenaires de la caravane publicitaire, dont Skoda. Nous sommes seulement à quelques jours du CLM par équipe de Cholet, donc autant dire que c’est mission impossible de recevoir une accréditation média sur la plus grande course cycliste au monde. Je remplis la demande, j’explique le pourquoi du comment de vouloir faire un parallèle entre le vélo et le sport auto. Je vous le donne en mille, l’accréditation est acceptée sans le moindre souci.
L’étape du CLM par équipe a la particularité de démarrer et de se terminer à quelques mètres d’intervalle. Avoir un pass média du Tour de France est quand même un rêve de gosse, comme pour les 24 Heures du Mans. J’ai le souvenir que lorsque j’ai mis les pieds pour la première fois dans la voie des stands au Mans avec un billet pitwalk, j’ai appelé la terre entière pour dire que j’étais de l’autre côté de la barrière. Bon, là je ne suis pas allé jusque-là mais quand même…
Le but de l’accréditation était aussi de voir quelles étaient les différences avec un paddock de sport auto, quels sont les codes propres à une course de vélo. Déjà, ce qui frappe, c’est la proximité avec le public. On ne parle pas d’une course régionale mais bien du Tour de France. Le public peut approcher gratuitement les équipes, les cyclistes, les vélos.
Je ne peux pas passer à côté du village-départ où sont réunis les différents partenaires de l’étape du jour. J’aperçois Richard Virenque (consultant pour Eurosport), seul devant son café entrain de lire le quotidien L’Equipe. J’ai en mémoire qu’il a participé aux 24 Heures de Spa 2005 sur une Chrysler Viper GTS-R engagée par Force One.
Je vais le déranger pour lui parler de Spa. Je me présente et lui explique l’objet de la discussion. L’ancien maillot à pois lâche son café, me regarde et me dit avec le sourire : “nan mais qui se souvient que j’ai disputé les 24 Heures de Spa ?” Ben moi… Je lui dis que j’étais sur place et que j’ai en mémoire sa phrase ‘est-ce que moi aussi je fais bouger la cabane de chronométrage quand je passe devant les stands ?’ Bien entendu, il ne se souvient pas de cette phrase mais il se marre quand je lui dis qu’elle bougeait bien lors de ses passages. Il m’explique que sans une grave chute en 2006 à l’Alpes Open Tour, il serait certainement pilote automobile aujourd’hui. Il est revenu sur sa chute où il a fallu reconstruire sa boîte crânienne avec la pose de vis en titane. On revient ensuite sur les 24 Heures de Spa qui s’étaient soldées par une 2e place dans la classe G2.
Malgré les soucis de l’affaire Festina, Richard Virenque jouit toujours d’une belle cote de popularité comme j’ai pu le constater dans la foulée. Je prends congé de l’ancien grimpeur pour aller écouter quelques anecdotes de Raymond Poulidor, l’éternel deuxième, qui a donné le départ des 24 Heures du Mans 1978. Marc Madiot arrive lui aussi, mais l’année passée je n’avais pas la moindre idée de sa passion pour le sport automobile. La proximité entre les acteurs et le public est bien présente sur le Tour de France, un peu à l’image de la course aux Etats-Unis. Il y a des goodies (au diable ceux qui militent contre les goodies), des animations et des cyclistes disponibles. Le public ne paie pas et en plus il repart les bras chargés de petits cadeaux et la tête remplie de souvenirs.
Cette expérience sur le Tour de France ne devrait pas rester sans lendemain. Le calendrier 2019 n’a pas permis de rééditer la chose cette année mais en 2020 les essais des 24 Heures de Spa se dérouleront en juin et le départ du Tour a été avancé d’une semaine, donc plus de clash avec la classique spadoise. De quoi suivre le Tour en intégralité avec un vrai travail journalistique. On travaille le sujet mais avant cela il devrait y avoir le suivi du Tour Down Under en Australie en janvier.
En juin dernier, je suis convié à commenter les 24 Heures du Mans sur Eurosport avec Gilles Della Posta. On relaie Jacques Leunis et Paul Belmondo. Le premier commente le cyclisme sur Eurosport, le deuxième est un cycliste émérite. Wait and see pour la suite…
Et pour finir l’anecdote, j’ai croisé à nouveau Richard Virenque dans le paddock aux 24 Heures du Mans en juin dernier. J’étais en interview, donc je n’ai pas pu le saluer. Nos regards se sont croisés et j’ai senti dans ses yeux un ‘bah merde, il est encore là lui….’