L’actualité étant bien calme en cette période de fêtes, quelques petites anecdotes ne font pas de mal. Celle-ci me tient particulièrement à coeur.
Nous sommes en 2015 et cela fait pas mal de temps que Ligier Automotive (à l’époque Onroak Automotive) me demande si je veux tester une Ligier JS 53 EVO 2. Le temps passe, les déplacements s’enchaînent et il faut arriver à caler une date. Le premier à m’avoir fait confiance pour tester un prototype est Pascal Rauturier et je ne peux pas vous blâmer si vous pensez qu’il est complètement fou. Pourtant, j’ai ramené sa Ligier JS 53 EVO à bon port. Là, j’ai droit à la JS 53 EVO 2. Si vous pensez que je vais faire la différence sur la piste entre l’EVO et l’EVO 2, vous vous mettez le doigt dans l’oeil. Pour faire court, l’EVO 2 dispose d’une nouvelle lame avant et un support d’aileron modifié. Au final, c’est pour que les gentlemen s’en sortent mieux. Nickel, il n’y a pas plus gentleman driver que moi.
Rendez-vous est donc pris en avril 2015 pour rouler à Magny-Cours sur la piste école en fin de journée après une visite des ateliers. J’ai aussi eu la chance de m’entretenir longuement avec un monument du sport automobile français : Tico Martini. Sans un vent défavorable, nous aurions même pu voler dans son ULM ‘made by Tico Martini’.
Mais revenons sur terre avec la Ligier JS 53 EVO 2. L’essai se fera sur la piste école qui n’a rien d’un tracé bourré de dégagements. Aucune erreur n’est permise. J’écoute les conseils avant de prendre la piste d’autant plus que Guy Ligier doit passer même s’il est légèrement souffrant. Manquerait plus qu’il passe et que je sois “tanké” dans un bac.
L’équipe présente sur place m’avait prévenu qu’on me ferait signe quand il faudrait rentrer, sauf que pas de signe. Donc, je roule, je roule et je roule. A un moment, j’ai tout de même droit à un signe. Quand vous êtes un pilote du dimanche comme moi, vous vous doutez bien que 45 minutes en piste équivaut à 2 heures.
L’objectif n’était pas de taquiner le chrono mais bien de prendre du plaisir, de retarder le freinage le plus possible, d’accélérer le plus tôt possible. J’estimais être dans la forme de ma vie en fin de relais. Vous savez, comme si vous pensiez avoir fait la pole avec le tour parfait.
Les bonnes choses ont une fin, donc fin de l’essai. J’arrive dans la voie des stands et j’aperçois la silhouette de Guy Ligier (photo de Une). Avant de m’extraire du baquet, je me dis que je vais pouvoir lui dire tout le bien que je pense de sa CN et que je suis chaud pour signer mon contrat.
Je descends, j’ôte le casque, le Hans, la cagoule et je me dirige vers Guy pour le saluer. J’ai à peine le temps de lui tendre la main qu’il me dit : “Ah oui, j’avais reconnu le casque de Mako. Je pensais qu’il avait 40°C de fièvre” (Fred a longtemps roulé pour Ligier comme pilote de développement). Je lui demande pourquoi et j’ai droit en retour “nan parce que là t’es pas du tout au niveau et je me doutais bien que ça ne pouvait pas être lui. Sur mes protos, l’accélérateur est à droite.” Ah ouais quand même… Sympa mon premier contact avec Guy Ligier. Je lui rétorque avec le sourire de savoir comment ça se passe pour mon contrat de pilote. Et là j’ai droit à un “Le quoi ?” Pourtant, je vous certifie que j’avais enchaîné quelques tours de folie. Enfin selon moi…
J’ai vite compris que ce n’est pas aujourd’hui que ma signature serait apposée à côté de celle de Guy Ligier au bas d’un contrat. Pourtant, on a trinqué ensemble dans son bureau mais pas pour fêter un quelconque contrat. Même s’il était souffrant, Guy Ligier a fait le déplacement pour voir rouler un illustre inconnu comme moi.
On a terminé dans son bureau à boire une bière, même deux, à parler sport auto avec quelques anecdotes croustillantes. En fait, je crois qu’on a trinqué trois fois.
J’ai encore en souvenir quelques unes de ses phrases sur le sport auto actuel : “On ne peut pas dire que l’on soit dans un pays qui favorise le sport automobile. Cependant, le sport automobile a toujours été une histoire de cycle. On mange le pain noir en espérant que le pain blanc revienne dans quelques années. On ne peut pas détruire comme cela l’automobile.”
J’avoue ne pas être un fan des selfies avec des personnes connues mais là j’ai regretté de ne pas avoir immortalisé la chose une bière à la main avec Guy Ligier. Même pour un gars comme moi qui n’a jamais été branché par la F1, on parle quand même de Guy Ligier. #Legend.
J’en profite pour adresser une nouvelle fois mes remerciements à Christophe Profit d’avoir provoqué cette rencontre.
Une autre fois, je vous raconterai comment David Zollinger m’a appris, au volant d’un break, à passer le premier gauche de Lédenon à fond pour bien comprendre l’aéro…