Une dérive sauvage sur le chemin du salon à la cuisine, des traces de pneus sur le carrelage blanc cassé, les rires qui résonnent dans la maison familiale de la ville de Waiblingen, près de Stuttgart. Telle est la vie actuelle du pilote usine Porsche, Laurens Vanthoor. D’habitude rythmée par la pleine vitesse et l’action, pendant cette période calme de coronavirus, la vie de l’homme de 29 ans s’est quelque peu ralentie. Ce jour là, sa femme, Jacqueline, et lui se délectent des pitreries de leur fille. Même âgée d’un peu plus d’un an, le jeune enfant montre déjà des talents de pilote dans une voiture de course qui fait immédiatement penser à l’une des Porsche 911 GT3 R Manthey Racing aux 24 Heures du Nürburgring avec cette teinte vert-jaune “Grello” !
Emily a, à n’en pas douter, les gènes de son papa, pilote officiel de la marque de Stuttgart, vainqueur en GTE Pro des 24 Heures du Mans en 2018 et champion en titre en GTLM de l’IMSA WeatherTech Championship. Mais pas que ! Certes, son frère a aussi un très beau palmarès dont, lui aussi, une victoire aux 24 Heures du Mans (en GTE Am) et un succès aux 24 Heures du Nürburgring. Mais toute la famille de sa femme a un lien plus ou moins éloigné avec le sport automobile. Jacqueline est issue d’une famille de passionnés de course automobile. La dynastie Brutschin est connue bien au-delà des frontières du district de Waiblingen. Le père, Harald, a participé à des courses de Formule 3, le frère Riccardo a gravi les échelons de la scène en GT3. Il n’est donc pas surprenant que l’un des principaux sujets de conversation de la famille Vanthoor soit les courses automobiles ! Les trophées polis, disposés en rangées bien ordonnées sur l’étagère, d’innombrables casques de différents modèles occupant tout un rayon dans l’atelier de vélos de Laurens Vanthoor sont là pour rappeler son (déjà) prestigieux passé. Un simulateur haut de gamme lui permet de faire des tours de piste sur les circuits du monde entier en toute sécurité, chez lui, en ce temps de confinement mondial.
Comme beaucoup de ses confrères, ce professionnel de la course automobile de 1,80 mètre, originaire de Hasselt (Belgique), a deux tempérament bien distincts : doux et détendu lorsqu’il se promène avec sa femme, sa fille et ses trois chiens ou en pleine concentration, cherchant la limite et le dernier centième de seconde sur les circuits pour gagner. “J’actionne un interrupteur quand je suis dans la voiture de course, je bloque toute distraction”, confirme Laurens Vanthoor, qui semble calme et réservé. En privé, le Belge, né sous le signe du Taureau (8 mai), semble extrêmement doux. Son goût pour la musique le souligne : “J’aime écouter de la musique relaxante”. Sa paix intérieure ne vient pas seulement de la confiance en soi qu’il a acquise en tant que pilote de course automobile, mais aussi de l’harmonie qui règne au sein de sa jeune famille et d’un petit changement sur lequel il revient.
“J’ai changé mes habitudes alimentaires en fin d’année 2019 et j’ai choisi un régime vegan pendant un certain temps. J’ai vraiment apprécié. Malheureusement, avec tous mes voyages, il s’est avéré presque impossible de le suivre. Pourtant, je mange maintenant différemment et j’aime des aliments très différents par rapport à avant. Je ne pouvais pas continuer comme ça. Après des courses vraiment difficiles, je me récompensais souvent en mangeant quelques hamburgers. Après, j’avais toujours l’impression que je n’aurais pas dû. Aujourd’hui, j’ai simplement choisi de ne plus le faire”.
En règle générale, le Belge se maintient en forme grâce à un programme d’entraînement régulier composé, entre autres, de longues sorties avec son vélo de course (dont l’un est aux couleurs de la Porsche Cochon Rose). Son atelier, dans le jardin d’hiver, ressemble d’ailleurs à un atelier de réparation de vélos. “J’ai commencé à faire du vélo pendant ma rééducation après m’être fracturé la hanche en 2015 alors que je ne pouvais pratiquement rien faire d’autre. J’adore ça. Je me suis fait beaucoup de nouveaux amis pendant mes sorties sur route, y compris un banquier en qui j’ai confiance“, sourit-il. “J’ai un peu réduit ma pratique du vélo depuis que je suis devenu père. Ma femme estime que je ne devrais pas faire de si longues sorties sur route. Elle a tout à fait raison car je suis déjà souvent éloigné de ma famille avec mon travail”.
Laurens Vanthoor s’est fixé de nouveaux objectifs sportifs à atteindre. “J’ai un rêve”, dit-il. “Je suis déterminé à gagner les quatre plus grandes courses de 24 heures du monde. J’ai déjà remporté Le Mans (en 2018, Porsche RSR Cochon Rose avec Kevin Estre, Michael Christensen) ainsi que Spa (2014, Audi R8 LMS Ultra WRT avec Markus Winkelhock, René Rast) et du Nürburgring (2015, Audi R8 LMS WRT avec Edward Sandström, Christopher Mies, Nico Müller). Il ne manque que Daytona. Nous y avons terminé deuxième cette année (avec la nouvelle Porsche RSR). Donc, évidemment, je sais ce qu’il me reste à faire en 2021…”
A noter qu’il compte aussi les 24 Heures de Zolder 2012 et les 24 Heures de Dubaï 2016 à son palmarès. Un vrai pilote d’endurance !