Avec un triple programme GT4, LMP3 et Ligier European Series, CD Sport s’attend à une saison chargée. La situation actuelle donne un coup d’arrêt à l’écurie co-dirigée par Laurent Cazenave et Claude Degrémont, active par ailleurs dans des stages de pilotage itinérants. Sur le papier, CD Sport a de quoi bien figurer dans tous les différents championnats. L’équipe est prête, il ne reste donc que le feu vert de la reprise pour retrouver les circuits. Entre deux devoirs scolaires familiaux, Laurent Cazenave a fait le point avec Endurance-Info sur l’activité compétition de CD Sport, mais aussi sur le futur du sport auto avec un discours on ne peut plus intéressant.
CD Sport est au point mort ?
“L’activité est arrêtée temporairement avec du chômage partiel dès le lendemain du confinement. Les courses ne reprendront pas du jour au lendemain, ce qui laisse donc un peu de temps. Comme tout le monde, on a demandé le report des crédits. Le problème sera plus important côté trésorerie dans 8 ou 10 mois. Il faut donc anticiper en vue de l’hiver prochain car les aides ne seront plus actives. L’équipe a fait des choix d’investissement en auto-financement.”
Vous restez confiant ?
“Le sport auto nous remet à notre place car il n’est pas essentiel dans la survie. Des pilotes vont certainement devoir stopper plus tôt que prévu car ils auront d’autres priorités. Dans le cas de CD Sport, nous avons la chance d’avoir des pilotes et des partenaires costauds. Il n’y a pas de remise en cause de nos programmes sportifs 2020. C’est une motivation supplémentaire pour faire du bon travail et fidéliser les clients. Il faudra se concentrer sur du travail de qualité.”
Faire rouler trois Mercedes-AMG GT4 est un gros pas en avant. Aucun regret surtout quand on voit la situation actuelle ?
“Nous avons même failli en faire rouler quatre. Rien n’était calculé, mais la moitié de nos investissements se sont terminés en mars, ce qui fait qu’on réduit nos emprunts de 50%. La plupart de nos autos appartiennent à des investisseurs et tous se sont montrés compréhensifs. Certains m’ont même appelé d’eux-mêmes pour repousser les échéances. Ce comportement est rassurant. Être droit, juste et avoir su créer un capital sympathie fait que nous sommes moins dans une zone de danger.”
Les programmes ont été plus compliqués à monter ?
“Tous nos programmes étaient signés avant la crise, ce qui fait qu’on ne se retrouve pas dans la situation de 2019 où tout s’est bouclé très tard. Par chance, la Mercedes-AMG GT4V plaît, nos résultats 2019 ont été bons après la mauvaise saison 2018 et des jeunes veulent reprendre le flambeau d’Arthur (Rougier) et Edouard (Cauhaupé). La Mercedes n’est jamais la meilleure, mais jamais la plus mauvaise. La partie LMP3 s’est finalisée en novembre grâce à Jean-Noël Le Gall, notre ingénieur, qui a bouclé le dossier. En revanche, la 2e auto a été montée 24 heures avant la clôture des engagements Michelin Le Mans Cup.”
Cumuler trois programmes a tout de suite fait partie des plans ?
“La volonté de faire les deux était clairement là. Nous séparons les deux car les compétences ne sont pas les mêmes. Les ingénieurs ne feront pas les deux programmes et nous avons un chef d’atelier pour le GT4 et un pour le LMP3. Heureusement que nous avions pris cette décision en amont car les meetings vont s’enchaîner. On a juste des free-lance qui feront les deux. Aller en Ligier European Series était aussi une volonté car le produit est très bon et il plaît. L’auto est fiable pour un rapport qualité/prix/performance très bon. Ce marché n’entre pas en concurrence avec le GT4. Quelqu’un qui termine 25e en GT4, compte tenu du niveau très relevé, peut se battre pour le top ten en Ligier European Series.”
A suivre…