La situation actuelle pourrait laisser à penser que les gentlemen seraient capables de mettre un terme prématurément à leurs engagements en sport automobile. Entre une activité professionnelle à privilégier et le prétexte d’arrêter une saison qui n’a pas débuté par manque de budget, les raisons de tirer un trait sur 2020 sont multiples. Laurent Cazenave, qui dirige CD Sport avec Claude Degrémont, a de bonnes raisons de croire que c’est tout le contraire qui est en train de se passer.
CD Sport sera présent sur plusieurs fronts cette saison avec trois Mercedes-AMG GT4 en Championnat de France FFSA GT, deux Ligier JS P320 en Michelin Le Mans Cup, sans oublier la Ligier European Series et l’Ultimate Cup Series.
A quelques semaines de la reprise, Laurent Cazenave tient à saluer l’engagement de ses pilotes envers CD Sport, mais aussi ceux qui rouleront pour ses adversaires : “La période que nous traversons n’est pas simple et il faut souligner les gentlemen qui sont toujours au rendez-vous. Je sais que, dans plusieurs équipes, plusieurs d’entre eux ont tenu à payer en amont pour ne pas impacter les teams. On ne peut pas occulter qu’ils ont des soucis dans leurs entreprises, mais dans une grande majorité, les échéances sont respectées. Tous sont attachés au sport automobile. Les gentlemen ont conscience que les écuries sont des PME en souffrance, mais nous sommes tous des passionnés et des professionnels. Cela fait plaisir à voir que les gentlemen en ont conscience.”
En discutant avec Laurent Cazenave, on sent bien que le dirigeant de CD Sport ne prêche pas pour sa paroisse, mais bien pour l’ensemble du paddock. Entre les autos à payer, le personnel à mettre au chômage technique, l’absence totale de roulage, les équipes traversent une période compliquée.
“Les gentlemen qui roulent pour CD Sport jouent le jeu à fond”, se réjouit Laurent Cazenave. “C’est la même chose pour les investisseurs. Tous pourraient mettre la pression, mais ce n’est pas le cas. Le sport auto peut être vu comme un sport individualiste, mais ce n’est pas absolument pas le cas. C’est assez remarquable. Ce qui est vrai pour CD Sport l’est aussi pour mes confrères. A titre d’exemple, Eric Debard, qui est un ami et qui roule pour Saintéloc Racing, a loué une GT4 chez CD Sport pour des tests sans que j’ai l’idée d’en faire un programme commercial. J’ai aussi des pilotes qui viennent rouler pour aider. Ils savent que c’est important. Tout le monde comprend que quoi qu’il arrive, la saison sera particulière.”
Laurent Cazenave et CD Sport ont pu compter sur le soutien des promoteurs durant cette passe difficile : “Il faut souligner le travail des promoteurs qui prennent le temps de discuter. Quand je vois l’affiche de Magny-Cours en septembre, je me dis ‘waouh’. Il a fallu trouver des compromis sur le problème de timing des gentlemen. Certes, il y a aura toujours des mécontents. Tout le monde a conscience que la situation est dangereuse pour nous. Dans nos championnats, tout les gentlemen sont très importants. Tout le monde se bat, y compris les jeunes qui ont des partenaires. Le prétexte du Covid-19 pourrait être si simple pour tout arrêter car, aujourd’hui, personne n’est sûr de rien.”
Tout le monde ne peut pas être satisfait à 100%, comme le raconte Laurent Cazenave : “En décembre dernier, nous avons fait rouler un pilote à Barcelone. La piste était froide et humide avec pas mal de drapeaux rouges. Le pilote en question n’a pas pris de plaisir, il a donc décidé de ne pas payer. C’est un peu comme si tu habites Nantes, tu loues un appartement dans un station de ski et tu ne peux pas skier à cause d’une tempête de neige. Est-ce qu’il faut en vouloir à la station de ski ? De la même manière qu’il y a des professionnels, il y a aussi des gens qui ne sont pas corrects.”