Laurent Gaudin : “L’expérience acquise cette saison va faire évoluer les choses”

#9 BMW TEAM FRANCE (FRA) BMW M4 EKRIS GT4 JULIEN PIGUET (FRA) FREDERIC JOHAIS (FRA) START OF RACE 2

Relancé il y a tout juste un an par SRO, le Championnat de France FFSA GT a connu une belle édition 2017 pour sa première année dédiée à la catégorie GT4. Les titres Pro-Am et Am se sont joués lors de la toute dernière course du championnat. Tous les regards sont maintenant tournés vers 2018 avec l’arrivée de nouvelles marques dans l’échiquier, ce qui va permettre d’accroître le développement d’une catégorie promise à un bel avenir. Laurent Gaudin, manager général du championnat, est revenu avec nous sur la saison écoulée.

Quel est le bilan ?

« Quand on a lancé le championnat, on espérait 20 GT4 et on aurait signé pour 18. Avoir une moyenne de 32 autos va au-delà de nos espérances. Il a fallu faire face à la méfiance des équipes et la méfiance du concept GT4 car les autos moins vite qu’une GT3. Le fait que la catégorie coûte moins cher ne pesait pas lourd dans la balance. La perte de confiance des équipes envers le Championnat de France FFSA GT était indéniable. De plus, les équipes ont reçu leurs autos assez tard. »

L’apport et l’expertise de SRO ont été un plus ?

« Les gens ont misé sur le nom SRO et l’opération séduction a fonctionné. Nous avons tous construit quelque chose ensemble. Patrice Goueslard va maintenant prendre le leadership du championnat avec son équipe. Pour ma part, je vais me consacrer un peu plus à l’international. SRO prépare une belle édition du 70e anniversaire des 24 Heures de Spa, ce qui prend énormément de temps de préparation. Stéphane Ratel m’avait confié une mission et elle est accomplie. »

La proximité entre les acteurs et le public a été la ligne directrice ?

« On sait de toute façon qu’on ne pourra pas se lâcher autant qu’aux Etats-Unis. La culture entre les deux pays n’est pas la même, la faisabilité (autorisations, assurances mais aussi coutumes tenaces…) est assez limité. Cependant, il reste toujours du travail pour améliorer les choses. Nous avons déjà fait beaucoup cette année pour rapprocher les acteurs des fans. On fera encore plus en 2018. »

La gestion sportive a été plus compliquée à gérer ? Les querelles franco-françaises ont ressurgi ?

« Il y a encore dans les rangs quelques réticents au système. Il a fallu resserrer la gestion sportive avec des pénalités plus sévères. Les faits sont là avec dix vainqueurs différents en douze courses. Il y a deux façons de voir le championnat, la première étant de prendre du plaisir en restant dans les règles, la seconde de sortir des règles et de se voir pénalisé. Quand on applique les règles, il n’y a pas de pénalité. Nous avons vu des choses anormales qu’il a fallu gérer. Le but est bien d’amener le sérieux de la Blancpain GT Series en France. Une infime partie des pilotes reste sur les anciennes bases où on pouvait jouer avec les règles, et mettre la pression sur le système pour en tirer un quelconque avantage. Certes, tout n’est pas parfait de notre côté et nous allons continuer à travailler. Tout le monde découvre le concept. On prend note des doléances et l’échange est permanent. »

Si le nombre d’autos continue de grimper, on pourrait avoir une limitation ?

« On passe de quasiment zéro à trente et il faudrait déjà limiter ? Tout va s’auto réguler car nous aurons forcément des départs et des arrivées. A aucun moment, nous avons annoncé plus de 30 autos. Il faut savoir rester humble. Il n’est pas question non plus de séparer le Pro-Am du Am car on ne veut pas avoir des courses au rabais. La catégorie GT4 reste du sport plaisir. »

Vous avez conscience que les équipes veulent que les coûts soient maîtrisés et que l’on commence à voir l’arrivée de kits pour 2018 ?

« La Porsche Cayman Clubsport MR GT4 en est le parfait exemple. Le kit 2018 est entre 11 000 et 12 000 euros. Ce kit comprend deux boucliers et des ailes AV, le tout en carbone, ainsi que quatre amortisseurs. Qui ne va pas changer ses amortisseurs cet hiver ? De plus, le carbone permet de réparer, ce qui n’est pas le cas du plastique actuel . Si on met le tout bout à bout, on a quatre pièces réparables avec une différence de 100 en moins pour le carbone. »

Le coût des autos est plafonné ?

« Nous préconisons que le prix des GT4 reste en-dessous de 200 000 euros. C’est le cas de Audi, BMW, McLaren, Mercedes et Porsche qui vendent des autos. Les autres auront plus de mal. On l’a vu en GT3 où la seule exception reste la Ferrari 488 GT3, mais une Ferrari reste une Ferrari. Aujourd’hui, la Ford Mustang et la Chevrolet Camaro sont chères à cause des droits de douane et du taux de change dollar/euro. »

Les ‘anciennes’ GT4 auront toujours leur mot à dire en 2018 ?

« Une Ginetta pourra à nouveau jouer le titre en 2018, quelque soit son millésime et la Porsche Spec-2016 restera la référence de performance face aux nouvelles GT4 qui arrivent sur le marché. La Balance de Performance est là pour niveler les différences techniques et les années. Les règles sportives évolueront pour le confort de tous mais les bases ne bougeront pas. L’expérience acquise cette saison va faire évoluer les choses. Patrice aimerait avoir une Superpole dans les rues de Pau. »

SRO met un soin tout particulier à ses séries annexes. Il en sera de même pour 2018 ?

« On fait de la compétition avant tout et il faut que le public en ait pour son argent. Nous avons à nos côtés Peugeot, Porsche, Renault et la Formule 4. Tous ont demandé à revenir en 2018. Après la nouvelle Peugeot cette saison, nous aurons la nouvelle Formule 4 FIA et la Porsche 991 Cup de dernière génération. »

D’autres marques sont attendues en GT4 ?

« De nouveaux constructeurs discutent pour le GT4. Quand on voit la liste des marques déjà présentes, ceux qui n’y sont pas ne peuvent que s’y intéresser. Malheureusement, Ferrari et Lamborghini sont hors du coup car les deux marques n’ont pas de produit correspondant à la philosophie du GT4. La catégorie GT4 peut connaître un vrai succès mondial. Le produit est moins cher et répond à une demande. »

Aujourd’hui, le sport automobile, hors monoplace, ne semble tenir qu’avec la compétition-client. C’est aussi votre avis ?

« Stéphane Ratel a fortement participé au développement de la compétition-client. Avec la création de la catégorie GT3 et désormais le GT4 En France ou en Europe, les équipes retrouvent le même service en GT4 qu’elles peuvent avoir en GT3. La catégorie GT4 correspond à un niveau de clientèle qui a un budget raisonnable. »