Depuis mars dernier, les promoteurs ont toujours été en première ligne, prêts à établir un plan, à le défaire le lendemain pour repartir de zéro. Les lignes ont bougé, les scénarios réécrits à de nombreuses reprises. Du côté de SRO Motorsports Group, on peut enfin souffler après plus de 70 heures de courses sur trois championnats organisés entre juillet et novembre. Les trois séries sont arrivées à leur terme.
Des protocoles drastiques ont été mis en place sur chaque meeting avec des évolutions au gré des événements et de l’évolution de la pandémie. A titre d’exemple, plus de 15 000 tests PCR ont été effectués en GT World Challenge Europe Powered by AWS et plus de 1200 en FFSA GT uniquement pour le dernier meeting FFSA GT du Paul Ricard. Laurent Gaudin, manager général des Total 24 Heures de Spa, du GT World Challenge Europe Powered by AWS Endurance Cup et du Championnat de France des Circuits, a certainement pris quelques cheveux blancs à établir des plans en compagnie des équipes de SRO avec tout de même la satisfaction du travail accompli. Retour sur une saison 2020 pas comme les autres…
On vous sait passionné d’histoire militaire et de Michel Vaillant. Votre saison 2020 s’est apparentée à établir une stratégie militaire ? Jean Graton aurait pu traduire cela par un ‘Cirque Infernal’ ?
“De l’intérieur, on peut dire que ça ressemble en effet à une opération militaire : les commandos interviennent en amont du gros des troupes et pour cela ont besoin de renseignements les plus exacts possibles et de s’adapter en permanence, les stratégies évoluent. Il ne suffit pas de penser qu’on peut changer les choses, il faut convaincre mais force est de constater que tout le monde a suivi. Le premier combat a été d’établir des calendriers. Patricia Kiefer, la directrice des opérations, et moi-même avons dû faire, défaire, refaire, redéfaire en nous assurant de ne pas clasher avec nos autres championnats et les principaux événements des autres promoteurs. Rien que le calendrier a été un vrai travail de fond qui nous a privés de sommeil quelques nuits !.”
Etablir des calendriers est une chose, mais il a aussi fallu gérer les protocoles…
“Là aussi, la mise en place des protocoles sanitaires a été un travail de longue haleine. Nous avons notre propre protocole, auquel il a fallu rajouter celui du circuit en question, du pays, de la fédération nationale et de la FIA. La gestion des déplacements en Europe a aussi été un casse-tête. Si je prends l’exemple de la finale GT World Challenge Europe du Paul Ricard, plusieurs équipes venant hors de France ont fait le déplacement en voiture car c’était le seul moyen de transport possible. Nous avons dû faire face tout au long de la saison à une cascade d’annulations de vols et de trains, là encore il nous fallait être rapide à trouver les bonnes solutions »…
Organiser des courses automobiles dans une période de confinement comme au Paul Ricard ou de couvre-feu à Spa a forcément fait naître des critiques…
“Nous avons roulé sans public et sans invités, nous avons réduit tous les effectifs et appliqué des règles sanitaires strictes. Nous n’avons pas connu de foyer de contagion et donc pas utilisé inutilement de lits dans les hôpitaux. Nous avons travaillé en corrélation avec les autorités locales et nous avons répondu à tous les cahiers des charges. Nous sommes classés sport professionnel et Il n’y avait pas de raison que nous soyons traités différemment des autres sports pro. Nos championnats ont un impact financier certain pour les teams et leurs personnels, les hôtels, les restaurants, les fournisseurs, les services après vente, les prestataires extérieurs… etc….Nous avons fait preuve à chaque instant de la saison de responsabilité.
A un moment, vous avez pensé dire ‘stop, on arrête tout’ ?
“Chez SRO, nous avons un peu de mal avec la notion d’abandon…, mais nous avons craint qu’on nous dise stop. Avec le temps, l’équipe est rompue aux difficultés. Nous sommes des professionnels de l’événementiel avec des cadres qui font cela depuis 25 ans. Les difficultés, c’est notre travail. Nous avons une équipe complète qui est dévouée à la compagnie et à ses clients. On fait vivre des familles et on ne fait pas du sport auto pour de riches égocentriques. La vie de celui qui monte des pneus dépend de ce que l’on fait. Pas d’activité veut dire pas de salaire.”
Le point positif est que les équipes ont suivi ?
“En grande partie, les acteurs ont répondu présents et tout le monde a appliqué les règles. Il n’y a pas eu de polémique.”
Quid de la saison 2021 ?
“il est à craindre qu’avant l’été 2021 et les résultats de la campagne mondiale de vaccination, les opérations soient toujours très affectées. Il y a 6 niveaux d’alerte au sein du groupe SRO. Le niveau 6 c’est une opération perturbée, avec protocole et restrictions des activités, le niveau 5 c’est une opération sans public, le niveau 4 une opération sans les invités des équipes, le niveau 3 c’est en effectif très réduit, le niveau 2 c’est un report à des heures supposées meilleures et hélas le niveau 1 c’est l’annulation de l’opération. On est déjà en « Defcon » 6….voire en 5 pour certaines opérations.
Selon vous, des enseignements vont être tirés de cette situation ?
“La situation sanitaire nous a ouvert les yeux et certaines choses peuvent fonctionner d’une façon plus simple et plus rapide, comme les contrôles administratifs, par exemple. La gestion des accès et des flux de circulation etc peut aussi être revue. Nous cherchons toujours du positif même dans les moments difficiles. Nous allons retravailler de nombreux points pour l’avenir. Avec ce qu’on vient de vivre, il y a une plus grande solidarité entre les acteurs car ceux qui sont sur place sont essentiels. Tout le monde est là pour faire de la course.”