Le DTM en GT3, vraie ou fausse bonne idée ?

L’Allemagne aura donc deux championnats GT3 en 2021. En plus du très relevé ADAC GT Masters, le DTM se met lui aussi à l’ère GT3 par manque de combattant. Après Mercedes, Audi a décidé de quitter le navire en fin de saison, laissant BMW comme seule marque impliquée. Le passage d’Aston Martin a vite fait pschitt et les constructeurs japonais sont restés chez eux. Bien leur en a pris. On remet donc les compteurs à zéro en prenant une formule GT3 mondialement reconnue. La question à se poser est de savoir s’il y aura bien la place pour deux championnats GT3 dans un même pays par les temps qui courent. Si la fédération allemande a donné son accord, c’est qu’elle doit y croire. Pourtant, c’est loin d’être gagné…

D’ordinaire, on se réjouit tous de voir un nouveau championnat même si dans le cas du DTM, ce n’est pas une nouvelle série mais juste une nouvelle réglementation. L’éternel recommencement du sport automobile. Audi et BMW se sont retirées du championnat dans les années 90 suite à l’arrivée des nouvelles règles et du moteur 2,5 litres. Le DTM est alors devenu ITC avec la présence de Alfa Romeo, Mercedes et Opel. L’aventure durera deux saisons pour s’arrêter fin 1996. Il faudra attendre 2000 pour revoir le Deutsche Tourenwagen Masters avec là encore de nouvelles règles.

En 2021, on repart d’une feuille blanche en mettant au garage les autos actuelles basées sur la Classe-One développée avec le SUPER GT. On va donc parler désormais de GT3. Il a été question un temps de supprimer l’ABS, de faire des départs arrêtés pour avoir quelque chose qui ressemble à du GT3+. Finalement, on part sur une réglementation standard où l’ABS et le traction control restent autorisés.

Qu’est ce qui change par rapport à l’ADAC GT Masters ? Les pneus ne seront pas des Pirelli mais des Hankook, les courses seront à pilote unique sur une durée de 55 minutes + 1 tour, et un handicap poids sera appliqué aux trois premiers de chaque course.

Les deux séries sont-elles compatibles ? Le DTM est plus sur un format axé sur les constructeurs, d’où son côté très politique, bien plus que le SUPER GT. A contrario, l’ADAC GT Masters repose sur des équipes privées qui font rouler deux pilotes. On a d’un côté 16 autos qui coûtent très cher soutenues par Audi et BMW, et de l’autre 30 GT3. L’ADAC GT Masters reste le championnat GT3 national le plus relevé.

Avoir un pilote unique en course a un vrai intérêt, que ce soit en DTM ou GT3. Maintenant, la question reste la même : ‘qui paye ?’ On ne peut pas dire que les constructeurs soutiennent les équipes comme par le passé et il y a fort à parier qu’elles soient moins présentes officiellement à l’avenir à l’exception des grandes courses comme Spa et le Nürburgring. Le DTM 2.0 reposant sur des pilotes professionnels, il faudra donc trouver le budget adéquat pour faire rouler les autos. Non seulement les pilotes ne vont pas payer, mais en plus il faudra les payer. Les constructeurs vont devoir mettre la main à la poche.

La période actuelle n’est pas à s’étendre et proposer un meeting DTM inaugural en Russie est couillu, surtout quand on connaît les tracasseries administratives pour aller dans le pays. On a déjà trois meetings avec des dates communes entre les deux championnats et peut-être même un quatrième. Pas simple à gérer compte tenu de la conjoncture avec en plus une BOP et des pneus spécifiques. Il n’y a donc pas le moindre accord entre les deux séries, c’est le moins qu’on puisse dire.

Si l’Allemagne va avoir deux championnats GT3 en 2021, elle a déjà deux séries GT4 avec l’ADAC GT4 Germany (19 autos) et le DTM Trophy (18 autos). Le premier peut appeler son championnat GT4, pas le second qui n’a pas la licence SRO. Le terme GT4 ne peut donc pas être employé.

Pour conclure, c’est la cacophonie qui règne chez nos voisins allemands, un peu à l’image des décisions gouvernementales actuelles. Tout cela ne renforce pas l’image du sport automobile où chacun va essayer de piquer les clients de la série concurrente. C’est à la fin du bal qu’on paye les musiciens, alors rendez-vous dans un an. Le point positif est que le SUPER GT va pouvoir continuer de son côté et on entend d’ici Bandoh-san, promoteur de la série japonaise : “Ah vous les européens !”