En fonction des décisions gouvernementales des différents pays, la solution la plus probable pour rouler avant la rentrée de septembre reste le huis clos. Sur le papier, cela semble simple. Il ne faut pas se voiler la face, rouler sans public ne va pas changer grand-chose pour pas mal de championnats, car même si chaque meeting a du public, il est le plus souvent en-dessous des chiffres communiqués.
Alors que certains spécialistes prédisent qu’on ne pourra pas réunir du public sur un événement avant l’automne 2021 (?!?!?!), soit quand on aura un vaccin, il va bien falloir que la vie reprenne son cours à un moment sous peine de revenir au Moyen Âge. Par les temps qui courent, tout le monde est spécialiste de quelque chose. Avant mars 2020, tout le monde était pilote, promoteur, team manager, commissaire sportif, dame pipi. Depuis la pandémie, tout le monde s’improvise infectiologue, médecin, chercheur, sportif, journaliste, voire même infectiologue-journaliste.
L’Angleterre et l’Italie n’ont pas prévu la moindre course avant au minimum juillet, la France est à mi-juillet, l’Allemagne et la Belgique sont à début septembre. Si les choses évoluent dans le bon sens, on peut tabler au mieux sur une saison 2020 échelonnée sur les quatre derniers mois de l’année. Pas simple pour les championnats qui n’ont pas encore débuté.
Rouler à huis clos ne demande pas seulement de tourner sur circuit sans public. Premièrement, il faut que les pays concernés acceptent le huis clos. Deuxièmement, que les circuits veuillent bien accueillir les meetings. Troisièmement, que le paddock puisse voyager pour rejoindre le circuit et repartir une fois le meeting terminé. Quatrièmement, il faut pouvoir loger et nourrir un paddock qui ne peut vivre en vase clos que dans l’enceinte du circuit. Cinquièmement, garder une distance sociale entre les membres d’une équipe dans un stand, ce qui n’est pas simple à respecter. Il faut également les commissaires qui sont essentiels au fonctionnement d’un meeting.
Sur un circuit, il y a de la surface pour le public. Envisager de mettre un nombre de spectateurs dans un périmètre délimité peut être pris en compte, mais on doute de la faisabilité d’une telle idée. De plus, quel intérêt aurait un spectateur de payer pour rester au même endroit plusieurs heures ?
Ne pas avoir de public n’est pas un problème majeur pour beaucoup de championnats qui n’ont pas mis dans leur modèle économique de grosses recettes venant du public. On ne devrait pas en arriver à ce que met en place la Biélorussie qui place des mannequins dans les tribunes de ses stades de football pour compenser l’absence de public. Trois courses de 24 heures doivent échapper à l’absence de public : Le Mans, Spa, Nürburgring. Ces trois épreuves majeures accueillent un public important et il semble compliqué de penser au huis clos pour le club des trois 24 heures. Le Mans et le Nürburgring se tiendront après la mi-septembre et on parle de l’automne pour Spa.
Comme nous l’avait précisé Giorgio Sanna, patron de Lamborghini Squadra Corse, il y a quelques semaines, la reprise pourrait se faire plus facilement avec les championnats nationaux : paddock plus restreint en personnel, pas (ou très peu) de déplacements internationaux. Le souci majeur du huis clos sur les championnats nationaux reste l’absence de public, les recettes faisant partie intégrante du succès des séries nationales. Chacun y va donc de sa date sans se soucier du voisin. Les Etats-Unis commencent à s’organiser avec pourquoi pas la tenue de meetings communs IMSA/SRO/IndyCar. Est-ce que l’Europe essaiera la même chose ? L’avenir nous le dira…
Le temps presse et débuter des saisons en septembre laissera des traces. Il faut trouver des dates, des circuits, le tout dans un laps de temps très court. Toute personne sans le moindre lien avec le sport auto, et même avec le sport en général, pourrait trouver indécent de parler de sport dans la période actuelle, mais il y a toute une économie derrière. Si on veut sauvegarder les équipes, il faut rouler en 2020. Dans le cas contraire, beaucoup d’écuries ne passeront pas l’hiver. C’est aussi le cas des médias.
A l’heure du huis clos, on a différents scénarios en fonction des promoteurs. Le championnat Nürburgring Endurance Series espère toujours débuter fin juin au Nürburgring quand l’International GT Open qui devait aller à Hockenheim fin juin a reporté son meeting. Là encore, l’incertitude de pouvoir voyager pour les concurrents du GT Open fin juin est un frein à la tenue du meeting. Reste à savoir si les gouvernements vont autoriser les déplacements professionnels dès cet été. Pour ce qui est du WEC et de l’ELMS à Spa, les dates initiales en août sont maintenues à ce jour.
Ils sont beaucoup à craindre cette reprise, même sans parler de la situation sanitaire. Le sport auto, à l’exception de la F1 et de la Fe, est tout de même trusté par les gentlemen. Espérons que ces gentlemen, que beaucoup ont montré du doigt à une époque, sauveront une fois de plus le sport auto. Bien sûr, il y a le dossier économique à prendre en compte, la volonté et même l’obligation pour eux de se consacrer à leur profession, mais on espère qu’ils trouveront encore un intérêt à rouler dès cette année.
En attendant, les promoteurs rament car ils sont dans l’incertitude de l’avenir. Les gouvernements n’ont que faire d’un sport auto qui a bien moins de pouvoir que le football. Les écoles rouvrent début mai, les transports en commun se remplissent petit à petit, mais on ne sait pas quand on pourra remettre les pieds sur un circuit. Il est vrai qu’à ce jour, personne ne sait avec certitude comment on en est arrivé là…