Être né un 19 septembre est tout sauf, original. Si comme moi vous portez les initiales LM comme Le Mans, que vous êtes né un 19 septembre, que vous fêtez cette année le 40e anniversaire de votre première venue aux 24 Heures du Mans et que le 19 septembre est en plus le jour du départ de l’épreuve, vous cochez toutes les cases. Deux anniversaires en un ! Ce n’est pas pour autant qu’il faut s’en réjouir car le samedi de la semaine 24 aurait dû remplacer ce 19 septembre. Cet événement à huis clos ne ravit pas tout le monde. On aurait même pu fêter un troisième anniversaire avec celui de notre photographe Bruno Vandevelde, également né un 19 septembre (40 ans samedi), mais comme beaucoup, Bruno suivra la course depuis son domicile.
Peu importe la date, il fallait une course. On l’a dit et répété, beaucoup d’équipes ont un modèle économique qui tourne autour des 24 Heures du Mans. En tout premier lieu, il convient de saluer le travail des organisateurs d’avoir su maintenir l’événement. Certes, c’est à huis clos, port du masque obligatoire, test PCR négatif avant de pénétrer dans l’enceinte, pas question d’aller traîner partout. Pour couronner le tout, il fait depuis quelques années une météo bien pourrie en juin et on arrive au Mans mi-septembre : canicule. Il ne fait pas chaud, il fait très chaud.
Le Mans en juin est synonyme de rassemblement, de fête, de passion autour d’une course d’endurance. Ce satané virus est toujours là, on ne sait plus trop qui croire sur ce qu’il faut faire et ne pas faire. On entend tout et son contraire mais Le Mans aura bien lieu à huis clos. Le système de zones pour le public n’a pas été retenu, d’où une grogne des fans. Tirer sur l’organisateur est facile et c’est certainement ne pas voir plus loin que le bout de son nez ou plutôt de son masque. Vous, moi, ne pouvons pas changer les règles édictées par nos dirigeants même si certaines sont étranges. Vous faisiez partie des personnes qui ont préparé la course ? Moi pas… A une époque où le principe de précaution est employé à outrance, que faire ?
Il est clair que l’ACO aurait préféré avoir 250 000 personnes plutôt que zéro. Le manque à gagner est conséquent et tous les promoteurs que l’on connaît ne parlent pas de gagner d’argent mais d’en perdre le moins possible. Tout est mis en place pour l’accueil du public dans de bonnes conditions mais les décisions prises vont bien au-delà des organisateurs. Alors oui on ne peut pas aller voir un match de football mais on peut s’entasser au départ d’une étape du Tour de France et on pouvait s’asseoir dans une tribune au Puy du Fou jusqu’au tollé médiatique.
Imaginez si on accepte le public au Mans, que des cas de Covid-19 devaient se multiplier dans une enceinte sportive privée bien loin d’un bord de route du Tour de France. Pour beaucoup, le sport auto est accessoire mais le foot est primordial. Si Le Mans avait fait la Une pour des cas positifs, quelles auraient été les conséquences ? Tout le monde aurait crié au scandale. Déjà que des élus nous disent que le Tour de France est machiste. On vit une époque compliquée qui n’a rien de formidable.
En arrivant au Mans en début de semaine de 24 Heures, on sent une certaine atmosphère qui monte en puissance dès le lundi. Mais ça c’était avant 2020… Là, vous êtes au Mans au mois de septembre. Les seules choses qui rappellent la course sont les panneaux au bord des routes qui en précisent la fermeture.
Sur le circuit, tout le monde travaille en silence avec plusieurs fois par heure un message sur haut-parleur qui vous rappelle de porter le masque et de respecter les gestes barrières. Pas un bruit, pas un sifflement, pas un sourire, pas un regard. Tout le monde est dans son coin à faire ses affaires. Nous, médias, on regarde à distance, on reste à l’extérieur.
Malgré toutes ces contraintes, ne croyez pas que cette 88e édition ne mérite pas d’être suivie. Les interrogations sont multiples et rien n’est gagné d’avance : nuit plus longue, beaucoup de débutants, un timing très raccourci, météo incertaine, préparation chamboulée, etc… Non, Toyota n’a pas encore gagné Le Mans pour la 3e fois. Une course d’endurance ne se gagne qu’une fois la ligne d’arrivée franchie, Covid-19 ou pas.
Il est vrai que vous ne pouvez pas être sur place mais de grâce, supportez la course, regardez-là, parlez-en autour de vous. Il s’agit de supporter le sport automobile en général. Alpine annonce son arrivée en LMP1, Peugeot va présenter son programme Endurance et d’autres annonces vont avoir lieu dans le courant de semaine. Pour être là en 2021, il faut que 2020 se passe bien. Les organisateurs, les équipes, les commissaires, les pilotes, les médias et toute la famille Endurance vont tout faire pour vous faire vivre cette course du mieux possible, même à distance. Cette année, le slogan “Magique, Unique, Mythique” entendu il y a quelques années au Mans est remplacé par “Différent, Etonnant, Frustrant”. Allez, on se donne rendez-vous en juin 2021 pour une grande fête bien loin d’un bal masqué et cette fois je ne fêterai pas d’anniversaire.