Plus d’une semaine après la divulgation des listes des 24 Heures du Mans, du FIA WEC et de l’ELMS, il est temps d’analyser ces différentes listes. Si vous vous limitez à penser que le LM P1 va être ennuyeux, que le LM P1 non hybride sera sans saveur (là on ne peut que vous donner raison), que le LM P2 ne s’apparente qu’à une coupe mono-marque et que le GTE est tronqué par la BOP, alors c’est sûr que vous devez quitter cet article et passer sur des analyses F1 écrites par nos confrères dont certains nous qualifient publiquement d’ayatollah du Mans (un honneur).
“La question des coûts nous préoccupe et nous chercherons avec les équipes à mieux les optimiser et les maîtriser pour les prochaines saisons” a déclaré Jean Todt lors de la web conférence. Une fois cette phrase prononcée, tout a été dit. Si le plateau a perdu quelques éléments, c’est uniquement pour une histoire de budget et pas un désintérêt du championnat. Au moins 80% des équipes présentes dans les séries continentales Le Mans veulent aller se frotter sur la scène mondiale et le seul couac est bien d’ordre financier. On note le départ de 11 autos : Audi Sport (arrêt), RGR Sport (arrêt), ESM (IMSA), SMP Racing (ELMS), Abu Dhabi Proton (arrêt), KCMG (arrêt), Larbre Compétition (Le Mans), Strakka Racing (GT3). A contrario, Porsche GT Team et Jackie Chan DC Racing arrivent avec deux autos, TDS Racing et Clearwater Racing avec une.
On espère tous assister un beau duel entre Porsche et Toyota avec une Toyota profondément remaniée durant l’hiver. Le LM P1 non hybride sera le parent pauvre d’une saison de transition avant l’arrivée (on l’espère) de nouveaux constructeurs. On va maintenant pouvoir constater l’écart entre une LM P1 non hybride et les nouvelles LM P2 ou plutôt l’ORECA 07. On lit ici et là que le constructeur de Signes a cannibalisé le LM P2. Désolé mais ORECA n’a rien cannibalisé. D’une, ORECA n’est en rien responsable, de deux, ORECA avait une LM P2 ‘adaptable’, de trois, les équipes LM P2 qui sont parties n’ont pas acheté une 07 (RGR Sport, Strakka Racing, SMP Racing, ESM). Le timing a tourné à l’avantage d’ORECA, mais croyez-bien que la concurrence ne va pas rester les bras croisés.
Si on fait le total des châssis LM P2 roulant en compétition (IMSA, WEC, ELMS), on trouve 15 châssis ORECA, 10 Ligier, 7 Dallara et 4 Riley. Six équipes roulant en ORECA 07 alignent deux autos contre une seule à chacun des trois autres constructeurs. ORECA équipe donc 9 équipes, Onroak 9, Dallara 6 et Riley 3. Il n’y a donc pas péril en la demeure. Sur les trois championnats, 10 équipes débutent en LM P2. En y regardant de plus près, on compte encore une bonne dizaine d’équipes dans l’attente du choix d’un châssis pour 2018. La saison à venir va donc être primordiale pour les quatre constructeurs. La répartition est plus équitable en ELMS avec 5 Ligier, 4 ORECA et 4 Dallara. Avec 14 ORECA au Mans contre 7 Ligier, 3 Dallara et 1 Riley, le match est plus déséquilibré. La réponse se fera sur la piste avec on l’espère moins de soucis périphériques que maintenant.
Le GTE est conforme à ce que l’on attendait et sur ce plan il n’y a pas grand-chose à dire, si ce n’est une BOP équitable entre les différentes marques et que le premier pris la main dans le sac à cacher son jeu, direction la case ‘penalty box’. Porsche a pensé un temps mettre trois 911 RSR au Mans mais le projet a capoté.
La saison European Le Mans Series vaudra elle aussi le détour avec beaucoup de nouvelles équipes en LM P2. La plus ancienne équipe à rouler cette année est SMP Racing. C’est dire si le turn over a été important durant l’hiver. La moitié du plateau fera ses débuts dans la catégorie. Seules deux nouvelles équipes débuteront en LM P3 avec Team Oregon et AT Racing. On attendait un peu plus de diversité au niveau des châssis car avec 2 Norma contre 14 Ligier, le match est déséquilibré. En revanche, le GTE est plus varié avec trois constructeurs.
Les différentes équipes vont maintenant travailler à réunir les budgets nécessaires pour mener à bien la campagne 2017. Elles sont encore deux à patienter d’avoir un ticket d’entrée pour les 24 Heures du Mans. En passant à 60 autos, l’ACO fait plaisir à 5 concurrents supplémentaires, ce qui limite le nombre de réservistes. Monter un programme pour aller au Mans coûte beaucoup d’argent et les équipes ne souhaitent pas exploser en vol, d’où des dossiers fiables.
Rendez-vous à Monza dans quelques semaines…