On voit souvent Shaun Lynn dans les courses historiques comme il y a tout juste deux semaines lors de la dernière édition du Tour Auto (voir son interview Classic ICI). Cependant, le Britannique a aussi un pied en moderne d’abord parce qu’il va prendre part à Road To Le Mans sur une Ligier JS P320 de United Autosports, mais aussi parce qu’il est le papa d’Alex Lynn, pilote officiel Aston Martin Racing, qui roule sur la Vantage GTE #97 avec Maxime Martin et Harry Tincknell en catégorie GTE Pro…
Que pensez-vous de la carrière de votre fils Alex ?
« Je trouve qu’Alex a déjà eu une carrière incroyable. Il a été champion de Formule Renault en Grande-Bretagne (2011), troisième en Formule 3, il a gagné le Grand Prix de Macau en 2013 et a été champion GP3 en 2014. Il voulait et rêvait de Formule 1, c’est certain, mais le monde de la F1 est différent de ce qu’il a pu connaitre avant, c’est puissance 10. Tout tourne autour de l’argent et je peux vous dire qu’il en faut beaucoup pour que les choses se fassent. La plupart des pilotes, en dehors de quelques pilotes de constructeurs, apportent de gros budgets. Il a fallu prendre une décision familiale à propos de cela il y a déjà quelques années. La F1 n’était pas possible. Il s’est alors dirigé vers les prototypes et a roulé en WEC en LMP2 chez G-Drive Racing et a remporté les 12 Heures de Sebring en 2017 (avec Wayne Taylor Racing). Une opportunité est ensuite arrivée pour qu’il rejoigne la Formule E chez DS Virgin Racing (il est chez Mahindra Racing actuellement). Je suis content qu’il soit dans cette série car je pense que c’est l’avenir. Cela aide à comprendre comment les nouvelles technologies vont aider à changer nos vies. Qu’on aime ou pas la Formule E, je pense que c’est le futur. Alex est en tout cas vraiment content d’être impliqué dans ce championnat. Il va continuer la saison prochaine. Il commence seulement sa carrière car, il ne faut pas oublier, qu’il n’ a que 26 ans, il a l’avenir devant lui ! »
Êtes-vous fier qu’il roule en Endurance pour le compte d’un constructeur britannique ?
« Oui, je le suis, mais pour être honnête, c’est une carrière. Vous ne pouvez pas être « sentimental ». C’est sympa si vous pouvez l’être, mais cela s’arrête là. Il faut toujours saisir la meilleure opportunité pour vous, surtout celle qui va vous permettre de gagner. Là, avec Aston Martin Racing, il est en mesure de remporter un championnat du monde et des classiques comme les 24 Heures du Mans. Il veut gagner cette dernière tout comme les 24 Heures de Daytona et peut être aussi de nouveau Sebring. »
Comment lui avez-vous transmis votre passion ?
« Je l’ai mis sur une moto alors qu’il n’avait que quatre ans (rire) ! Je l’ai emmené voir des compétitions de motocross très jeune et il en a lui-même fait quand il était enfant. Une bonne partie de la famille a été impliqué dans les débuts d’Alex, mon père, ma femme, ma fille, mon plus jeune fils et moi-même et nous l’avons suivi sur les différents circuits. Nous nous sommes partagé les tâches ma femme et moi à travers le motocross, le karting puis la monoplace. C’est dans son sang et dans celui de la famille. Pas la peine de demander à ma fille où se trouve Silverstone (rire) ! Mon plus jeune fils, Max, fait aussi du Classic et j’aimerais faire le Tour Auto un jour avec lui. »
L’avez-vous freiné ou poussé vers le sport automobile ?
« Je lui ai montré, c’est certain, mais c’est lui qui a demandé à en faire plus, et plus encore ! A un anniversaire d’un de ses copains, organisé sur un circuit de karting, alors qu’il avait 8 ou 9 ans, il est rentré et m’a dit : « Papa, c’est ça que je veux faire ! » Je lui ai dit : « Et la moto ? » Il m’a répondu : « Non, non, le karting ! Est-ce que je peux en refaire ? » J’ai accepté, nous avons été plusieurs fois sur des circuits et il faisait des ronds, des ronds et des ronds. Un jour, j’ai décidé d’acheter un Kart, je l’ai ramené à la maison, j’ai mis de l’essence et il a continué à faire des boucles et on voyait qu’il adorait cela ! Je l’ai emmené faire un test un jour sur un circuit en Angleterre et cela a été positif. J’ai vendu son kart pour en acheter un bien plus performant et le reste, c’est de la folie (rire) ! »
Vous avez assisté à pas mal de ses courses. Comment vous sentez vous quand Alex est dans la voiture ?
«Je suis plutôt relax, mais pas sa mère ! Elle est toujours effrayée et inquiète. La seule fois où j’ai eu quelques frayeurs c’est lorsqu’il a fait les 24 Heures du Nürburgring. C’était au beau milieu de la nuit, il était alors 3 heures du matin, je pouvais le suivre grâce à une caméra embarquée. Il était chez Schnitzer sur une des BMW M6 GT3. C’était juste dingue ce relais. La vitesse, la différence de puissance entre les différentes voitures, les dépassements au millimètre… Le circuit lui même est quelque chose d’incroyable. C’est la seule fois dans sa carrière où j’ai été nerveux ! »
Alex va disputer ses quatrièmes 24 Heures du Mans. Vous avez vous-même fait Le Mans en 2011 sur une Ferrari F430 GTC de l’équipe CRS Racing avec Pierre Ehret et Roger Wills. Que gardez-vous en tête de ce moment ?
« J’ai tout simplement adoré cette course. Mais, malheureusement, j’ai eu un accident lors de la 10e heure, dans mon deuxième relais. En tout cas, c’est une expérience que je n’oublierai jamais, j’aimerais tellement y retourner, mais c’est un autre temps pour moi. En tout cas, j’ai le plus grand respect pour ces pilotes et écuries qui y participent, c’est un événement magique ! »