D’après le site Brembo : Selon les techniciens Brembo, forts de plus de vingt ans d’expérience aux 24 Heures du Mans, le circuit de la Sarthe présente, tout au long des 24 heures de course, de multiples difficultés pour les systèmes de freinage de chaque catégorie, caractérisés à la fois par des solutions techniques et par des sollicitations différentes.
L’effort des freins…
Bien qu’il s’agisse d’un tracé très long, surtout en comparaison des circuits utilisés en Formule 1, les voitures n’ont recours aux freins que 11 fois sur un tour. Le temps consacré au freinage par les LMP1 correspond à 15 pour cent de la durée totale, soit environ 3 heures et un quart : aux 24 Heures du Mans, les systèmes de freinage des prototypes sont donc mis à contribution autant que lors des 12 GP de Formule 1. Pour les LM GTE Pro qui, conformément au règlement, disposent de systèmes de freinage moins sophistiqués, le niveau d’utilisation des freins s’élève à 17 pour cent et dépasse donc largement le seuil des 4 heures.
Ce sont des valeurs insensées qui montrent bien que les systèmes de freinage des 24 Heures du Mans doivent garantir non seulement les meilleures performances possibles mais aussi une fiabilité maximale. Pour Brembo, la course du Mans représente donc le banc d’essai idéal pour développer des solutions techniques qui, une fois vérifiées, peuvent être transférées aux routières.
Les valeurs des décélérations sont bien sûr elles aussi différentes : les pilotes des LMP1 affrontent une décélération moyenne par tour de 2,6 g ; ceux des LM GTE Pro se limitent, pour ainsi dire, à 1,6 g. Une autre mesure de l’effort demandé aux pilotes et au système de freinage concerne la charge sur la pédale du frein : elle atteint 800 kg par tour.
Rappelons que lors de l’édition 2016, l’équipage victorieux (la Porsche 919 Hybrid équipée de freins Brembo) a parcouru 384 tours, ce qui signifie que les trois pilotes ont exercé au total une charge de 307 tonnes, soit le poids d’une cinquantaine d’éléphants d’Afrique. L’énergie dissipée au freinage par les meilleures LM GTE Pro pendant toute la durée des 24 Heures du Mans est de 350-355 kWh, l’équivalent de l’énergie électrique consommée par une vingtaine de citoyens français durant les 24 heures de course.
Les freinages les plus difficiles…
Sur les 11 freinages du circuit de la Sarthe, 6 sont considérés par les techniciens Brembo comme très difficiles pour les freins, 4 de difficulté moyenne et 1 seulement comme facile. Le plus difficile est celui de la première chicane qui interrompt la ligne droite des Hunaudières : les LMP1 y arrivent à 335 km/h et freinent pendant 3,21 secondes, durant lesquelles elles parcourent 195 mètres pour descendre à 110 km/h.
Les pilotes exercent une force de 105 kg sur la pédale et affrontent une décélération de 3,21 g. Avec les LM GTE Pro, la vitesse de pointe est de « seulement » 296 km/h, car les voitures sont moins puissantes, plus lourdes et ne disposent pas de freins en carbone.
Le freinage suivant, sur la même ligne droite, la deuxième Chicane, demande aussi beaucoup aux freins :
les LMP1 passent de 325 km/h à 125 km/h en 2,6 secondes, durant lesquelles elles parcourent 174 mètres.
Le freinage des LM GTE Pro est beaucoup plus long puisqu’elles parcourent 309 mètres pour passer de 290 km/h à 97 km/h en 5,4 secondes.
Parmi les freinages les plus stressants pour le système de freinage, il faut citer celui des Virages Ford, juste avant la ligne d’arrivée :
pour les LMP1, c’est le freinage qui requiert la plus longue utilisation des freins, à savoir 5,5 secondes, et la distance de freinage maximale, puisqu’elles ont besoin de 269 mètres pour passer de 285 km/h à 100 km/h.
La charge sur la pédale est de 88 kg et la décélération de 2,07 g. À l’inverse, pour les LM GTE Pro, la distance de freinage est plus réduite par rapport aux prototypes car elles arrivent à une vitesse moins élevée :
seulement 183 mètres, avec une vitesse au début du freinage de 257 km/h et à la fin de 97 km/h.