Pour commencer, merci de cette initiative qui nous permet dans une certaine mesure d’expliquer tout ce que les 24 Heures du Mans peuvent représenter pour un fan. Après de nombreuses années, certaines personnes de mon entourage ont encore du mal à comprendre cet engouement, et ce petit billet permettra peut-être de donner un aperçu de la place que peuvent avoir les 24 heures dans ma vie.
L’histoire a probablement commencé tôt (à cette époque je n’en avais pas encore conscience), avec 3 petites voitures (groupe C) distribuées à mes frères et moi, et un poster accroché derrière la porte de ma chambre lorsque j’avais environ 3 ans. Pour autant, mon papa n’a jamais été réellement passionné par les 24 Heures, et je ne me suis souvenu de cela qu’assez récemment.
Mon premier contact avec les 24 Heures a réellement eu lieu à la fin des années 90 (probablement 98), au cours des essais. J’ai en effet la chance d’habiter à une heure de route du circuit et nous y sommes allés un petit peu par hasard. Je me souviens surtout des Panoz, car elles ressemblaient à des batmobiles, et faisaient un bruit incroyable. À cette époque j’avais une dizaine d’années et j’avais déjà beaucoup apprécié le spectacle.
Je ne suis revenu au Mans que 10 ans plus tard, de ma propre initiative, et plus par curiosité qu’autre chose. Je me souviens avoir d’abord été impressionné de l’ambiance sonore, puis avoir gravi le talus (qui borde la piste à l’extérieur du circuit avant la chicane Ford), et avoir attendu quelques secondes avant d’être surpris par l’arrivée très rapide et paradoxalement peu bruyante d’une des Peugeot 908. C’en était fini, j’avais mordu à l’hameçon. Cette année-là, je n’ai pu assister qu’aux essais, mais rendez-vous était pris pour le week-end de course de l’édition 2009.
Par la suite, les éditions successives n’ont fait qu’accentuer ma passion pour cette course. Au début ce sont surtout l’excitation des faits de courses qui m’ont galvanisé. J’apprenais aussi à apprécier les commentaires de Bruno Vandestick, que je remercie d’ailleurs des émotions qu’il peut nous faire vivre. – À ce propos, si quelqu’un à un enregistrement des commentaires de Bruno du tour de pole de Kamui Kobayashi en 2017, je suis preneur. Lorsque je me les remémorent de mon mieux, ça me met la chair de poule en moins de 20 secondes (je ne blague pas c’est véridique, et ça fait beaucoup rire à l’apéro).-
Un événement particulièrement marquant et qui m’a convaincu de ne rater les 24 heures sous aucun prétexte a été l’accident d’Allan McNish en 2011, auquel j’ai assisté en toute bordure de piste. Dès le passage sous la passerelle Dunlop j’ai compris qu’il allait se passer quelque chose, j’ai vu la scène un peu comme au ralenti, à l’exception du moment où la voiture a tapé le rail et où les débris ont été projetés en l’air (et notamment le fameux pneu). Cette édition a en fait été exceptionnelle à tout point de vue.
Par la suite, le règlement 2012 a aussi marqué un virage pour moi. Non pas uniquement sur le plan sportif mais avant tout d’un point de vue strictement personnel. Pour la première fois, j’avais là un moyen d’aborder le sujet des 24 Heures du Mans avec des profanes en utilisant l’intérêt suscité par l’hybridation et la baisse des consommations, et les tenir une heure sans passer complètement pour un dingue !
De fil en aiguille, j’ai pu convaincre davantage de personnes de m’accompagner. Les 3 premières années je suis parti avec ma compagne qui est désormais mon épouse, et par la suite avec un ami passionné également.
Au fur et à mesure nous voyons un peu plus grand. Les nuits dans la voiture laissent place à la découverte des différentes aires d’accueil qui consisterait à elles seules un sujet d’article à part entière ! Il faut bien le dire, on a beau faire bien les choses et développer la logistique d’année en année, nos voisins étrangers nous surclassent avec une facilité déconcertante, et rivalisent de créativité pour se loger, “s’hydrater”, et à l’occasion faire rouler des créatures mécaniques des plus originales !
Progressivement, j’ai aussi développé ma connaissance pour les éditions antérieures et me suis nourri de toute la richesse de cette course sur le plan historique.
Mon amour pour le circuit a aussi grandi et nous encourage désormais à nous munir systématiquement de vélos pour profiter de la piste en long et en large !
Et bien sûr, cette passion se développe aussi grâce à vous, cher média, qui contribuez à nous apporter une connaissance toujours plus riche de l’endurance à travers le monde.
Aujourd’hui, je crois que ce qui me manque le plus au quotidien c’est probablement le bruit, la diversité des sonorités, du V8 Chevrolet, au son magnifique des Porsche 911 RSR, dont j’espère qu’ils resteront le plus longtemps possible en atmosphérique (souvenez-vous du V12 Aston-Martin…). Car oui c’est vrai que de ce côté-là j’ai un peu peur de l’avenir, de voir des turbos apparaître partout. Quelque part aussi, de voir disparaître des prototypes dont la ligne est peut-être critiquable vis-à-vis des constructeurs mais qui pour ma part m’ont toujours séduit. Je dois bien dire aussi que de voir les temps au tour repoussés à 3 minutes 30 ne m’enchante pas particulièrement non plus mais cela ne m’empêche pas d’admirer le travail de l’ACO pour attirer à nouveau les constructeurs et peut-être créer les légendes de demain et je l’espère de nouvelles batailles d’anthologie…
Reste que cette passion peut aussi avoir quelques désavantages. Et oui, lorsqu’on pense tous les jours aux 24 Heures du Mans, il y a parfois de longues périodes d’attente à traverser (actuellement j’ai l’impatience d’un gnou en rut). Et pour ma part, les 24 Heures tourmentent régulièrement le petit névrosé que je suis dans des cauchemars où les voitures sont remplacées par des mobylettes ! (J’en souffre énormément est-ce que c’est grave docteur ?).
Et puis il faut aussi que je trouve des excuses bizarres lorsque que je fais des choses pas très rationnelles comme ramener à la maison des boulettes de gomme par exemple (oh ça va, on l’a tous fait non ?