Le Mans ? Comment définir ma passion pour Le Mans ? Vague question ! Vous avez un peu de temps devant vous :) ! Je pense que comme beaucoup d’entre vous qui nous lisez tous les jours, je suis “tombé dedans quand j’étais petit” comme notre cher Obelix (la comparaison ne s’arrête pas là). Ma passion est surtout familiale et me vient de mon père. Ce dernier est allé aux 24 Heures du Mans pour la première fois, à 16 ans, en 1964 pour assister aux essais. Il remit cela en 1965 avant de franchir le pas pour assister à la première victoire Ford en 1966. Il a même dormi dans le tunnel qui part maintenant de l’entrée principale et qui mène au village !
Alors comment voulez vous que je ne sois pas contaminé par un papa qui compte désormais 52 éditions aux 24 Heures du Mans ? Nous habitions à l’époque à 70 kms du Mans et dès qu’une compétition que ce soit motos, autos, camions voire dragster avait lieu, on y allait. Enfant, j’adorais entendre les motos passer devant ma maison, je savais que la majorité allait au Mans et mon esprit me transportait alors sur le tracé. Très vite, j’ai donc mis les pieds au circuit, enfin je dirais plutôt les roues car j’y suis d’abord allé en poussette. Passionné vous avez dit ?! C’est même un peu plus que ça. Mon premier souvenir (bribe), c’est un Grand Prix de France Motos, on en manquait pas, ma mère était fan de Barry Sheene (champion du monde 500cm en 1976 et 1977, ndlr), mais aussi de François Cevert. Ce jour là, j’ai été piqué par une guêpe et j’ai passé un peu de temps au Centre de Secours du circuit. Mon premier lieu visité sur ce circuit du Mans, on est encore loin de la salle de presse…
Mon premier Le Mans, c’est 1980 avec la victoire de Jean Rondeau, mais je n’en garde que très peu de souvenirs, je n’avais alors que 6 ans. La seule chose dont je me rappelle, c’est cette pluie qu n’arrêtait jamais. L’édition suivante, mes souvenirs sont un peu plus clairs : victoire de la Porsche Jules, le parking rouge, camping avec mon père et mon grand-père. Depuis, je n’ai jamais raté une seule édition à l’exception de 1984, année de décès de mon grand-père. (Photo Automobile Jean Rondeau)
Le Mans est devenu une sorte de pèlerinage chaque année. Adolescent, je n’avais que cela en tête lorsque le mois de juin commençait. Impossible de me concentrer en classe, je regardais, relisais les articles et les photos liés à la présentation de la course. En gros, je ne tenais plus en place surtout à la fin des années 80, avec le duel Porsche / Jaguar, je suis amoureux fou de la XJR9 ! Cela devenait obsessionnel et c’était la libération lorsque je préparais les affaires de camping avec mon père. Ça commençait à sentir bon ! Nous allions donc au Mans, au Camping du Houx là démarrait un véritable rituel. Installation le lundi de la tente, si ce n’est le dimanche et même si le camping était fermé, on trouvé le moyen d’escalader les murs ! Puis le pesage, lundi et mardi, les essais, les matinées à se balader dans les stands, autour des réceptifs dans le village, les copains qui nous rejoignaient au fur et à mesure que la semaine avançait, les discussions sur les forces en présence, le barnum et les barbecues.
Lors de la course, nous avions un planning bien orchestré : d’abord le départ soit devant les stands à cramer sous le soleil (ou sur les balcons de ravitaillement dans les années 80) soit au Esses de la Forêt. Puis le Virage du Raccordement en remontant vers le Karting et les Virages Porsche. Retour au camping pour le repas su samedi soir. La nuit, c’était la fête foraine, la chicane Dunlop et surtout le Tertre Rouge, passage obligé lorsque’il fait noir ! Puis dodo, euh court le dodo, et le dimanche matin, achat du Maine Libre pour avoir le poster du départ et les dernières nouvelles, retrouvez la fameuse dernière page des engagés avec les croix rouges pour les abandons. Ensuite direction Arnage / Indianapolis puis Mulsanne. Un dernier repas avec les copains de mon père et ensuite l’arrivée au Virage Ford, le sprint pour assister aux cérémonies juste sous le podium et ensuite, j’essayais de me faufiler dans la salle de presse pour assister à la conférence de presse et “chiner” les dossiers de presse qui comportaient des photos des voitures et portraits de pilotes. Avec tous les posters, autocollants, autographes, journaux, magazines achetés dans la semaine, je repartais avec deux voire trois sacs pleins de ma semaine…
Ensuite, c’était le cafard dans la voiture pour le retour avec mon père, les larmes parfois. Oui, il faudra attendre encore un an, scruter les premiers échos du prochain plateau. Dans la voiture c’était le débriefing avec mon père, je lui demandais ce que l’année prochaine nous réservait, quel concurrent serait là, qui arrêtait. Arrivés à la maison, il fallait ensuite décharger la remorque…
Depuis, ma relation avec Le Mans a changé. Un des mes potes m’a alors proposé de passer “derrière le grillage”, de l’autre coté, dans la paddock. Quoi écrire ? Quelle folle idée ! Puis je me suis laissé convaincre et j’ai mis le doigt dans l’engrenage…Pour ceux qui l’ont connu, je suis d’abord passé par le site Pitlane-Vision qui m’a mis le pied à l’étrier. J’ai ainsi pu décrocher ma première accréditation aux 24 Heures du Mans, avec une immense fierté après 27 ans passé derrière le grillage. Les pilotes que je voyais manger dans les réceptifs avec mon père, me sont désormais familiers.
J’ai ensuite bossé directement pour des pilotes, des équipes, pour des magazines et même des organisateurs. Désormais, depuis janvier 2019, j’ai officiellement intégré l’équipe d’Endurance-Info en duo avec Laurent Mercier et j’en suis très heureux…J’ai eu la chance de vivre les 500 Miles d’Indianapolis et de faire les 12 Heures de Sebring à deux reprises !
La vie continue, la passion aussi même si celle pour Le Mans a un peu tendance à s’étioler. Avant, je trépignais d’impatience d’une année sur l’autre. Le fait de suivre l’ELMS et le WEC pour E-I fait que l’excitation à l’approche du Mans est totalement différent. Le Mans restera toujours Le Mans même si le virage prit actuellement par la réglementation m’effraie ! Je me dis que Le Mans a connu des tempêtes comme en 1992 avec 28 engagés, que la course s’en est relevée, mais le virage semble beaucoup plus important…A suivre !
Je me suis particulièrement reconnu dans “les 24 Heures du Mans vues par…Laurent Mercier”. Cela a eu un certain écho chez moi, sa relation avec son père, cette transmission de la passion du Mans. Je dois tout cela à mon père aussi, il ne peut malheureusement plus se déplacer sur ce circuit qu’il adore tellement. J’espère juste que par mon “nouveau” métier, il arrive à faire perdurer sa passion à travers moi et que cela lui apporte un peu de fierté…