Les 24 Heures du Mans vues par… Georges Tessier

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Mes souvenirs les plus lointains des 24 Heures du Mans remontent au début des années 50 quand mon père, à cette époque, allait sur le circuit des 24H voir tourner les bolides de ce temps-là et qui avaient pour noms Talbot, Connaught, Lagonda, Jaguar et autres Fraser Nash … Quand il revenait de la course, à la maison pendant 15 jours on ne parlait que de çà et je passais des heures à regarder le programme « officiel » ramené avec les photos de toutes les voitures engagées et je commençais a demander à mon papa : «  dis, quand est-ce que tu m’emmènes avec toi ? « Cela aurait dû arriver en….1955 mais pour une raison dont je ne me rappelle plus, je n’y suis pas allé  – la première fois pour moi – On sait ce qui est arrivé, hélas, lors de cette édition tragique.

A son retour, mon père resta muet quand je lui demandais de raconter ce qui c’était passé… Mais il n’y retourna qu’en….1967 ce qui fut pour moi la première. Ce n’est que quelques temps après ce drame que mon père se décida à parler de ce qui c’était passé : Quelques minutes seulement avant l’accident, il se trouvait pratiquement à l’endroit de la tragédie et c’est parce qu’un de ces amis avait beaucoup insisté qu’il était parti avec eux en direction du tertre rouge …Il en avait été tellement traumatisé qu’il avait dit que jamais plus il y retournerait et par corollaire qu’il ne m’y amènerait pas… Il aura fallu attendre donc 1967 pour que mes deux frères et moi parvenions à le décider à y retourner… Mais la condition était d’être dans une place de tribune (la tribune Citroën actuelle). Pas question du bord de piste ! Et c’est là qu’il nous a raconté en détails cette fois ce qu’il avait vu … a partir de 1967, nous y sommes retournés tous les ans, qu’il pleuve, qu’il vente ou pourquoi pas qu’il neige !! Il arrêta d’y aller au milieu des années 90 car, souffrant de rhumatisme, la station debout et même assise lui était devenue pénible sans compter que le fait de dormir  à la dure n’arrangeait rien !

Pour ma part j’y suis allé jusqu’en 1999, date à laquelle je suis parti a Tahiti en Polynésie Française où je vis maintenant. Je suis retourné an Mans en 2016 et pense y retourner quand les plateaux genre LMP1 seront plus étoffés et que les voitures fasse un vrai bruit de voitures de course !! J’ai entre temps passé le virus à mon neveu qui lui, a commencé à y aller dès ses 6 ans avec moi. Plus tard, on faisait la semaine du Mans avec une arrivée le mardi pour les essais et ce jusqu’au dimanche soir… Il a maintenant la cinquantaine passée et ne manquerait une édition pour rien au monde ! Mon attachement aux 24H était tel que la course à peine finie, je comptais les jours jusqu’à l’édition suivante ! J’ai pu au cours de ces années-là aller pratiquement partout sur le circuit ayant eu des accréditations presse car travaillant pour une radio locale. J’ai côtoyé les pilotes et les teams et toujours apprécié leur simplicité. Mais le Mans c’est aussi l’ambiance inégalable et que l’on ne retrouve pas ailleurs, surtout pas sur les grands prix de F1 que j’ai aussi fréquenté mais moins longtemps.

Le Mans, c’est la convivialité avec des gens de différents milieux et de toutes conditions allant de l’anglais avec madame, la Rolls et le chauffeur, pique-niquant sur le parking blanc de l’époque avec table, nappe, parasol et le chauffeur presque en smoking faisant le service avec couverts en porcelaine et argenterie ! Et des gens comme nous dormant dans la voiture ; Ou ces Danois qui en 3 jours avaient érigé un mur de 20 m de long avec des bouteilles de bière autour de leur campement et de 0,50 m de haut sur deux rangées pour que ça tienne mieux comme ils disaient. Et ces allemands avec qui on avait fait des parties de foot et dont un qui n’a rien vu de la course car il a cuvé sa bière pendant toute l’épreuve ! Et que dire des nuits à guetter dans un demi sommeil le passage des voitures au son ( ha ces diaboliques Mazda 787B ou chantantes Matra, les seules qu’on entendait la nuit sur un tour complet du circuit), rester l’oreille collée à la radio pour ne rien rater et ces matins ou on se levait à la hâte pour se précipiter au circuit pour savoir ce qui c’était passé pendant notre – court – sommeil. Je pourrais a l’envie continuer comme cela pendant encore plusieurs pages tellement les souvenirs reviennent au fil de l’écriture …