Pour moi, cette passion pour les sports mécaniques, qui va bien au-delà des 24 Heures, a commencé très tôt. Dans mon cas, j’entends souvent qu’on me dit que mes parents sont un peu « fous » : qui emmène son enfant tout juste né sur le circuit pour les 24 Heures Camions ? LOL. Et oui, à peine une semaine et mes parents me faisaient vacciner aux sports mécaniques, et les rappels (annuels) pour celui-là sont bien moins douloureux que les autres.
J’assistais à mes premières 24 Heures du Mans en 1994, sans en avoir manqué une seule édition depuis, et je souhaite poursuivre dans cette voie. Si je ne garde pas réellement de souvenirs de 1994, c’est plutôt l’année suivante, en 1995, que les premières sonorités mécaniques me reviennent, et notamment le bruit rauque des Porsche 911 face au V12 BMW dans les McLaren F1 GTR (ou plutôt « macranelle » comme je les avais baptisées). Suivant mon père dans les épreuves parce qu’il était commissaire de piste, il était en place au virage du karting, le poste n°123, juste derrière la piste Alain Prost. Je me souviens de l’ambiance conviviale dans le poste, la tambouille qui se prépare et tout le monde autour de la table en fonction des équipes et des temps de repos de chacun et toutes les familles de commissaires réunies pour ce moment que tout le monde attendait. De mon côté, je surveillais surtout le passage des voitures, et haut comme trois pommes, je n’apercevais que le toit des voitures, et cette aération qui la surplombait, mais suffisant pour toutes les reconnaître avec leur mélodie mécanique. C’est cette fin des années 1990 qui m’a le plus marqué, de nombreuses marques, et surtout les Porsche 911 GT1 de 1998 et les sublimes Mercedes CLR de 1999 et ce bruit magique. Je récupère quelques souvenirs grâce à mon père de certaines mésaventures de pilotes ; le plus beau, c’est un véritable logo de Ferrari 550 Maranello, alors pilotée par Alain Menu aux essais en 2002 mais qui a terminé dans le mur du « 123 ».
Le temps passe et les éditions se ressemblent en suivant mon père dans les traditionnelles semaines mancelles avec l’immense avantage d’habiter à deux pas du circuit, ou presque. Je découvre des éléments inédits pour moi, mais inaccessibles pour d’autres spectateurs, mais j’avais la chance d’y accéder. En 2003, voir le départ au plus près dans la ligne droite des stands, un ravitaillement chez Pescarolo Sport et un petit mot de Monsieur Henri, j’étais un gamin comblé ! Je finis ma jeunesse spectatrice sur la ligne droite des Hunaudières, entre les deux chicanes, où les voitures atteignent entre 280 et 320 km/h selon les catégories. À leur passage, le sol vibre littéralement et pour savoir si l’on est prêt pour ce poste, un jeu consistait à essayer de lire le numéro des voitures. C’est alors que je prends la succession familiale, de devenir moi aussi commissaire de piste pour les 24 Heures 2012, ma combinaison orange et les drapeaux à la main, c’est clairement autre chose que ce que j’ai vécu jusqu’à cette année-là. Malgré tout, et parce qu’il fallait bien penser aux études, je raccrochais les gants et les drapeaux pour revenir du côté des spectateurs, mais entre-temps, j’avais fait la connaissance d’un étrange personnage.
Grâce à cet ami, je m’investis maintenant d’une manière différente et même plus intense les 24 Heures du Mans. Je vois l’événement d’une autre manière, mon activité est maintenant bien différente avec toujours autant de plaisir. Il ne faut pas me demander ce que je fais début juin, en général, mes deux semaines sont blindées. Tout le monde est courant à la maison que je ne passerais qu’en coup de vent et qu’on se verra après le drapeau à damier. Il m’arrivait de passer certaines éditions « comme un grand » tout seul à déambuler le long de la piste, mais cela n’allait pas durer longtemps. S’il y a une chose dont je suis un peu fier quand même, c’est d’avoir entraîné quelques amis dans ce train d’enfer tous les ans au mois de juin. C’est un rendez-vous traditionnel entre copains, mais qui s’est aussi ouvert à ces dames également. Certainement intriguées de ce qu’on pouvait faire ensemble, elles se sont dit « pourquoi pas », et les voilà embarquées. Pour la première fois, ma copine est venue aux 24 Heures du Mans l’année dernière (2018), et mon seul regret est qu’elle porte Ford dans son cœur quand je reste un Porschiste convaincu… et l’on recommencera en 2019 ! Les 24 Heures et moi, c’est une passion, qui rythme l’année, parfois un peu trop souvent revenu dans le fil de l’année, mais je m’efforce de m’intéresser à autre chose avant que les voitures ne reviennent sur le devant de la scène, pour mon plus grand plaisir.
Les orientations futures, que ce soit pour le règlement technique ou toute autre considérations ne semblent pas toujours faire l’unanimité. Chacun aura son point de vue sur la question, et j’ai également la mienne. Mais quand on est piqué à ce virus comme je le suis, je ne risque pas de m’éloigner des circuits et encore moins de ce circuit, celui des 24 Heures.