Tout comme Obélix et la potion magique, je suis tombé dedans, tout petit déjà, même pas 3 ans, en 1988… Au pesage, mon papa veut m’immortaliser au plus près des bolides et me place devant. Comme beaucoup à cet âge-là, les souvenirs sont trop flous pour garder quelques bribes de la course mais les photos parlent encore ; bien que certaines images des roulades le long de la butte qui longe la piste au virage d’Arnage me reviennent…
La mémoire s’éclaircit pour me rappeler de 1990 où, assis sur le muret au-dessus des anciens stands, ma passion s’anime. Mon rêve : « Faire les 24 heures du Mans ! ».
Le soir dans mon lit, transformé en prototype, équipé d’un casque, plus proche d’un Playmobil que d’un « Jet Omp Star » et d’une cagoule ignifugée, une vraie celle-là, je m’inventais une nouvelle aventure à la Michel Vaillant ou dans la peau d’un Yannick Dalmas et bien d’autres encore…
Et puis, 1992, Peugeot…. Une ambiance indescriptible, campé sur les épaules de mon Papa, une vue imprenable sur la piste et ses acteurs proche des tribunes ACO. Pendant toute la semaine qui précédait l’événement, j’apprenais le nom des équipes et des pilotes pour finir par ne retenir que mes favoris. Petit rituel courant sur le circuit le dimanche matin, rayer les cases au dos du Maine libre en descendant la ligne droite des stands. Un cérémonial annuel jusqu’à ce que je ne puisse plus escalader les épaules de mon père, grand bien lui fasse.
Traditionnellement, nous assistons chaque année et de façon immuable aux essais à Arnage puis à la course non loin des enceintes Bugatti. Des heures à arpenter le circuit. J’ai grandi et je progresse dans la vie en même temps que les 24 Heures du Mans.
Parmi mes déceptions, celle de n’avoir pas pu assister à la victoire de mon idole ; ce Grand Monsieur qu’est Henri Pescarolo que se soit en que pilote ou concurrent.
Aujourd’hui, chaque information, aussi infime soit-elle, est pour moi de la plus haute importance quand ça concerne le double tour d’horloge. Cela prend tellement de place que je le vis en m’impliquant au quotidien sur les réseaux sociaux en animant un groupe de passionnés (bientôt 5000 membres) où je partage ma passion, mes connaissances, mes clichés et ceux de mon père; la photographie étant mon autre passion et quoi de mieux que de concilier les deux …. 30 ans que je vis cette passion « intenséMans »
La course contre le temps, celle de la vie réelle, m’a ramenée à la réalité : Je ne serai jamais pilote. Ainsi va la vie et elle se conjugue aujourd’hui à trois puisque je suis, à mon tour, devenu papa et que je transmets à mon petit les valeurs que mon père m’a transmises…
Photos : Nicolas Trefou