Communiqué de Presse : En 2018, les Total 24 Hours of Spa fêtent leur 70ème édition. Au fil des ans, cette classique de l’endurance a été la pierre angulaire de quelques étapes importantes des courses longue distance internationales. Cette rétrospective, en trois parties, revient en détails sur l’histoire de l’épreuve. (la première partie est à relire ici)
2ème Période : 1964 – 2000
Après l’édition de 1953, date à laquelle les 24 Heures de Spa perdent leur statut de Championnat du Monde, il faudra attendre onze années pour que la course soit à nouveau organisée. Pour faire suite au projet d’Hubert de Harlez, du Royal Automobile Club de Belgique, et du journaliste-pilote Paul Frère, les 24 Heures du Spa sont relancées en 1964. Leur idée est aussi simple que géniale : marquer clairement sa différence avec les 24 Heures du Mans, Spa sera désormais réservée aux voitures de tourisme.
Les équipes d’usine Alfa Romeo, BMC, BMW, Citroën, Glas, Ford, Lancia et Mercedes sont sur la liste des engagés et la course de 1964 répond à leurs attentes. Bien que la boîte de vitesses de leur Mercedes 300 SE soit presque complètement détruite (à peine deux rapports sur cinq fonctionnent à l’arrivée), Robert Crevits et Gustave Gosselin décrochent la première victoire de cette nouvelle ère, avec un tour d’avance sur la BMW 1800Ti de Aaltone-Hahne.
Le constructeur bavarois prend sa revanche lors des deux éditions suivantes, avec les victoires des frères Pascal (associés à Gérard Langlois) et de Jacky Ickx (associé à Hubert Hahne). La 1800 TISA (pour « Touring Internationale Sonderausführung ») et la 2000 TI sont des évolutions de la BMW 1500, la voiture qui a sauvé BMW en 1961 après que ses Bubble cars et ses grosses berlines V8 se soient montrées incapables d’assurer l’avenir de la marque.
Curieusement, la Porsche 911, considérée par beaucoup comme un pur-sang GT, est autorisée à se mesurer aux voitures de tourisme lors des trois éditions suivantes. Gaban-« Pedro », Kremer-Kelleners-Kauhsen et Chasseuil-Ballot-Léna saisissent pleinement cette opportunité.
A la fin des années soixante, des machines assez « exotiques » débarquent dans les Ardennes belges, à l’image de la Mazda R100. L’entreprise tente de s’implanter en Europe et considère la Belgique, avec son marché libre et ouvert, comme un pays très favorable aux affaires. Le moteur Wankel twin-rotor 1.0l est un révélateur, mais avec un niveau sonore de 150 décibels, il est aussi très bruyant !
Les années 70 et leur âge d’or sont marquées par un long duel entre la Ford Capri RS et la BMW 3.0 CSL. Le point d’orgue de ce face-à-face est l’édition de 1973. Plus de 100.000 spectateurs assistent à une bagarre serrée entre les deux constructeurs, mais pendant la nuit, la course se transforme en drame lorsque deux accidents coûtent la vie à trois pilotes.
Avec des vitesses en constante augmentation (en 1973, la vitesse moyenne de Hans Stuck est de 221,5 km/h, et les vitesses de pointe près de 260 km/h), le Royal Automobile Club de Belgique réalise que quelque chose doit être fait. Le « Groupe Francorchamps » nouvellement créé (une nouvelle réglementation permettant de modifier les voitures du Groupe 1, mais excluant les voitures rapides du Groupe 2) se révèle être un précurseur des futurs règlements internationaux. Malgré tout, cela n’interrompt pas la série de victoires de BMW, et le constructeur allemand s’impose sur les trois éditions suivantes.
En 1977, la réglementation est à nouveau modifiée, les organisateurs réservent la course aux voitures du Groupe 1, voitures de série légèrement modifiées. BMW et Ford remportent les deux dernières éditions sur le « vieux » circuit de 14 km. En 1979, la nouvelle piste de presque 7 km est utilisée pour la première fois. Les frères belges Jean-Michel et Philippe Martin remportent la victoire inaugurale au volant de leur Ford Capri, un exploit qu’ils répétent l’année suivante. À l’exception de 1981 (Mazda RX-7 de Tom Walkinshaw et Pierre Dieudonné) et 1984 (Jaguar XJS de Walkinshaw-Heyer-Percy), la guerre entre Ford et BMW fait rage, se terminant la plupart du temps en faveur de cette dernière. L’édition de 1985 est marquée par une série de pannes de courant totales, nécessitant la neutralisation de la course à plusieurs reprises. Mais cela (et de fortes pluies en fin de course) n’empêche pas la BMW 635 CSi victorieuse de Ravaglia, Berger et Surer de franchir pour la première fois la barre des 500 tours.
Mais à la fin des années 80, la catégorie Voitures de Tourisme décline. Le Championnat du Monde de 1987 s’avére être un échec, et en 1989, le Championnat d’Europe des Voitures de Tourisme est annulé par la FIA. Cette décision laisse les 24 Heures de Spa sans règlement international et les organisateurs doivent ouvrir la course aux voitures du Groupe N et aux GT, en particulier aux voitures conformes à la lecture du règlement belge du Groupe N. Cela conduit, non seulement à des grilles de départ complètes, mais aussi à l’apparition de bolides atypiques comme la Ferrari Mondial de l’ancien champion du monde de F1 Keke Rosberg.
À partir de 1991, édition gagnée par la puissante et technologiquement avancée Nissan Skyline, les engagements des GT sont de plus en plus nombreux. En 1992, les Voitures de Tourisme gardent l’avantage. Steve Soper passe devant le pilote BMW Eric van de Poele dans les derniers tours et le bat de seulement 0,48 seconde, permettant à l’équipier de Soper, Jean-Michel Martin, de devenir le premier pilote à remporter à quatre reprises les 24 Heures de Spa. Mais en 1993, la Porsche GT se révèle d’une classe à part. La course est arrêtée dimanche matin après le décès du roi Baudouin 1er de Belgique.
Cette édition de 1993 décide les organisateurs à de nouveau changer la catégorie reine des 24 Heures de Spa. Les voitures de la Classe 2 FIA, plus connue sous le nom de «Super Touring», deviennent l’arme absolue. Ces voitures de 2.0l sont conçues à l’origine pour des courses sprint, courtes, mais se révèlent à la hauteur des courses longue distance. Bien que les équipes officielles Audi, Honda, Opel, Peugeot et Toyota fassent tout ce qu’elles peuvent pour trouver une faille dans l’armure, BMW poursuit sa domination et gagne toutes les éditions entre 1994 et 1997. Cela permet à Thierry Tassin de rejoindre Jean-Michel Martin en qualité de quadruple vainqueur des 24 Heures du Spa.
Alors que les coûts augmentent de manière significative, la réglementation Super Touring est remplacée en 1998 par la règlementation Super Production, moins onéreuse. Bien que de nombreux constructeurs engagent des équipes semi-officielles, les voitures sont de moins en moins impressionnantes et l’attrait pour les Spa 24 heures diminue fortement.